Sophie Wilmès quitte le gouvernement: portrait d’une « première de classe »
Sa carrière politique n’est peut-être pas terminée, mais en démissionnant pour raisons personnelles, Sophie Wilmès vient d’y mettre un sérieux frein. Sept ans au sommet: cette carrière aura finalement été éclair. Première femme Première ministre, première ministre féminine des Affaires étrangères, gestionnaire d’une crise sanitaire sans précédent… Retour sur son parcours atypique.
Le contexte
Sophie Wilmès a annoncé, jeudi, qu’elle démissionnait de son poste de ministre des Affaires étrangères, pour épauler pleinement sa famille, alors que son mari est gravement malade. Inconnue en politique en 2015, Première ministre en 2019, adulée durant la crise du Covid, désormais ministre regrettée: sa carrière politique aura été aussi intense que fulgurante.
En avril 2020, Le Vif lui consacrait un long portrait, publié sous le titre « Sophie Wilmès ou le syndrome de la première de classe ». Le (re)voici dans son intégralité.
En politique, on appelle ça » une place de merde « . Ou » une miette, que Didier Reynders avait consenti à lui donner « . Cinquième sur la liste fédérale à Bruxelles, en 2014. Sophie Wilmès sonde quelques proches amis, fait ses comptes. Il lui faudrait dans les 7 000 voix de préférence pour devenir députée. Alors merci, mais non merci. Personne ne la connaît, dans la capitale. A peine davantage dans la périphérie, au-delà de son fief de Rhode-Saint-Genèse. Se faire élire dans ces conditions, en politique, on appelle ça un miracle.
Pourtant, elle le sera. Pas grâce à son score personnel (4 314 voix), mais bien à sa place. La première suppléance, finalement. Valentine Delwart, secrétaire générale du MR et échevine à Uccle, devait initialement l’occuper, mais elle n’avait pas envie de devoir renoncer à l’un ou l’autre de ces deux postes pour siéger au Parlement. Alors elle suggère à Charles Michel, président du parti, un échange. Elle à la cinquième position, Sophie Wilmès à la première suppléance. » Un choix qui correspondait aux aspirations de chacune. »
Deal. Charles Michel ne connaît pas plus que ça la Rhodienne. Mais elle s’active pas mal en périphérie et elle l’a soutenu dans son accession à la présidence du parti. Elle peut être récompensée. Car c’est quasi une certitude : Didier Reynders deviendra ministre, le premier suppléant devra » monter » pour le remplacer. Ainsi débuta la réelle carrière politique de Sophie Wilmès, une méconnue propulsée six ans plus tard Première ministre d’un pays sanitairement ravagé. Par volonté autant que par hasard.
Episode 1 : les racines uccloises
Boris Dilliès a 16 ans et, durant son temps libre, colle des affiches pour les élections communales. S’il se rase déjà, il pense chaque matin à devenir bourgmestre d’Uccle. Sophie Wilmès a deux ans de moins et ne le connaît pas encore. » D’ailleurs, si on s’était croisé à l’époque, on ne serait certainement pas devenu amis ! » sourit l’intéressé. On discute pourtant de la chose publique, chez les Wilmès. Philippe, le père, économiste, professeur, administrateur de multiples sociétés publiques, régent à la Banque nationale, fut chef de cabinet de Jean Gol, entre autres incursions dans la politique d’arrière-plan. Bernadette, sa mère, officia aussi comme cabinettarde, entre autres chez la sociale-chrétienne flamande Mieke Offeciers.
