Saint-Valentin: ma soirée speed dating
L’idée ? Sept minutes en face-à-face avant que le gong sonne et que les hommes changent de place. Chacun des participants rencontrera ainsi dix candidats et si, parmi ceux-ci, certains se plaisent, c’est une plateforme qui les mettra en contact le lendemain. Nous avons testé.
Le speed dating ? C’est un rabbin qui a lancé le concept aux Etats-Unis, à la fin des années 1990, dans l’espoir de favoriser les rencontres amoureuses au sein de la communauté juive. Sa méthode a rencontré un tel succès qu’elle a fini par se répandre dans le monde entier. Mais après avoir vécu son âge d’or au début des années 2000, on n’en a plus beaucoup entendu parler. En Belgique, Jacky (Date-Love) est aujourd’hui pratiquement le seul à proposer des séances de « rencontres rapides », à Bruxelles et en Wallonie. L’idée ? Sept minutes en face-à-face avant que le gong sonne et que les hommes changent de place. Chacun des participants rencontrera ainsi dix candidats et si, parmi ceux-ci, certains se plaisent, c’est une plateforme qui les mettra en contact le lendemain. Nous avons testé.
19 heures. La soirée est organisée dans un bar près de la Grand-Place de Bruxelles. « 30 euros pour les hommes, 15 euros pour les femmes, un verre offert et la certitude pour chacun d’échanger avec dix personnes ou plus, ce qui n’est pas le cas dans une soirée ou en boîte de nuit où, en plus, cela coûte beaucoup plus cher », détaille Jacky, le gentil organisateur. Faisant valoir son expérience, il affirme que les hommes sont nettement moins difficiles que les femmes. Mais tout se complique avec l’âge : « Surtout après 40 ans et passé 50 ans, c’est pire : les hommes veulent des femmes plus jeunes qu’eux et les femmes ne veulent pas d’hommes plus vieux qu’elles. »
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Ce soir, pourtant, il semble que tous les âges soient représentés et pendant que les hommes patientent au bar avant de rejoindre les femmes au premier étage, deux participantes de 39 ans – célibataires depuis six mois et un an – nous confient venir pour la première fois à une soirée speed dating. Parce qu’avec les applis Tinder et Badoo, « c’est juste pour nous sauter ou alors ce sont des mecs qui cherchent des papiers ». Parce que sur les sites comme Meetic, « c’est toujours les mêmes qui reviennent ». Parce qu’en général : « Même si on a un bon feeling en discutant sur le Net, quand on les rencontre en vrai, tout s’effondre. » Elles ont franchi le pas et c’est à deux qu’elles concluent : « Rencontrer quelqu’un c’est vraiment compliqué, c’est même devenu un vrai problème de société ! »
Les âges sont variés, donc, et les profils aussi. La différence ? Les femmes prennent l’exercice beaucoup plus au sérieux. Vêtements, brushing et maquillage, rien n’est laissé au hasard tandis que les hommes se présentent « comme ils sont », « mains dans les poches », même si on devine toutefois la timidité qui percole. De manière générale, que ce soit leur « première fois » ou non, tous insistent sur le « courage » qu’il faut pour participer à ce genre de soirée mais aussi sur le fait que devoir se déplacer et payer pour y participer leur paraît « un filtre rassurant » quant à la qualité des rencontres qu’ils y feront.
20 heures. C’est parti pour un tour d’horizon. Olivier, 45 ans, bien mis de sa personne, explique avoir arrêté les sites Internet parce que « les rencontres c’est mieux en vrai ». Il n’a pas beaucoup d’attente quant à cette soirée, comme Mario, le second candidat du même âge, un expat’ qui travaille à la Commission européenne et qui s’est séparé de sa copine il y a quatre mois. Tous deux ne cherchent « pas vraiment » : « Quand on cherche, souvent, ça ne marche pas… mais on ne sait jamais. » Notre troisième candidat est très drôle, encore plus quand, sous le sceau du secret, il dévoile être marié et père de quatre enfants. « Tout va bien dans mon couple, assure-t-il, j’avais juste envie de tenter l’expérience pour voir. » Parce que non, il le jure, « jamais » il ne trompera sa femme même s’il reconnaît que les années passant, ils s’éloignent dramatiquement. Monsieur numéro quatre est célibataire depuis trois ans et, à 38 ans, franchement, il en a marre. Alors il essaie tout ce qui existe : Internet, speed dating, les festivals mais aussi la méthode traditionnelle en draguant dans les bars. Mais s’il a « des histoires », il ne trouve pas la bonne personne. Tout comme notre cinquième candidat, papa de deux enfants et divorcé qui, après avoir été méchamment trompé, aimerait vraiment bien refaire sa vie. « Deux ans que je suis célibataire, se lamente-t-il. Avec les filles pour lesquelles je flashe sur les sites Internet, cela ne dure jamais plus de trois semaines. C’est peut-être plus facile pour se rencontrer mais pour construire c’est un combat. »
21 heures. C’est la mi-temps, le moment d’aller chercher un verre au bar et de s’échanger les premières impressions. Pas encore de coups de coeur parmi les participantes mais, franchement, « ils sont sympas ». « De toute façon, c’est toujours mieux que de passer la soirée en regardant Netflix dans son canapé. Une amie m’a dit : » l’homme de ta vie, il ne va pas sortir de ta télé ! » J’ai eu un déclic et je me suis inscrite », lance l’une des participantes quand d’autres soulignent que c’est plutôt rassurant d’entendre les histoires des hommes, l’occasion de réaliser que, finalement, « tout le monde rame pareil ». Côté hommes, on les découvre un peu perdus et surtout avides de bons conseils. Qu’ils aient 25 ou 52 ans, aucun d’eux ne semble avoir rien compris aux femmes.
21 h 30. On reprend avec un sympathique Liégeois de 33 ans qui, en résumé, aligne toutes les soirées speed dating, aujourd’hui Bruxelles, demain Liège, et Mons la semaine prochaine. « La femme de ma vie n’habite pas forcément dans ma ville », glisse-t-il en précisant que ce n’est pas facile de rencontrer des femmes quand on bosse dans la construction. Pareil pour un père de deux enfants en garde alternée et qui déteste les boîtes de nuit mais, pas de chance, jusqu’à présent, celle qu’il préfère est trop jeune : « 25 ans », ajoute-t-il, un peu triste. Arrive alors Nicolas, 30 ans qui martèle « qu’Internet, c’est le supermarché des profils où ne passe aucun feeling ».
23 heures. Le dernier gong retentit. Le speed dating est fini, mais la soirée peut continuer dans le bar adjacent où l’ambiance bat son plein. Si les hommes s’enfilent quelques bières, les filles ne semblent pas disposées à rester « pour rien », pour discuter sans enjeu ou simplement se faire de nouveaux copains. Il est vrai qu’aucun d’eux n’a même songé à leur proposer de rester ou à leur offrir un verre. Pas que les hommes ne soient pas intéressés mais bon, certains n’ont pas osé tandis que d’autres n’avaient pas envie d’investir en prenant le risque de le faire « pour rien ».
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