Strépy-Bracquegnies: le conducteur reste en état d’arrestation, il roulait à « une vitesse extrême »
La personne qui était au volant de la voiture qui a percuté un groupe de carnavaliers à Strépy-Bracquegnies dimanche matin, roulait à « une vitesse extrêmement élevée ». C’est ce que rapporte le procureur général de Mons. Le conducteur (34 ans) reste en prison pour l’instant et a reconnu la matérialité des faits.
Deux jours après le drame ayant fait six morts et une dizaine de blessés à Strépy-Bracquegnies (Hainaut), les deux occupants de la voiture ayant foncé dans la foule ont été inculpés, non pas de meurtre, comme les faits avaient été qualifiés dans un premier temps, mais pour homicide involontaire et coups et blessures involontaires ayant entrainé la mort dans le cadre d’un accident de la route. La juge d’instruction a donc retenu la thèse de l’accident et non celle de l’acte délibéré.
Les premiers éléments de l’enquête ont permis de constater que le véhicule roulait à une vitesse excessive, soit 90 km/h dans une zone limitée à 50 km/h. Le véhicule a freiné avant le choc, les enquêteurs ont pu observer l’allumage des feux de freinage arrière. « Paolo F. reconnaît avoir roulé à une vitesse supérieure à la vitesse autorisée dans la rue des Canadiens, où s’est produit le drame », a indiqué le substitut Damien Verheyen. « Il reconnaît avoir été surpris par le groupe de gilles. Il explique avoir poursuivi sa route sur plusieurs centaines de mètres par l’état de choc dans lequel il se trouvait ». Au moins un corps d’une victime se trouvait à l’intérieur du véhicule après la collision, ont précisé les instances judiciaires.
Le conducteur et son passager étaient en état de choc après les faits. L’un d’eux a affirmé avoir appelé sa mère. « Les analyses du relevé des appels doivent encore être analysés », ont ajouté les instances judiciaires montoises.
« La qualification retenue dans le cadre de l’inculpation est provisoire et fondée sur les premiers éléments de l’enquête qui sont encore extrêmement parcellaires. Elle peut évoluer à tous les stades de la procédure y compris pendant l’enquête dans l’hypothèse de nouveaux éléments relatifs à une éventuelle intention d’homicide », ont indiqué les instances judiciaires montoises lors d’une conférence de presse. Les instances judiciaires montoises ont ainsi précisé que de très nombreux devoirs, tant à charge qu’à décharge, doivent encore être effectués, notamment, l’extraction et l’analyse des données du véhicule, l’expertise en roulage, la vérification des conditions de visibilité ou encore l’analyse du dispositif de l’encadrement du carnaval dont les organisateurs avaient sollicité et obtenu une autorisation communale.
Le chauffeur, Paolo F., a été inculpé d’homicide involontaire et de coups et blessures involontaires résultant d’un accident de la route. Il a été placé sous mandat d’arrêt et écroué à la prison de Tournai. La Chambre du conseil doit se prononcer dans les cinq jours sur son éventuel maintien en détention pour un mois.
Les infractions d’homicide involontaire et de coups et blessures involontaires dans le cadre d’un accident de la route sont respectivement punies par le code pénal de peines de 3 mois à 5 ans d’emprisonnement et de 8 jours à 1 an d’emprisonnement.
Le passager, Antonino F., a quant à lui été inculpé de non-assistance à personne en danger. Il a été libéré sous conditions.
« Nous ne sommes pas dans des faits de meurtre ou coups et blessures volontaires tels que cela avait été requis par le ministère public », a réagi Me Discepoli à Bel-RTL, parlant de « faits absolument accidentels ».
Les instances judiciaires montoises, le procureur du Roi Christian Henry, le procureur général Ignacio de la Serna et le substitut Damien Verheyen, ont précisé mardi à Mons, que « le conducteur a reconnu la matérialité des faits qui lui sont reprochés, dont la vitesse excessive ».
Un retrait de permis il y a 5 ans
Le véhicule, une puissante BMW, a foncé dans un groupe de ramassage de personnes qui étaient costumées pour le carnaval. Le conducteur, Paolo F. a expliqué au juge n’avoir absolument pas réalisé qu’il fonçait dans une foule, a rapporté son avocat Frank Discepoli à la radio RTBF. Lui et son passager rentraient d’une boîte de nuit. « En quelques secondes, il est face à un drame (…) le pare-brise a explosé, lui-même était rempli de sang car sa tête était venue heurter le pare-brise, il ne voyait rien, il entendait des hurlements, il entendait des coups sur son véhicule, il n’imaginait même pas à ce moment-là qu’il se retrouvait dans un carnaval », a déclaré l’avocat à la radio La Première (RTBF).
L’homme, qui se présente comme un adepte de la vitesse sur les réseaux sociaux, avait déjà écopé d’un retrait de permis il y a 5 ans. Il avait repassé les 4 examens, théorique, pratique, médical et psychologique, ce qui lui avait permis de récupérer le droit de conduire.
« Il n’est pas légalement récidiviste », a indiqué le parquet de Mons mardi .« La loi établit une récidive spécifique si, dans les trois ans d’une condamnation, on commet des infractions de même nature », a précisé Christian Henry, procureur du Roi de Mons. « En l’espèce, il y a cinq ans qu’il a été condamné et donc, légalement, il n’y a pas de récidive. Tout ce que l’on peut dire c’est que, ce qui sera pris en compte par le juge est que l’intéressé a des antécédents spécifiques ».
Paolo F. et son passager au moment de la collision ont été testés positifs à l’alcool. Cependant, le procureur a par ailleurs souligné que le test d’alcoolémie du chauffeur n’avait révélé qu’une légère infraction. « L’éthylomètre effectué dimanche a révélé dans le chef du conducteur un taux d’alcool de 0,29 mg/l, ce qui constitue un faible dépassement de la limite autorisée », a encore précisé le substitut Verheyen. « Le test salivaire destiné à donner une indication sur une éventuelle consommation de stupéfiants s’est révélé négatif. Il faudra toutefois attendre plusieurs jours avant de recevoir les résultats des analyses sanguines complètes pour établir définitivement si le conducteur avait consommé, ou non, des stupéfiants« .
Les deux hommes ont été présentés lundi soir à la juge d’instruction à Tournai. Celle-ci avait jusqu’à 05h00 ce matin, délai de fin de la détention préventive de 48 heures, pour délivrer ou non un mandat d’arrêt pour l’un, pour l’autre ou pour les deux occupants de la voiture.
Le procureur général de Mons, Ignacio de la Serna, s’était déjà exprimé sur le délai nécessaire pour identifier le chauffeur de la voiture. « Quand la police est arrivée, les deux personnes étaient sorties et il a fallu attendre les images des caméras de surveillance pour savoir qui était le chauffeur. Il n’est pas récidiviste. Il a repassé les examens après sa déchéance de permis de conduire. Il a donc récupéré le droit de conduire. Mais c’est un élément que le juge appréciera ».
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