Longtemps, au nord du pays, ça a été « Sophie qui ? »
Mais leur fille cadette s’en fout. Trouve ça » embêtant comme la pluie « . » Ils étaient passionnés par leur métier. Ils adoraient ça, racontait-elle en 2019 dans La Libre. Moi, j’étais bien déterminée à ne jamais faire pareil. » En fait, l’adolescente est punk. Comme on peut l’être à Grez-Doiceau puis à Uccle. Dans son style vestimentaire, dans son rejet de l’autorité de ses professeurs. Pas une turbulente ; elle n’écopera que d’une seule retenue durant toutes ses études. » Mais se soumettre, obéir aveuglément, ce n’était pas mon truc. »
Elle ne veut pas spécialement de bons points, en revanche elle veut la paix. Alors elle fait » ce qu’il faut » pour réussir. Elle s’applique davantage à faire la fête. A 18 ans, elle part pour deux mois et demi en Amérique du Sud. Seule. Dans son sac à dos, Le Choix de Sophie de William Styron. Le livre qui l’a le plus marquée – pas par homonymie -, qui raconte comment une mère dut décider lequel de ses deux enfants elle allait devoir sauver, durant la Seconde Guerre mondiale. Sophie Wilmès confiera à L’Echo, en 2017, avoir beaucoup lu sur cette période de l’histoire. Résonances personnelles. Sa mère, d’origine juive, a perdu des proches durant la Shoah. Les parents de son père furent tués lors d’un bombardement allié à Limal, en 1944. Philippe Wilmès sera élevé par ses grands-parents, à Virton. La Bruxelloise garde des attaches luxembourgeoises. » Quand nous siégions au Parlement comme députés, je lui avais rapporté un pâté gaumais, se souvient Benoît Piedboeuf, bourgmestre (MR) de Tintigny. Elle l’avait reconnu rien qu’à l’odeur. » Et lorsqu’elle fut intronisée ministre du Budget, en 2015, elle demanda à son collègue luxembourgeois d’inverser leurs places, pour ne pas avoir à s’asseoir à côté d’un élu Vlaams Belang.
L’appétence politique ne lui viendra pas davantage durant ses études supérieures. Une licence en communication appliquée, à l’Ihecs. Par » urgence d’indépendance « , elle accepte un premier boulot dans une agence de pub. Et s’ennuie assez rapidement ; alors elle répond à une offre de stage à la Commission européenne. Elle a 23 ans et devient » assistante d’administration dans une unité de gestion financière « , s’occupant notamment de programmes de coopération pour certains pays asiatiques. Pour mettre son diplôme à jour, elle suit une licence en gestion financière en cours du soir, à Saint-Louis.
Sophie Wilmès vit désormais à Uccle, dans un quartier confronté à un problème de permis de bâtir. Un comité citoyen se constitue, elle l’intègre. La voilà, la case départ. Le député bruxellois libéral et échevin Eric André la repère, lui propose de s’occuper de sa campagne communale et lui offre une 29e place sur 41 ( » place de merde « , lire plus haut). Elle est tout de même élue conseillère communale.
C’est durant cette campagne de 2000, à 25 ans, qu’elle rencontre Boris Dilliès. Un ami comme la politique en permet rarement. Parrain de sa troisième fille. C’est ensuite sur les bancs du conseil communal d’Uccle et dans » plusieurs asbl locales » qu’elle apprend à connaître Valentine Delwart. Deux amitiés qui survivront à son déménagement à Rhode-Saint-Genèse, pour suivre son futur mari. Et qui restent, encore aujourd’hui, ses principaux liens au sein du parti. » Renoncer à cette première suppléance, en 2014, reste l’une des meilleures décisions que j’ai prises dans ma vie « , glisse la secrétaire générale du MR.
Episode 2 : l’éclosion fédérale
Sophie Wilmès adore faire campagne. Elle l’avait découvert presque malgré elle, en 2000, à Uccle. Elle l’avait confirmé en 2006, à Rhode-Saint-Genèse, peu de temps après son déménagement. » Elle avait recommencé à zéro, là-bas, elle n’avait pas d’historique, se remémore Boris Dilliès. En un temps record, elle avait réussi à renforcer le parti et à devenir première échevine, d’un coup. » En charge des finances et du budget. Elle siégera aussi au conseil provincial, et deviendra présidente des libéraux en périphérie. » Elle a vraiment beaucoup construit, poursuit son bourgmestre d’ami. Un travail de l’ombre, pendant des années. Une tâche ingrate. » D’autant que le » système MR ne donnait pas beaucoup de visibilité aux élus locaux « , complète Valentine Delwart.
Avec elle, il y a des moments où on rigole… et d’autres où on pleure presque.
La première suppléance de 2014 sonne donc comme une récompense, une » reconnaissance de ses capacités managériales, de ses compétences, de sa gestion d’équipe, de son bilinguisme « . Les journées de campagne, les tournées de marchés, se terminent régulièrement dans un bar ou au resto, avec d’autres candidats. » En fait, c’est une superfêtarde « , signale la secrétaire générale du MR. » L’humour est très important pour elle, elle adore rire « , enchaîne Nicolas Kuczynski, échevin à Rhode-Saint-Genèse. Même lorsqu’elle deviendra députée fédérale, après ces élections de 2014, Sophie Wilmès continuera à être de toutes les manifestations locales. Les Apérhode, qu’elle a créés. Les matchs des Diables Rouges sur grand écran. N’en déplaise à ceux qui raillent son peu d’appétit » pour les soupers boudins « .
