Anne-Sophie Bailly
Subir un nouveau lockdown, faute de testing massif n’est pas acceptable (édito)
De chaque crise, si dure soit-elle à vivre, on peut tirer des leçons et apprendre. Celle du coronavirus ne fait pas exception. Et ces leçons sont comprises, parfois rapidement, parfois moins. Même si elles sont souvent impérieuses.
On a ainsi eu la leçon n°1, celle de la survie européenne. Absente des radars au début de la crise, l’Union européenne a compris qu’il était minuit moins une. Qu’il n’y aura pas de possibilité de repêchage. Elle a donc mobilisé ses forces vives pour agir rapidement, d’abord en prenant des mesures d’urgence, ensuite en lançant un plan de relance ambitieux et richement doté. Ce plan a bien entendu fait l’objet de discussions, concessions et compromis mais a finalement été adopté quatre jours et quatre nuits plus tard par tous, y compris ceux qui y étaient le moins favorables. La leçon de survie s’est doublée d’un apprentissage de la solidarité.
Il aura fallu par contre passer par la case « révision » pour que le gouvernement de Sophie Wilmès comprenne bien la leçon n°2 : écouter et/ou jusqu’où suivre les experts. La première version des mesures rendue à l’issue d’un Conseil national de sécurité a été recalée par ces derniers, tellement les moyens déployés semblaient loin de l’objectif à atteindre. La deuxième version a en revanche obtenu un satisfecit général. Par les experts – normal, on était proche du copier-coller attendu. Par la population aussi, qui accorde un capital confiance nettement plus important aux spécialistes qu’aux politiques depuis le début de la crise.
La leçon n°2 est devenue : parler d’une seule voix est plus efficace.
Quant à nous, tout heureux de nos libertés retrouvées, nous venons d’apprendre brutalement la leçon n°3. Sans respect strict des consignes sanitaires et des gestes barrières, l’épidémie reflambe illico. A retenir : la responsabilité est collective, la solution le sera tout autant.
La prochaine leçon répétée depuis longtemps déjà mais qui semble difficile à faire passer, c’est la n°4: le testing, arme de déconfinement.
Subir un nouveau lockdown, faute de testing massif et suffisant n’est pas une ru0026#xE9;ponse acceptable.
On vous la soumet.
L’hypothèse de départ. En l’absence de vaccins et de remèdes, le déconfinement ne pourra qu’être accompagné d’un testing massif pour casser les chaînes de transmission. La communauté scientifique recommande unanimement des tests plus nombreux – notamment dans les clusters -, plus accessibles et plus rapides.
Les données. Selon Philippe De Backer, en charge de la gestion du matériel médical, la Belgique a la capacité de réaliser 30 000 tests par jour et pourrait rapidement monter à 45 000. Pour le moment, 15 000 tests maximum sont réalisés chaque jour.
L’inconnue. Pourquoi le testing massif n’est-il pas organisé ?
Eléments de réponse. Par manque de ressources, des critères stricts pour accéder aux tests ont été définis au début de l’épidémie. Est-ce toujours le cas ? La lasagne institutionnelle joue-t-elle un rôle quand on sait que prévention et prise en charge des collectivités sont du ressort des Régions et que la capacité matérielle de déployer des campagnes de tests est du ressort du fédéral ?
Réponse non acceptable à la leçon n°4 : subir un nouveau lockdown faute de testing massif et suffisant. A vos copies, vous avez deux heures. Le temps presse.
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