Un gouvernement pour deux ans? « On a déjà perdu plus d’un an, et on pense à amputer un an de plus »
Différents journaux flamands affirment que les « préformateurs » Bart De Wever (N-VA) et Paul Magnette (PS) ont pour objectif de former un gouvernement au programme limité, qui ne gouvernerait pas une législature complète mais mènerait à des élections anticipées, au plus tard en 2023 (plutôt que 2024).
Cette hypothèse d’un gouvernement de « courte » durée, centré sur l’après-corona et sans doute plus facile à faire accepter aux adhérents des deux partis, est une mauvaise idée, réagit le jour-même le politologue Carl Devos. « Beaucoup de dossiers importants sont en attente, qui ne sont pas tous liés au coronavirus, comme la mobilité, le climat et la justice », explique-t-il. « Je comprends que l’on fasse ça pour faire passer la pilule auprès des membres. Mais que va-t-il se passer avec tous les autres dossiers importants? « , s’interroge Carl Devos, professeur à l’université de Gand. « Vont-ils trainer jusqu’en 2023? «
Selon le politologue, il est d’ailleurs plus facile de dégager des compromis pour un accord de quatre ans, que pour deux ans. « Les mesures peuvent alors être implémentées graduellement. En introduisant une limitation thématique et temporelle, on se complique les choses ».
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« On fuirait les responsabilités »
Dave Sinardet (VUB, Saint-Louis) est tout aussi réservé au sujet d’un gouvernement au mandat écourté. « On fuirait les responsabilités. Quelle serait la valeur ajoutée? Est-ce que c’est ça, le grand pas en avant, des partenaires qui ne s’engagent pas complètement et la perspective d’une nouvelle réforme de l’Etat, alors que l’électeur n’en est pas demandeur? Une politique qui dure deviendrait difficile. On a déjà perdu plus d’un an, et on pense à amputer un an de plus », souligne-t-il.
Selon le quotidien De Standaard, l’idée du duo De Wever – Magnette permettrait de préparer une réforme de l’Etat pour 2023, en ouvrant à révision des articles de la Constitution, mais aussi de séparer les scrutins régionaux et fédéral, pour éviter de compliquer les formations de gouvernements. Ce dernier argument ne tient pas forcément la route, estime Carl Devos. « Dans les faits, cela ne se vérifie pas. Je n’entends pas dire aujourd’hui, par exemple, que le sp.a aurait dû être dans le gouvernement régional pour participer au fédéral ».
En revanche, il est vrai que la simultanéité des scrutins régionaux, fédéral et européen a tendance à noyer le niveau régional dans l’esprit du citoyen, pense-t-il.