» Elle est chaleureuse, drôle, boute-en-train, atteste Benoît Piedboeuf. En privé. » En public, c’est autre chose. Sérieuse. Rigoureuse. Précise. Dans l’austère commission des finances, qu’elle intègre une fois devenue députée fédérale avec Vincent Scourneau et Benoît Piedboeuf, elle décortique la moindre virgule, analyse chaque décimale, vérifie dix fois chaque donnée. » Si Vincent travaillait quatre heures, moi j’en bossais huit et elle seize « , dépeint le Luxembourgeois.
Récemment, les deux hommes discutaient de leur ancienne comparse de Parlement. » T’as vu la belle percée de Sophie ? » » C’est normal, on l’a formée « . Rires masculins. En réalité, Wilmès s’est fait remarquer toute seule. En à peine un an.
Episode 3 : la ministre surprise
Ce jour de septembre 2015-là, Boris Dilliès et son futur chef de cabinet à Uccle, Arnaud Carlot, dînent ensemble. Hervé Jamar vient d’annoncer sa démission du gouvernement fédéral. L’éphémère et contesté ministre fédéral du Budget devient gouverneur de la province de Liège. Il faut lui trouver un successeur. » Tu te rends compte, si c’est Sophie ? » lance Arnaud Carlot. » Mais jamais ! lui répond Boris Dilliès. Elle vient à peine d’être députée ! »
Charles Michel et Olivier Chastel, alors président du MR, l’ont pourtant déjà choisie. » C’était un week-end proche des fêtes de Wallonie, se rappelle le second. Charles et moi avions convenu de nous voir pour trouver un remplaçant à Hervé Jamar. Chacun de notre côté, nous avions établi une short-list. » Le nom de Wilmès revient au sommet de chacune. » Il ne nous a pas fallu cinq minutes pour nous mettre d’accord. »
Si ça avait été à la Justice, ils ne l’auraient peut-être pas sélectionnée. Mais au Budget… » On avait repéré son travail en commission « . Compétences : check. Bilinguisme : check. Femme : check. Ça fait toujours bien. Les deux hommes butent juste sur son absence de notoriété. Qui étonnera d’autant plus côté flamand. » Longtemps, au nord du pays, ça a été « Sophie qui ? » », rapporte l’un.
Charles Michel l’appelle, lui propose le poste. Elle demande un temps de réflexion. » C’était une décision que je devais prendre en famille, parce que je me doutais que cela aurait de fortes implications sur notre vie « , expliqua-t-elle à La Libre. » Je crois que cette nomination comme ministre avait été une réelle surprise, pour elle « , observe son ami Arnaud Carlot. Le 22 septembre 2015, Sophie Wilmès prête serment devant le roi. Au Parlement, les députés fédéraux constatent le changement de style. Après les hésitations de Hervé Jamar, ses » épaules voûtées et son air malheureux « , voilà la précision de la Rhodienne, son mètre 83 droit comme un » i « , sa voix forte et nette. » Il ne faut pas oublier qu’en plus, à l’époque, Jacqueline Galant n’arrêtait pas de faire des boulettes à la Mobilité, resitue cet observateur. Le parti devait donner des gages de sérieux. »
Episode 4 : control freak
Dans son cabinet, la nouvelle ministre reprend les équipes de son prédécesseur. Qui apprécient plus diversement ce changement de ton dans le management. » Elle devait tous nous prendre pour des branquignols, comme on avait travaillé pour quelqu’un qui n’avait pas rempli ce qu’on attendait de lui « , soupire l’un. Certains retiennent son » grand éclat de rire, qui pouvait surgir de temps en temps « . » Avec elle, il y a des moments où on rigole… et d’autres où on pleure presque « , relate un autre.
Exigeante ( » très, très « ). Control freak ( » pas un cheveu qui dépasse « ). Stressée ( » et stressante « ). Durant ses premières semaines de fonction, Sophie Wilmès veut s’informer sur tout, absolument sur tout. Préparer un tweet l’angoisse, » car elle sait qu’à la moindre chose, elle risque de se prendre des réactions. Si elle sait se défendre, elle n’aime pas aller au clash « , cadre son ancienne porte-parole Martine Maelschalck. Encore aujourd’hui, elle retravaille chacun de ses discours » au moins cinq ou six fois avec moi « , confie son porte-parole actuel, Steve Detry. Une seule ligne problématique peut passablement l’énerver. » C’est vrai qu’elle demande énormément à ses collaborateurs, mais comme elle se demande énormément à elle-même, c’est bien accepté. »
Elle préfère qu’on lui dise « je ne sais pas » plutôt que l’on tente de l’embobiner. Ça, ça l’énerve.
