« Sophie Wilmès était la pire »
Depuis ce dimanche, la Belgique a une nouvelle Première ministre. Charles Michel (MR), qui se prépare à sa fonction de président du Conseil européen, a laissé les clés du seize à Sophie Wilmès, ministre du Budget dans son gouvernement, et également membre du MR.
Sophie Wilmès, la première femme Première ministre en Belgique, se retrouve à la tête d’un gouvernement en affaires courantes et sans majorité. Rappelons que depuis le 8 décembre 2018, date de départ de la N-VA de la majorité suédoise, la Belgique n’a plus eu de gouvernement fédéral de plein exercice. Et les négociations en vue de former un gouvernement suite aux élections du 26 mai dernier, n’ont pas encore abouti.
Âgée de 44 ans, Wilmès n’a que quelques années d’expérience en politique nationale. En septembre 2015, elle a été nommée ministre du Budget en remplacement d’Hervé Jamar (MR), nommé gouverneur de la province de Liège. À en croire De Morgen, le gouvernement actuel fait confiance à Wilmès, car « elle ne fera pas de folies », écrit le quotidien.
« Brave comptable »
« Elle a rempli son rôle de ministre du Budget. Celui-ci n’était pas très grand. Elle a surtout dû fournir une assistance technique à Michel lors de difficiles négociations budgétaires. Développer sa propre politique n’était pas à l’ordre du jour », confie une source du gouvernement au Morgen. Cette dernière estime qu’on ne peut lui reprocher le trou de onze milliards euros dans le budget, son rôle de « brave comptable » étant trop limité.
Avant d’entrer au gouvernement fédéral, de 2007 à 2015, Wilmès était Première échevine à Rhode-Saint-Genèse, où elle était notamment chargée des finances et du budget. Cependant, à en croire Geertrui Van Rompuy-Windels, épouse de Herman Van Rompuy et seule échevine néerlandophone, tout n’était pas rose dans la commune à facilités.
Début 2017, Van Rompuy a d’ailleurs donné sa démission. Dans une interview accordée au Morgen, en février 2017, elle dénonce les vexations de ses collègues, et en particulier Wilmès qui était « la pire », selon elle. « Ça a commencé dès le premier jour. Dans la répartition des pouvoirs, j’avais indiqué lesquels je souhaitais. Le bourgmestre Pierre Rolin allait en discuter, mais on m’a dit qu’on m’avait donné les compétences néerlandophones – j’étais la seule Flamande – et que je pouvais m’occuper de l’environnement. Après, comme je suis biologiste, j’étais contente. Mais ils ont immédiatement érodé ce pouvoir : je n’avais le droit de m’occuper que de la politique des déchets, dont personne ne voulait. La politique verte, la politique de l’eau : on me l’a enlevée. Quand j’ai protesté, on m’a dit : ‘Qui décide ici ? Nous' ».
« Au début, c’était surtout une échevine qui me mettait des bâtons dans les roues. Il suffisait que j’aborde une question pour qu’elle me dise ‘Avec quoi tu viens, encore ?’. J’en ai parlé au bourgmestre, mais il n’est jamais intervenu. » « Début octobre, j’ai offert un verre aux collègues après le Collège du bourgmestre et des échevins, pour mon anniversaire. Quelques semaines plus tard, j’ai remarqué qu’elle avait posté une photo sur Facebook : elle avait fêté son anniversaire avec ses collègues. Je n’ai pas été invitée. Quand elle est devenue ministre au gouvernement fédéral, les choses se sont améliorées pour moi », confirme au Morgen Geertrui Van Rompuy-Windels en précisant qu’il s’agit bien de Sophie Wilmès.
Au MR, on parle de déception, et Van Rompuy-Windels ne veut plus revenir sur la question. En revanche, la N-VA a réagi. Sur VTM, Theo Francken, bien qu’il admette que la collaboration avec Sophie Wilmès au gouvernement se soit bien passée, se dit « inquiet », par les propos de Geertrui Van Rompuy-Windels. Il rappelle également l’engagement de Sophie Wilmès pour l’Union des francophones dans le Brabant-flamand, ces « fous de francophones ».
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