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Soins intensifs: « Les chiffres ne sont pas rassurants. La situation est difficile »

Caroline Lallemand Journaliste

La situation est tendue dans la plupart des unités de soins intensifs des hôpitaux du pays. Le point sur la situation dans le Hainaut, à Bruxelles et à Liège.

La situation dans les unités de soins intensifs du pays est tendue. À ce jour, 938 patients sont traités en soins intensifs, soit un niveau « très proche » du pic de 947 lits atteint mardi dernier. Un coup de sonde dans différents établissements hospitaliers du pays confirme cette situation peu rassurante.

À Bruxelles, à la clinique universitaire St Luc, 20 lits sont réservés aux patients Covid en unités de soins intensifs. 17 sont actuellement occupés. « C’est très serré« , nous explique Sylvain Bayet, porte-parole. « En phase 2A, on a atteint la capacité maximale (NLDR: la phase 2A signifie que 60% des lits de soins intensifs sont désormais réservés pour les patients Covid contre 50% en phase 1B). La situation reste stable depuis une dizaine de jours mais il est délicat de prédire l’avenir. » Le porte-parole alerte sur la problématique de la situation. « Si les soins intensifs doivent être amputés, cela devient très compliqué. »

Cette situation tendue cause en effet des dommages collatéraux pour les autres patients. L’orsqu’un grave incendie s’est déclaré lundi matin à Anderlecht, un seul lit en soins intensifs était disponible en Région de Bruxelles-Capitale. C’est le résultat de la crise sanitaire, selon la Ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden (CD&V). Il n’a pas non plus été facile de trouver une place dans un hôpital pour la trentaine des autres blessés de cet incendie.

Au total, 3.114 personnes sont encore hospitalisées en raison du Covid-19, soit une baisse « très modeste » de 3% en une semaine. »Cela laisse très peu de place pour des urgences« , a alerté de son côté le porte-parole de Sciensano Yves Van Laethem lors de la conférence de presse de ce mardi, faisant référence à cet important incendie. « Un autre événement exceptionnel pourrait poser problème. »

Dans les hôpitaux du Hainaut, la situation est aussi critique. Le Hainaut est l’une des provinces où les hospitalisations sont les plus élevées pour le moment. Le taux de positivité de la province approche les 15%, a alerté le gouverneur Tommy Leclercq lors d’une réunion, en visio-conférence, avec les bourgmestres, les chefs de zone et des représentants du parquet. « Alors que le testing est trop peu sollicité. Ceci signifie que de nombreux cas Covid circulent sans même le savoir« , a déploré le gouverneur. Lors de cette réunion, les autorités ont fait le point sur les chiffres du moment. Les services de soins intensifs sont au bord de la saturation. « En termes COVID, il reste 15 places sur l’ensemble de la province. En soins intensifs non Covid, moins de 10 places ».

Sophie De Norre, Responsable de la Communication du groupe Jolimont avec 6 sites hospitaliers (Jolimont, Lobbes, Nivelles, Tubize, Mons, Warquignies), nous confirme la quasi saturation au niveau des soins intensifs pour les patients Covid. « Les chiffres ne sont pas rassurants. La situation est difficile. À l’hopital de Jolimont, la limite a été atteinte, les 22 lits Covid sont occupés en soins intensifs « . La porte-parole n’ose plus s’avancer sur un pic qui serait dépassé ou à venir. « On ne sait pas ce qui peut se passer dans les 15 jours« . A Nivelles, dans le Brabant wallon, la situation est plus favorable, nous informe-t-elle.

Au CHU Tivoli, la situation n’est pas plus favorable, l’hôpital se retrouve aussi en saturation, avec 12 patients Covid en soins intensifs et deux à quatre lits tampons en dehors des lits Covid pour des patients qui doivent subir des opérations chirurgicales urgentes. Cynthia Colson, porte-parole : « Les chiffres sont stables mais ce n’est pas nécessairement positif car on observe une stagnation depuis 3 semaines. C’est dû à la chronicité des patients Covid, ils restent longtemps en soins intensifs et libèrent lentement les lits. » Elle ajoute : « C’est de plus en plus difficile pour le personnel, cela devient long. Ils ont aussi ce stress de se dire qu’on a plus de places disponibles s’il arrive un accident. »

Plus de transferts de patients possibles

A Liège, la province qui au début de la troisième vague était la moins touchée en termes d’hospitalisations, la situation s’est fortement dégradée en quelques semaines. « On est aussi saturés« , alerte Eddy Lambert, porte-parole du Groupe CHC. Dans les différents hôpitaux du groupe, sur 67 patients Covid, 21 sont en soins intensifs. « Au Mont Légia, 47 lits sont occupés sur les 48 de disponibles en soins intensifs, dont 19 patients Covid.  »

Le groupe accueillait des transferts de patients des autres régions il y a quelques semaines mais n’est plus en mesure de le faire à l’heure actuelle. « C’est une vraie gymnastique quotidienne pour organiser les entrées et les sorties des patients. La phase suivante, si la situation se détériore, sera de transformer la salle de réveil post-opératoire en salle de soins intensifs », explique le porte-parole du groupe hospitalier liégeois. « Les autorités diffusent un message positif mais nous attendons de voir comment la situation va évoluer« , conclut Eddy Lambert.

Soins intensifs:
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