Sophie Wilmès accorde difficilement sa confiance. Ceux qui l’observent, de près ou de loin, ne lui connaissent d’ailleurs pas de garde rapprochée, ni d’éminence grise qui dirigerait dans son ombre. » Elle est convaincue par l’intelligence collective « . Alors elle écoute, beaucoup. Pose des questions, énormément. Puis tranche, seule. Mais pas avant d’avoir contrôlé chaque détail. » Lorsqu’un conseiller lui présentait un dossier, elle tentait ensuite de faire vérifier les infos en envoyant son porte-parole. C’était assez inhabituel « , s’étonne encore ce cabinettard. La ministre peut prendre l’initiative de relire un mail duquel elle n’est pas destinataire, pour s’assurer de la manière dont ses équipes respectent ses consignes. » La confiance règne… »
Lui présenter un dossier prend des allures » d’examen oral, un peu intimidant « . Tenter de la rouler, mieux vaut éviter. » Si un seul point dans un seul paragraphe est un peu flou, elle tique immédiatement. Un dossier de trente pages, elle le lit intégralement. Certains collaborateurs étaient abasourdis qu’elle ait pris connaissance des notes en bas de page. Et qu’elle les interroge sur le sujet. Elle préfère qu’on lui dise « je ne sais pas » plutôt qu’on tente de l’embobiner. Ça, ça l’énerve. » » Si elle pose trois fois de suite une même question et qu’elle n’obtient toujours pas de réponse satisfaisante, elle fait comprendre qu’il n’y aura pas que quatrième fois « , évoque David Clarinval, actuel ministre du Budget.
Si elle sait se défendre, elle n’aime pas aller au clash.
Cette » décortication très intense des dossiers n’était pas toujours au service du timing, note Marie-Christine Marghem, ministre de l’Energie. Alors, parfois, quand c’était vraiment indispensable, je l’appelais en direct. » Tous les projets du gouvernement doivent forcément passer par la case budget. Sophie Wilmès déçoit ceux qui l’espéraient simple presse-bouton. Elle dit souvent non ; les finances de l’Etat lui donnent de toute façon peu l’occasion d’un oui. » Elle était d’une rigueur absolue, témoigne Denis Ducarme, ministre des Classes moyennes. Négocier avec elle pouvait être très dur. » Cela ne se perçoit pas en conseil des ministres, mais ce n’est » pas toujours le nirvana » avec Maggie De Block (Santé) ou Koen Geens (Justice).
Avec Charles Michel, l’entente est par contre parfaite. Le Premier ministre s’appuie de plus en plus sur elle. Certains soupçonnent même un jeu, entre eux : elle, la méchante madame » non « , qui recale des dossiers dont en fait il ne voulait pas, lui. Mais Wilmès n’est pas une machiavélique. » Elle comprend directement les petits jeux politiques, mais elle ne s’y adonne pas. » Une mauvaise cliente pour les journalistes, d’ailleurs : jamais de off dégueulasse sur d’autres. Ni d’élan de spontanéité. Tout au plus revient-elle parfois du Parlement en lançant à ses équipes un » celui-là, franchement ! » Les » ça me casse les couilles « , » rien à foutre » et » ça m’emmerde « , elle n’en est coutumière qu’avec ses très proches. Irréprochable dans son job. » Syndrome de la bonne élève. C’est une constante, dans son parcours : elle montre tellement qu’elle travaille qu’elle finit par se faire remarquer « . Et récompenser.
