Pourquoi ils refusent toujours le vaccin: ils témoignent
A cause de leur « autorité intérieure », pour protéger leur bébé, pour ne pas « suivre la masse »… Leurs motivations sont multiples, pas forcément rationnelles, ni totalement contestables. Le Vif a voulu donner la parole à ceux qui ne veulent pas se faire vacciner, pour comprendre qui sont ceux qui ont été catalogués « antivax ».
Paul Labourie, 23 ans, étudiant: « Le pass sanitaire m’a convaincu de ne pas me faire vacciner »
Je n’ai reçu aucun vaccin, depuis petit […]. Concernant la Covid, au départ, j’étais sans avis. Je me disais même « pourquoi pas ». C’est vraiment le pass sanitaire qui m’a convaincu de ne pas me faire vac ciner. Je suis contre le Covid safe ticket et l’obligation qu’il cache. Je trouve cette démarche malhonnête. Il touche à des choses impor tantes comme la liberté et la responsabilité individuelles. Avec le pass, j’ai la sensation que la population ne se fait pas vacci ner pour résoudre la situation, pour se protéger, mais pour avoir la paix, pour avoir le droit de vivre. Un vaccin est fait pour se pro téger d’une maladie, pas pour aller au café, à mon sens. L’obligation morale derrière est bidon : les gens ne se vaccinent pas en pensant aux autres, mais à eux. Je trouve également terrible de faire porter la responsabilité des personnes qui meurent toujours de la Covid sur ceux qui ne se font pas vacciner. Pour la suite, même si c’est embêtant, je suis conscient de ma responsabilité. Cet été, j’aurais pu utiliser le pass de quelqu’un d’autre, mais je ne l’ai pas fait. Notamment pour mes parents et mes grands-parents qui, eux non plus, ne sont pas vaccinés. En tant que non vacciné, je suis obligé de répondre à des questions en permanence et d’avoir encore et encore le même débat. Cet argu ment de la « solidarité » est pour moi malhonnête et non valable.
Lola Buscemi (st.)
Sarah Robin, 43 ans, graphiste et professeure de yoga: « Mon autorité intérieure me dit non »
Ma décision est philosophique et spirituelle. Mon autorité inté rieure me dit de ne pas me faire vacciner. J’estime, en effet, ne pas en avoir besoin grâce à mon alimentation, je me connecte, j’essaie de rester alignée à qui je suis et à ce qui crée de la joie à l’intérieur de moi, comme le préconise le yoga. Une idée que nous sommes nombreux à avoir oublié sur cette Terre. Cette position demande du courage, car elle revient à se mettre en porte-à-faux avec la société, la bonne pensée du moment ou les autorités extérieures, ce que le gouvernement nous impose. Je ne suis pas en accord avec ça, même si je ne suis pas rebelle pour le plaisir d’être une rebelle. L’idée, c’est d’être dans une autre démarche que celle qu’on nous impose, d’être hors du regard des autres. Les gens agissent souvent de telle ou telle manière pour ne pas dénoter. Beaucoup n’oseraient pas dire qu’ils ne sont pas vac cinés. Enormément de personnes se sont fait vacciner, non parce qu’elles le voulaient vraiment à l’intérieur d’elles-mêmes, mais pour retrouver une liberté. Mais quelle liberté ? De retourner au restau rant ? Pour moi, la liberté est ailleurs.
Audrey, 30 ans, kiné: « Pour protéger mon bébé »
Vous n’êtes actuellement pas vaccinée. Pourquoi cette réticence ?
