Bart De Wever et Sander Loones © BELGA

Qui est Sander Loones, le dauphin de Bart De Wever?

Walter Pauli Walter Pauli est journaliste au Knack.

Le « dauphin » de Bart De Wever : c’est ainsi qu’on appelle Sander Loones depuis que son président de parti l’a cité comme son successeur possible. Loones a participé à la rédaction du programme de la N-VA, il a assisté aux négociations gouvernementales et oeuvre à sa notoriété au parlement européen pour remporter les élections. « Bart m’a donné un mégaphone. À présent, on m’écoute quand je dis quelque chose ».

On lui avait déjà demandé cent fois, y compris au sein de son parti, et tout à coup le président de la N-VA a lâché le morceau : il a cité Sander Loones. « Je suis plus optimiste que jamais à son propos. Je le vois apparaître en vice-président. Ce pourrait être lui, ce pourrait vraiment être lui ».

Dans les milieux flamingants, le nom de « Loones » jouit d’une solide réputation. La Nouvelle Encyclopédie du Mouvement flamand (Nieuwe Encyclopedie van de Vlaamse Beweging) consacre une entrée à son grand-père Honoré (1910-1981) et son père Jan (1950). Honoré Loones était membre du VNV (Vlaams Nationaal Verbond) et bourgmestre de guerre d’Oostduinkerke et à partir de 1944 même d’Ostende. Après la guerre, le grand-père de Sander Loones a été emprisonné à Sint-Kruis à Bruges et a perdu ses droits civils pendant vingt ans. Entre 1952 et 1964, sa femme Rosa Dewitte a repris le poste de bourgmestre à Oostduinkerke. Ensuite, Honoré Loonens a récupéré le flambeau, jusqu’à la fusion avec Coxyde en 1977. Son fils Jan y est devenu échevin, d’abord pour la Volksunie et puis pour la N-VA.

Dans les années 90, Jan Loones et Johan Vande Lanotte (SP.A) ont promulgué le Décret des dunes, une tentative ultime de protéger les dernières dunes de la côte contre l’envahissement de l’immobilier. Sander Loones (1979) se dit aussi préoccupé par l’environnement : « Tout nationaliste devrait être écologiste. Et je ne comprends pas que l’inverse ne soit pas toujours vrai. Ceux qui veulent protéger leur identité et leur communauté doivent aussi respecter la nature. Les particules fines à Anvers sont un problème pour tous les Flamands, pas seulement pour les écologistes. Ce sont les Flamands qui tombent malades ».

Initialement, Sander Loones n’a pas suivi l’exemple de ses ancêtres. S’il a grandi dans un milieu flamingant et s’il a accompagné son père aux congrès de parti et aux Pèlerinages de l’Yser (c’est là que j’ai appris à servir mes premières bières), il a fallu des années avant qu’il ne brigue un mandat politique.

Lors de ses études de droit à la KuLeuven, il ne s’est pas affilié à l’Union estudiantine catholique flamande (KVHV, Katholiek Vlaams Hoogstudentenverbond), mais à la jeune Volksunie-Jongeren avant de rejoindre la jong-N-VA (jeune-N-VA). Ses amis étudiants de l’époque sont connus aujourd’hui en politiques : Theo Francken, Sarah Smeyers, Matthias Diependaele, le porte-parole du parti Pohlmann, et aussi Joris Vandenbroucke, le chef de fraction sp.a au parlement flamand.

Loones s’est spécialisé en droit des étrangers, ce qui l’a finalement conduit au bureau d’études de l’Office des étrangers. « J’ai travaillé sur la carte de résident électronique. Lors de la conférence de presse, un journaliste m’a interrogé sur la différence avec une carte d’identité ordinaire. Pour comparer, on s’est hâté de photographier la mienne. La photo s’est retrouvée sur internet, et depuis je suis victime d’usurpation d’identité. Ma carte est copiée partout. En France, des appartements ont déjà été vendus sous mon nom, et cette semaine encore un ordinateur. Très amusant ». (rires)

En compagnie de sa femme, qui enseigne dans une petite école de Molenbeek, Loones est devenu un Flamand occidental bruxellois. « J’ai aimé habiter à Bruxelles, d’abord huit ans à Molenbeek puis à Jette et à Dilbeek. Je m’y suis fait beaucoup d’amis, des Flamands et des francophones. Il n’y a qu’avec les Belges que je m’entends un peu moins bien ». Cependant, cette époque est révolue : depuis peu il habite à nouveau à Oostduinkerke. « Nous avons un troisième enfant, et il est plus pratique d’habiter près de la famille – ma femme aussi est d’Oostduinkerke. Nous n’avons plus besoin de faire trois heures de route pour nous rendre chez les grands-parents quand un enfant est malade ».

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