Episode 5 : Madame la Première
Septembre 2015. Sophie Wilmès donne sa première interview en tant que ministre. Le journaliste semble étonné : » Alors, une femme, au Budget ? « , entame-t-il. » Ben oui, et alors ? » Elle qui n’avait jamais eu le sentiment que le monde politique était macho… Discriminée ? Nullement, affirme-t-elle en substance à la DH, en novembre 2018. » Je n’ai eu à aucun moment le sentiment que ma voix ne comptait pas, parce que j’étais une femme. »
Un proche nuance : » dans son parcours – même si je n’y croyais pas moi-même – il faut bien constater qu’elle fut souvent mise plus bas dans une liste, dépassée par un homme… Il y a l’effet plafond de verre, même si elle les a tous brisés « . Mais le féminisme n’est pas son étendard. Beaucoup disent d’ailleurs d’elle qu’elle s’en fout. » Elle défend cette thématique, tempère Steve Detry. Mais elle ne veut pas commettre l’erreur de ne parler que de ça. » Son engagement se constate à des détails, comme la composition de la task-force » déconfinement « , présidée par une femme, Erika Vlieghe. » Ce n’est pas un hasard. Elle ne va pas se priver d’un talent pour une question de parité, mais si la compétence est là, elle sait qu’il est parfois nécessaire de donner une chance. »
Le féminisme ? « Elle ne veut pas commettre l’erreur de ne parler que de ça. »
Lors d’un souper en cercle restreint avec des amis, elle expliqua être outrée à l’idée que ses trois filles pourraient, un jour, être empêchées d’accomplir quelque chose en raison de leur genre. » Pourquoi tu ne parles pas comme ça en public ? « , s’enquiert alors Arnaud Carlot. » Pourquoi aurais-je plus de légitimité que d’autres à le faire ? »
Parce qu’elle est devenue, le 27 octobre 2019, la première Première ministre de Belgique ? Tous les articles de presse relatant sa succession à Charles Michel mentionnent alors son » mari australien » et ses quatre enfants. Ceux qui la connaissent ne peuvent pas s’empêcher de la décrire comme » une vraie maman « , qui » ne fera jamais passer la politique avant sa famille « . » Si on l’appelle un soir, elle est du genre à répondre « c’est le seul moment de la semaine que j’ai avec mes filles. Si ce n’est pas urgent, on peut voir ça demain ? » « , cite ce libéral.
» Elle ne réalisait pas l’ampleur du symbole de sa nomination « , assure son porte-parole. Même plus le bémol des affaires courantes, qui pondérèrent les enthousiasmes initiaux. Depuis le 17 mars 2020, Sophie Wilmès est à la tête d’un gouvernement de plein exercice. Certes minoritaire, certes béquillé par des pouvoirs spéciaux, certes limité à six mois maximum. Mais la Première ministre, la méconnue, la discrète, l’anti- médiatique, est devenue un personnage historique.
Episode 6 : coronastar
» Hier, tout le monde voulait occuper sa place. Plus aujourd’hui ! « , lance Denis Ducarme. Personne ne moufte, autour d’elle, d’ailleurs, lors de ses conférences de presse télévisées. Ni Jambon, à sa droite, ni Di Rupo, à sa gauche. » Ils auraient tout à fait le droit de prendre la parole « , garantit cet observateur. » Comme s’ils lui laissaient le premier plan, pour qu’elle soit la seule à éventuellement se casser la gueule « , ajoute cet autre.
» Si le coronavirus était un match de foot, je dirais qu’on n’est qu’à la 10e minute, compare Georges-Louis Bouchez, président du MR. On le sait, que tout peut rapidement basculer. « Pour l’instant, toutefois, ses opposants politiques la saluent. » Elle s’est révélée dans ses fonctions « , complimente l’un. » Elle fait du bon boulot « , renchérit l’autre. » Au sein du parti, constate Marie-Christine Marghem, c’est devenu une figure essentielle. Il s’est produit une adhésion à sa personne, spontanée, affective. C’est le moment qui veut ça. Mais je crois que ça va rester. »
En temps de crise, Sophie Wilmès travaille comme à son habitude. Rigoureusement. Analytiquement. Prudemment. » Peut-être trop. » Son plan de déconfinement sera forcément pesé à la virgule près. » Je l’imagine très bien poser des tas de questions aux experts, s’amuse Boris Dilliès. Elle a toujours fait ça. Même quand je lui racontais une rupture amoureuse, elle n’arrêtait pas de m’interroger avant d’avoir eu le dernier détail. » Récemment, au téléphone avec Arnaud Carlot, elle lui confiait combien la situation était difficile pour elle, si tactile, de ne plus pouvoir être en contact physique avec ses proches. » Ton amitié me manque. » Comme, sans doute, les bouteilles de blanc dégustées entre potes sur la plage ( » du Zoute, forcément, en bon Ucclois « ). Si lointaine vie d’avant. Même pour elle.
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