Je travaille en maison de repos et j’ai été appelée très vite à me faire vacciner. En janvier 2021, Pfizer ne le conseillait pas en cas de grossesse, voire de désir de grossesse, ce qui était mon cas. Trois semaines plus tard, j’étais enceinte. J’ai pesé le pour et le contre. Ce sont les questions sur les effets secondaires sur le développement du bébé, puis les effets à long terme, qui m’ont fait hésiter. Pas pour moi, car je suis pour le vaccin : on en a vu au fil des mois l’incidence positive et, en tant que professionnels de la santé, nous sommes d’autant plus vecteurs ; je trouve normal de montrer l’exemple. Pourquoi, alors, n’ai-je pas fait le vaccin si je fais confiance aux études ? Car on peut avoir un recul sur une grossesse de neuf mois aujourd’hui mais pas sur les conséquences post-accouchement. Peut-être des études indiqueront-elles d’ici deux ans que les bébés vaccinés in utero sont davantage atteints de surdité ou accusent un retard du développement psychomoteur, ou au contraire n’ont rien de plus ou de moins qu’un autre enfant. Personne ne sait le prédire.
En avril, le Conseil supérieur de la santé a émis un avis plutôt favorable à la vaccination des femmes enceintes, recommandant de les mettre dans les groupes prioritaires. Cela vous a-t-il fait hésiter ?
J’ai tout remis en question. Mon gynécologue m’a encouragée à faire le vaccin car, apparemment, il y avait plus de risques pour les femmes enceintes de développer des formes graves, particulière ment au troisième trimestre. Qu’est-ce qui était le mieux : prendre le risque que mon bébé ait de potentielles séquelles en faisant le vaccin ou celui de finir aux soins intensifs ou d’accoucher préma turément ? Je me suis demandé : pourquoi ce revirement ? En avril, je ne pense pas qu’on avait déjà neuf mois de recul pour établir qu’il n’y avait pas de problème au long cours sur toute une grossesse et les femmes enceintes en soins intensifs avaient pour la plupart des facteurs de risque (diabète, etc). Malgré mon travail en maison de repos, avec beaucoup de cas positifs lors des deux premières vagues, où nous n’étions que très peu protégés, je n’avais jamais eu de symptômes. J’ai un bon système immunitaire, une bonne hygiène de vie et je continuais à respecter scrupuleusement les gestes barrières. J’ai donc pris le risque de ne pas me faire vacciner.
Si vous n’étiez pas tombée enceinte au début de la campagne, votre désir d’enfant aurait-il pesé dans la décision de vous faire vacciner ?
Mon désir d’enfant aurait effectivement pesé dans la balance. Prendre une décision pour autrui, d’autant plus son bébé, est dif ficile. On veut faire au mieux tout en étant dans l’inconnu. Sans ce désir d’enfant, je me serais fait vacciner. Je compte d’ailleurs le faire dès que j’aurai accouché et que mon état me le permettra.
M., 65 ans: « Si le vaccin avait été obligatoire, on aurait peut-être été plus confiant »
J’ai plusieurs allergies. J’ai lu certains articles parlant de fortes réac tions de personnes allergiques suite au vaccin, j’ai donc une petite appréhension pour ma propre santé. Je fais confiance à la science, mais je souhaite prendre du recul, attendre, voir les effets. Peut-être que ça me conviendra après. Je prends du recul par rapport à tout ce qu’on dit : tant les affirmations de dangerosité que celles qui pointent les bénéfices. Chacun met en évidence ce qui lui convient. Je crains aussi qu’il y ait un business der rière le vaccin. Si on avait instauré une vaccination obligatoire depuis le début, on aurait peut-être été plus en confiance. Mais à partir du moment où on dit « tu peux le faire », ça laisse dubitatif.
Jean, 24 ans, jeune travailleur: contre l’effet de masse
C’est d’abord le manque de recul sur les effets secondaires à long terme du vaccin qui m’a fait réfléchir. Puis, aussi, une réticence par rapport à l’effet de masse car la meilleure décision n’est pas toujours prise. Ma santé n’étant statistiquement pas en danger, je ne suis pas pressé de me faire vacciner. Avec l’introduction du Covid safe ticket à Bruxelles, je me sens responsable de mon choix, malgré l’incohérence du débat. Le vaccin, non obligatoire, le devient indirectement avec la mise en place de ce pass. Financièrement (NDLR : un test antigénique coûte une vingtaine d’euros), ce n’est pas possible pour moi de faire des tests régulièrement. Je ne vais donc pas continuer à sortir comme maintenant, je m’oriente davantage vers des activités d’ordre privé. Je vais devoir restreindre, à contrecoeur et de mon propre chef, mes activités culturelles et de divertissement comme le cinéma, les musées, les restos… Mon entourage proche, même vacciné, comprend ma réflexion. Celle-ci, d’ailleurs, n’est pas figée. Je me remets en question par rapport au fait de me faire vacciner. La société nous limite et juge parfois sans chercher plus loin.
