« Pour le vin belge, le réchauffement climatique est positif »
Les vins belges se développent et commencent même à être reconnus. En cause, un territoire qui bénéficie du changement climatique.
Pour la première fois dans l’histoire, un guide du vin 100 % belge vient de voir le jour. On retrouve dans le livre 162 bouteilles différentes, preuve de l’explosion actuelle de la viticulture en Belgique et notamment en Wallonie. « Rien que cette année, il y a eu 15 nouveaux domaines de créés. Nous vivons quelque chose d’unique au monde, toutes les pages du livre s’écrivent en même temps. » se félicite Eric Boschman, expert en vin et sommelier.
Depuis quelques années maintenant, le pays de la bière commence à tenter l’aventure du vin. Mais en gardant tout de même un amour pour les bulles. En effet, les vins effervescents représentent tout de même près de 40 % de la production, la Belgique en a produit 1.200.000 litres l’an dernier. Et on retrouve dans la sélection belge de beaux noms, comme le Ruffus ou le Chant d’Eole. Ce dernier enchaîne d’ailleurs les médailles et a été élu en 2019 meilleur vin pétillant au monde, devant des champagnes français.
1°C qui fait la différence
Une montée en puissance des vins belges qui peut notamment s’expliquer par le réchauffement climatique, « Pour le vin belge, le réchauffement climatique est positif. Au cours des 30 dernières années, nous avons pris 1°C. Grâce à ce réchauffement, le climat en Belgique est aujourd’hui comparable à celui de la Champagne, en France. », explique Eric Boschman.
La température n’est pas la seule chose qui explique le développement de la viticulture, « nous avons le bassin parisien qui remonte jusqu’à Tournai. Ce qui veut dire que nous avons des terres pleines de craie comme en Champagne » continue l’expert. Pour autant, un bon vin ne s’explique pas seulement par la terre et les températures, « Il faut bien garder en tête que ce n’est pas parce que nos terres ressemblent à celles de certains vignobles français que nous avons le même terroir. Il faut encore qu’on trouve les bons sols pour cultiver les vignes. Et tout un travail sur le savoir-faire reste aussi à faire. On constate que dans les domaines qui fonctionnent le mieux ce sont ceux qui travaillent avec les intervenants étrangers », temporise le sommelier.
Des vins originaux
Mais la Belgique pourrait très bien tirer son épingle du jeu avec ses vins à l’avenir. Le pays cultive en effet presque 50 % de vignes interspécifiques, « Ces cépages sont assez uniques au monde. Et, si on se projette dans le futur, cela peut être un atout puisque ça donne aux vins belges un style original avec zéro point de référence », analyse Eric Boschman.
De quoi donner à la Belgique une vraie signature! Même si, justement, ce manque de point de référence est parfois compliqué à gérer pour les viticulteurs, « On n’a pas le goût de ce qu’on ne connaît pas. Quand on est habitué à du chardonnay par exemple et qu’on goûte du solaris c’est assez acide, c’est bizarre » résume l’expert.
S’inspirer de nos voisins
Le chemin reste encore long pour que la Belgique soit reconnue dans le domaine du vin. Pour l’heure, se comparer à la France ne sert à rien. Pour Eric Boschman, si la Belgique doit prendre exemple sur l’un de ses voisins, c’est vers le Luxembourg qu’il faut se tourner. Le Grand-Duché a su en 20 ans augmenter la qualité de ses vins, notamment ceux de la Moselle. « Pour la Belgique, le Luxembourg doit être une référence ! ».
Un bel avenir pour la Belgique donc, qui se construit déjà aujourd’hui, « Il y a de plus en plus de producteurs, de connaisseurs. La concurrence va augmenter et cela va faire du bien au milieu, en termes de qualité et de prix aussi. » Sans oublier que la production de raisin ouvre aussi d’autres perspectives, « le nombre de micro-distilleries a explosé. Avec le raisin on peut aussi utiliser le marc pour faire d’autres alcools, comme le cognac » explique Eric Boschman. Le milieu de la vigne a en tout cas un bel avenir devant lui.
Marine Andrieu
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