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Strip-tease et alcool à l’armée: après Jürgen Conings, la Défense face à un nouveau scandale

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

Le ministère de la Défense a ouvert une enquête pour faire la lumière sur une covid-party à laquelle une stripteaseuse était présente. Après Jürgen Conings, l’affaire -d’une autre nature, certes- relance tout de même la question de la sécurité à la Défense. Des mesures de sécurité très strictes entourent normalement les entrées dans les casernes.

L’ambiance est… exubérante. Des vidéos d’une fête « spéciale » montrent une vingtaine de membres du 3e Bataillon Parachutiste, une unité d’élite de la Défense, ne respectant manifestement pas les mesures sanitaires d’application à l’époque.

D’après VTM Nieuws, les images datent du mois de mai et montrent un soldat attaché à une chaise et fouetté avec un martinet par une stripteaseuse, qui aurait été introduite clandestinement dans la caserne sécurisée.

Les images montrent également un autre militaire posant nu pour une photo de groupe avec des collègues. Beaucoup dansent et boivent de l’alcool alors qu’à l’époque les rassemblements de ce genre étaient encore strictement interdits à cause du coronavirus. Aucune distanciation sociale n’est respectée, et l’absence de masques buccaux est notable.

Sont donc présents à ce moment de débauche, des parachutistes du Special Operations Regiment, une unité d’élite et d’intervention rapide de la Défense. Il s’agirait d’une fête d’adieu pour un collègue qui quittait le ministère de la Défense et allait commencer à travailler pour… la police, écrit De Morgen. Le strip-tease s’est déroulé en plein jour, pendant les heures de travail, et la fête a duré jusque tard dans la nuit.

Une enquête ouverte, la question de la sécurité de retour

Le ministère de la Défense prend les faits très au sérieux et a décidé d’ouvrir une enquête, notamment sur le fait qu’une stripteaseuse a pu entrer de la sorte dans le bâtiment. La caserne de Tielen est normalement soumise à des mesures de sécurité très strictes et l’accès est strictement interdit au personnel non militaire. On ne sait donc pas comment la strip-teaseuse est entrée à l’intérieur. Elle n’était pas sur la liste des visiteurs. Selon des sources citées par De Morgen, des soldats l’ont fait entrer en contrebande.

VTM Nieuws a décidé de présenter les vidéos à la direction de l’armée. « C’est un comportement inacceptable dont nous n’étions pas au courant », a déclaré avec colère le vice-chef d’état-major de l’armée, le général Marc Thys. « Il s’agit d’une violation flagrante de la sécurité et cela ne représente pas les normes et les valeurs au sein de notre organisation. » Personne n’était au courant de l’existence de ces vidéos, pas même le commandant.

Un écho inévitable à l’affaire Conings

Le ministère de la Défense attache une importance particulière au problème de la sécurité. Qu’une strip-teaseuse puisse simplement être introduite clandestinement dans une caserne de haute sécurité sans que personne ne s’en aperçoive est un risque majeur pour la sécurité. Selon Thys, le ministère de la Défense a immédiatement ouvert un certain nombre d’enquêtes.

Le service de renseignement militaire a d’ailleurs rapidement procédé à des perquisitions domiciliaires et plusieurs militaires ont été interrogés. Dans le même temps, une enquête interne sur les soldats est en cours. Ils ont tous été identifiés, écrit De Morgen. Le fait qu’il s’agisse d’une unité d’élite rend l’affaire d’autant plus sensible. « Ces personnes sont formées pour opérer en toute discrétion », soupire Thys. « On attendait plus d’eux. Monde d’hommes ou pas, ce genre de pratiques n’appartient pas à la Défense. »

Les vidéos gênantes résonnent mal, après toute l’affaire Jürgen Conings. Là aussi, il s’était avéré que la sécurité de la caserne laissait à désirer et que la direction de l’armée était à peine consciente des agissements de ses soldats. « On ne sait pas toujours ce qui se passe dans la caserne », avoue le général Thys. « Notre premier défi est de remettre de l’ordre dans notre personnel, ce qui est un travail de longue haleine.

Ludivine Dendonder : « La Défense prendra les sanctions disciplinaires et/ou juridiques appropriées »

« Cela n’a aucunement sa place au sein de la Défense et nuit à l’image de tous les militaires qui font un travail exemplaire à l’étranger et en Belgique, notamment pour soutenir la nation pendant la pandémie ou après les inondations », a déploré la ministre de la Défense Ludivine Dedonder (PS).

« Des enquêtes sont en cours au sein de la Défense pour trois violations possibles : la sécurité des quartiers militaires, les règles de distanciation sociale dans le cadre de la pandémie de coronavirus et la consommation d’alcool sur le lieu de travail. Si les enquêtes confirment ces violations, la Défense prendra les sanctions disciplinaires et/ou juridiques appropriées. »

Avec Belga, VTM Nieuws et De Morgen

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