Publifin : un 4e comité, 31 élus et une ardoise de 2,5 millions d’euros
Il n’y a pas eu trois, mais bien quatre comités de secteur créés par Publifin (ex-Tecteo). Cinq élus supplémentaires ayant bénéficié des largesses de l’intercommunale sont épinglés. Ce qui porte l’ardoise du scandale à plus de 2,5 millions d’euros au détriment des actionnaires publics de Publifin.
On connaissait déjà les comités de secteur « télécom », « énergie » et « Liège-ville » de l’intercommunale Publifin (ex-Tecteo). Ils ont permis à 25 élus locaux, comme Le Vif l’a révélé le 20 décembre dernier, d’empocher des émoluments astronomiques sans réelle contrepartie exigée de leur part en termes de présence, de travail à effectuer ou de responsabilité politique à exercer. La justice liégeoise vient d’ailleurs d’ouvrir une enquête préliminaire à ce sujet, suspectant des faits de faux, d’usage de faux, de fraude aux indemnités et d’abus de biens sociaux au détriment de Publifin.
Désormais, à ces trois comités-là, il convient d’ajouter le comité de secteur « gaz » qui a existé officiellement du 22 décembre 2010 au 21 juin 2013, date à laquelle les trois autres comités ont été créés pour prendre le relais. Ce comité « gaz » comptait pas moins de… 30 membres, soit l’entièreté du conseil d’administration de l’Association liégeoise du gaz (ALG) absorbée par Tecteo fin 2010. Sans plus aucune raison d’être, ce conseil d’administration a ainsi été artificiellement prolongé jusqu’à la fin de la législature communale…
Huit privilégiés
Parmi ces 30 administrateurs, huit faisaient partie du bureau exécutif de l’ALG. Ces huit-là ont bénéficié d’émoluments fixes mensuels payés par Tecteo en ligne avec ce qu’ils touchaient précédemment au sein de l’ALG. Soit des montants du même acabit que ceux révélés jusqu’ici au sein des trois comités de secteur qui viennent de défrayer la chronique. Les 22 autres membres du comité, eux, ont touché un simple jeton de présence s’ils assistaient aux réunions.
Trois des huit membres bénéficiant d’un émolument mensuel figuraient déjà sur la liste des 25 mandataires éclaboussés par le scandale Publifin : Eric Vanbrabant (échevin PS de la culture et des sports à Seraing), Marie-Noëlle Mottard (conseillère communale MR à Waremme et conseillère provinciale) et Alain Defays (conseiller communal cdH à Sprimont et conseiller provincial). Cinq nouveaux noms s’ajoutent ainsi à la liste des bénéficiaires des largesses de l’intercommunale : Claude Klenkenberg (PS), André Denis (MR), Isabelle Albert (PS), Gérard Georges (PS) et feu Antoine Nivard (cdH), remplacé en novembre par Alain Defays.
Le Vif est donc en mesure de publier le tableau complet des 31 mandataires (dont 30 rémunérés) ayant siégé dans les quatre comités de secteur de Publifin du 22 décembre 2010 au 22 décembre 2016 (voir ci-dessous). Le tableau précise le nombre de mois que ces mandataires ont « prestés », les montants bruts et nets de leurs émoluments, et… la facture globale de ce scandale payée par l’intercommunale : plus de 2,5 millions d’euros.
Publifin fait l’autruche
Selon nos informations, le comité de secteur « gaz » s’est réuni huit fois en 2011 et cinq fois en 2012. On ignore si des réunions ont eu lieu début 2013, avant la dissolution du comité le 21 juin : sollicité à plusieurs reprises, le porte-parole de Publifin, Patrick Blocry, n’a pas souhaité répondre à nos questions.
Le Vif s’est procuré 10 procès-verbaux de réunions de ce comité de secteur « gaz », ce qui permet de se forger une idée assez précise de sa pertinence et sa fréquentation. La durée moyenne des réunions est d’une heure. Celle du 10 mai 2011 a duré 40 minutes, et celle du 12 mars 2012, 30 minutes. Le 23 novembre 2011, seuls trois des huit membres bénéficiant d’un émolument mensuel fixe étaient présents.
Lors de ces réunions, les mandataires reçoivent de l’information, souvent via des présentations Powerpoint qu’on leur envoie ensuite par courriel. Ils posent des questions, n’obtiennent pas toujours des réponses. L’utilité de ces réunions est d’autant plus questionnable que six des huit membres bénéficiant d’un émolument fixe ont rejoint le conseil d’administration de Tecteo où ils ont tout loisir de défendre les intérêts de l’ex-ALG.
Les mieux payés sont les moins présents
Le plus assidu parmi ces huit privilégiés a été Eric Vanbrabant (présent à huit réunions sur dix). La moins régulière fut la conseillère provinciale Josette Michaux, membre du bureau exécutif de Tecteo (deux réunions sur dix). Quant au président de ce comité de secteur « gaz », Claude Klenkenberg (époux de la directrice générale adjointe de Tecteo à l’époque, Carine Hougardy), il n’a été présent qu’à six réunions sur dix, alors qu’il a été rémunéré en tant que président bien plus grassement que les autres « simples » membres du comité.
Le plus choquant sans doute, selon ces dix PV, c’est que les 22 membres du comité de secteur gaz rémunérés au simple jeton de présence (183 euros brut) ont un taux de fréquentation des réunions (76%) supérieur à celui (63%) des huit membres qui reçoivent un émolument fixe mensuel environ dix fois plus élevé que le jeton de présence. Bref, plus on est rémunéré, moins on est présent aux réunions…
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