Anonyme, 39 ans, fonctionnaire
Pourquoi je ne suis pas vacciné ? Au départ, il y a les raisons purement sanitaires : ai-je vraiment envie de me faire injecter un produit dont on ne connaît pas encore les effets à moyen et long terme ? J’ai la chance d’être en bonne santé, et j’ai à peu près autant de chances d’avoir des ennuis avec le coronavirus qu’en prenant ma voiture. C’est la base de mon hésitation.
Mais très vite, d’autres motifs sont venus renforcer l’hésitation première. Dès le début de la campagne de vaccination, on a senti une certaine pression et un climat malsain s’installer : il fallait immédiatement choisir son camp : provax ou antivax. Le débat a été étouffé, comme s’il n’y avait qu’une seule solution possible : le vaccin, tout de suite ! Vous doutez ? Vous passez alors au mieux pour un zozo égoïste qui ne comprend rien, au pire pour un dangereux complotiste. Dans ces conditions, pas étonnant qu’une grande proportion de la population se soit pressée à la piqûre. L’effet de masse et d’entraînement a fonctionné à plein régime.
Pour autant, est-ce que la plupart y sont allés pour des raisons purement de santé ? Je ne le crois pas, et de très nombreux témoignages de vaccinés qui admettent y être allés par confort plutôt que par conviction permettent d’en douter.
Pour les y pousser, il a fallu une gigantesque opération de sensibilisation, qui a largement utilisé deux leviers qui ont toujours été efficaces pour faire bouger les masses : la peur et la culpabilisation. Peur d’être malade et de rendre les autres malades, et de voir à nouveau les hôpitaux saturés. Mais peur, surtout, d’être à nouveau confiné et contraint dans sa liberté : les vacances, les restaurants, le shopping…
Avec la peur, on peut rendre docile une population entière. Les pouvoirs (pas seulement politiques) l’ont bien compris. En 18 mois, on nous a appris à bien obéir, à suivre sans trop réfléchir les recommandations même quand l’Etat les impose de manière illégale et/ou antidémocratique, à transmettre sans broncher toutes les informations qu’on nous demande de communiquer (et peu importe ce qu’on en fait après), à accepter d’être surveillés et contrôlés… A avoir peur des autres, même de ses proches. Ne posez pas de questions, ne réfléchissez pas, faites comme on vous demande, c’est pour votre bien.
Etonnamment dans ce contexte de contrainte permanente, une obligation n’est jamais tombée : celle de se faire vacciner. Pourquoi ? Je persiste à penser que les autorités craignent de devoir assumer d’éventuels effets secondaires… Ce qui donne du grain à moudre à mon hésitation de départ sur le plan de la santé.
Par manque d’espace, je n’évoquerai pas les gigantesques enjeux financiers liés à cette vaccination massive, enjeux que personne ne nie mais dont on entend très peu parler. Ni le bien-fondé du pass sanitaire, dont on doit se demander si l’objectif est vraiment de réduire la circulation du virus, ou simplement de piquer encore plus (au bénéfice de qui ?).
Bref, je m’interroge sur la finalité première de ce qu’on vit aujourd’hui, de ce qu’on nous fait vivre.
Et dans le doute, j’adopte le principe de précaution tant valorisé par nos autorités: je refuse à ce stade le vaccin à cause du manque de recul sur ses éventuels effets secondaires, et de la troublante obstination avec laquelle on veut nous le vendre. Mais par-dessus tout, je refuse, malgré les assauts de cette campagne de vaccination, de perdre ma liberté la plus chère : la liberté de penser, de réfléchir, de douter… et de peut-être changer d’avis.
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