Suite à l’affaire Mawda, le manuel de la police sera adapté
La police encadre désormais plus strictement les coups de feu visant un véhicule en marche, ressort-il d’une révision du manuel ad hoc dans la foulée de l’affaire Mawda. En parallèle, l’affaire Chovanec a elle aussi poussé la police à adapter une autre formation, écrit De Morgen.
Suite de l’affaire Mawda, cette petite fille kurde abattue par la police lors d’une course poursuite sur l’autoroute en mai 2018, le manuel ad hoc a été adapté et une nouvelle formation nouveau cours de formation sur les « poursuites et interceptions » est aussi prévu précise le quotidien flamand.
Vendredi dernier l’officier de police qui a abattu la petite Mawda a été condamné vendredi pour homicide involontaire. Son tir, qu’il a utilisé pour dégonfler les pneus, était « non proportionnel » et « très imprudent », selon le tribunal de Mons. Or pour son avocat il s’agissait d’une technique apprise à l’école de police, bien que les policiers ne soient autorisés à l’utiliser que dans des circonstances exceptionnelles.
Un manuel datant de 2015
Le manuel datant d’août 2015 décrivait effectivement en détail les risques d’un tir sur les pneus, mais indiquait aussi qu’essayer de viser un ou plusieurs pneus est la seule possibilité pour freiner un véhicule en route et le forcer à l’arrêt. Le manuel comprenait en outre une illustration montrant comment un officier peut tirer correctement sur un pneu. Plus surprenant, ce manuel ne tient pas compte d’une note publiée un peu plus tôt et indiquant que tirer sur un pneu ne peut que « très rarement conduire à l’interception immédiate du véhicule en fuite ».
Ce manuel est aujourd’hui modifié. Depuis le rapport du comité P, la police a adapté le manuel en fonction de cette même note, confirment la police et le ministère de l’Intérieur. « Nous avons retiré l’illustration et renforcé le message relatif au risque d’un tir sur un véhicule en route », affirme un porte-parole de la police. Les adaptations au manuel ont été opérées le 1er octobre 2020. Le principe est désormais de ne pas tirer sur un véhicule en marche, sauf en cas de circonstances exceptionnelles.
Aujourd’hui la police ne plus tirer sur les pneus d’une voiture en mouvement qu’en cas « de légitime défense de soi-même ou d’autres personnes », déclare la ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden (CD&V) et que s’il n’y a pas d’autres moyens d’arrêter le véhicule.
Au-delà du seul manuel, un nouveau module de formation est prévu. « Il s’agit de quatre heures de théorie et quatre heures de pratique pour tous les agents de la police locale et fédérale. Les membres de la police de la route recevront également une formation de huit heures sur la poursuite sur les autoroutes à grande vitesse », précise encore le quotidien.
Une autre formation sur le syndrome du délire agité
Enfin des autres affaires de violence policières qui ont défrayé la chronique, celle de Jonathan Jacob en 2010 et celle du slovaque Jozef Chovanec (tous deux morts dans un état d’excitation extrême en garde à vue), a poussé la police à développer des formations supplémentaires sur le syndrome du délire agité (EDS).
L' »Excited delirium syndrome » en anglais, est un syndrome peut être provoqué par la consommation de moyens stupéfiants ou découlerait de troubles psychiques. « Il s’agit d’un état de conscience altérée allant de pair avec une connaissance et une perception diminuées et une forte agitation psycho-motrice. Les personnes atteintes de syndrome de délire agité se montrent souvent agressives et violentes, elles sont aussi insensibles à la douleur, on une respiration accélérée. Mais aussi « une forte transpiration, agitation intense, nudité ou très peu de vêtements, vigueur exceptionnelle, …, sans que ces symptômes ne soient toujours concomitants », peut-on lire dans un rapport du comité P.
« Un premier module de formation est actuellement en cours : quatre heures de théorie autour des EDS, comment les reconnaître et comment y répondre », explique le porte-parole de la police. « Un deuxième module, plus orienté vers la pratique, qui suivra ce dernier est en cours d’élaboration. Il sera suivi d’un troisième module sur un plus large spectre d’interventions psycho-médicales » peut-on encore lire dans De Morgen.
Mawda, pas le seul décès suite à ce genre d’intervention
Rien qu’en 2018, on relève quinze incidents, dont trois mortels.