Rayons vides, magasins fermés: les coulisses des turbulences chez Carrefour et Lidl
Les deux chaînes de supermarché connaissent des turbulences en Belgique. Pour des raisons différentes. Que se passe-t-il chez les deux mastodontes de la grande distribution?
Vous l’aurez certainement remarqué si vous allez faire vos courses chez Carrefour : des rayons sont mal approvisionnés, voire carrément vides dans certains cas. Les produits du quotidien manquent çà et là. Pour le groupe français, cette crise qui impacte l’approvisionnement des magasins belges s’étale déjà depuis plusieurs semaines. Chez les clients, l’impatience et l’incompréhension se font ressentir, envers des employés impuissants face à la situation.
Et pour cause, le noeud du problème se trouve dans les actions de grèves qui prennent place au coeur des centres de distribution de Carrefour. Pour bien comprendre, il faut remonter un peu dans le temps, lors de l’acquisition de GB (Grand Bazar, ndlr.) par Carrefour, en 2009, qui décide alors de simplifier le réseau de distribution et de l’externaliser à quelques sous-traitants.
La bombe explose lorsque Kuehne+Nagel, l’un de ces sous-traitants, annonce fin septembre qu’il fermerait le centre de distribution de Nivelles d’ici 2022 et transférerait toutes les activités en Flandre, rappelle De Morgen dans son édition du jour. En conséquence, 549 personnes perdraient leur emploi.
C’est donc le centre de distribution de Nivelles, véritable plaque tournante dans l’approvisionnement de nombreux magasins belges, qui bloque la chaîne de distribution. Mais pas que. Car depuis quelques temps, l’activité a repris en partie à Nivelles. Sauf que le personnel de la société de transport SuperTransport, a également soutenu la grève. Le problème est donc double. « Toutes les marchandises sont prêtes à être ramassées, mais il n’y a pas de camions », constatait Wannes Gielis du syndicat ACV Puls.
Seul un plan social qui arrange toutes les parties, en particulier les 549 employés potentiellement touchés, pourrait débloquer la situation. Pour Carrefour, la situation est délicate : clients et employés se plaignent de rayons vides, mais ce sont les partenaires extérieurs qui doivent résoudre le conflit. « Nous essayons d’engager un dialogue entre les partenaires », a glissé la porte-parole de Carrefour Aurélie Gerth au Morgen. « En attendant, nous recherchons des solutions alternatives pour que l’impact sur les magasins soit minime. »
Et chez Lidl ?
La source du désaccord entre le personnel, les syndicats et la direction de Lidl remonte à 2018. Le personnel avait fait grève pendant une semaine pour faire face à la charge de travail croissante. A la fin de la semaine de grève, le conseil d’administration de Lidl a fait une concession : chaque magasin avait droit à un effectif supplémentaire de 42 heures par semaine.
Depuis lors, la charge de travail est devenue si élevée que ces 42 heures supplémentaires ne suffisent plus, se plaignent les syndicats. Le manque de personnel est criant, si bien que les employés doivent souvent empiler différentes fonctions. Une charge de travail accrue qui a également donné lieu à de nombreux départs en maladie, non remplacés, qui ont à leur tour provoqué un alourdissement des tâches pour les employés restants. Le cercle est vicieux.
Ce vendredi, un tiers des magasins Lidl étaient à nouveau fermés, selon la direction, alors qu’un conflit social secoue la chaîne de magasins. Du côté syndical, on évoque des actions qui sont d’une ampleur « en ligne avec les jours précédents ».
Lidl compte environ 300 points de vente en Belgique, ce qui signifie qu’une centaine de magasins sont restés portes closes ce vendredi matin.
Alors que les actions étaient surtout concentrées sur la Flandre mercredi, elles ont plutôt concerné la Wallonie jeudi et ce vendredi.
Un conflit social lié à la charge de travail couve depuis plusieurs mois au sein de l’entreprise. Une nouvelle réunion n’est prévue que lundi entre la direction et les syndicats. Ceux-ci ont annoncé qu’ils poursuivraient leurs actions d’ici là.
Les syndicats regrettent toutefois que cette réunion ne soit prévue que lundi prochain. « Nous ne refusons pas le dialogue. Nous irons à cette réunion lundi, mais tant qu’une solution n’est pas trouvée, les magasins resteront fermés. »
Le front commun syndical appelle également à une grève générale samedi. « Toutes les portes doivent rester fermées le 16 octobre. La direction doit comprendre que notre exigence de respect et de personnel n’est pas qu’un slogan. »
(Avec De Morgen, Belga)
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici