Pierre Van Damme, épidémiologiste: « Même un confinement local n’a plus de sens »
A Anvers, chaque personne infectée en contamine deux autres dit l’épidémiologiste Pierre Van Damme. Ce n’est pas le seul endroit ou le taux de reproduction est en hausse. « Le plus important c’est d’avoir le moins de contacts possible. Parce que c’est ça le problème », précise de son côté Erika Vlieghe.
« Même un confinement local n’a plus de sens, car le virus se répand très rapidement sur le territoire belge », a déclaré M. Van Damme.
Selon l’épidémiologiste, le Conseil national de sécurité aurait dû décider d’introduire une bulle de dix personnes permanentes, au lieu des quinze contacts qui sont autorisés à changer chaque semaine.
« Pour l’amour de Dieu, limitez vos contacts », a-t-il ajouté. « Restez aussi loin que possible des autres, à l’exception de quelques-uns. Vous ne pouvez renverser la situation en trois ou quatre semaines que si nous limitons nos contacts dès maintenant, il n’y a pas d’autre solution. »
Le professeur s’est heurté à la résistance du ministre de l’Intérieur Pieter De Crem, présent au Conseil national de sécurité. Ce dernier estime qu’un signal important a été donné en ne permettant pas d’assouplissements supplémentaires des mesures. « C’est certainement une mesure très importante. Si vous comparez cela avec le reste du monde, ce sont des mesures très strictes. »
Si dans les dix à quatorze jours il apparaît que de nouvelles mesures doivent être prises, ça sera le cas, a déclaré M. De Crem.
Le ministre a également déclaré que 180.000 amendes ont déjà été infligées à des personnes qui ne respectent pas les consignes.
« Nous devons tous nous assurer que nous avons moins de contacts, moins de contacts rapprochés »
La professeure Erika Vlieghe, qui siège au Conseil national de sécurité (CNS) au nom de la Celeval, la cellule d’évaluation qui conseille les autorités sur la pandémie de coronavirus, regrette, en tant que scientifique, qu’il n’ait pas été décidé de limiter les bulles sociales à dix personnes au lieu de quinze. « Néanmoins, le plus important n’est pas de se focaliser sur ce chiffre, mais d’avoir le moins de contacts possible. Parce que c’est ça le problème », a-t-elle déclaré jeudi dans l’émission « De wereld vandaag » sur Radio 1.
Erika Vlieghe a déclaré lors de l’interview que les mesures qui ont été prises étaient les « bienvenues ». Elle a souligné que la Celeval a conseillé l’élargissement de l’obligation du masque, ainsi que l’amélioration de l’enregistrement des voyageurs.
Mais à son sens, il est maintenant nécessaire de communiquer sur le fait que les contacts que nous avons « font tourner le moteur » de la pandémie de coronavirus. « Nous devons tous nous assurer que nous avons moins de contacts, moins de contacts rapprochés », a-t-elle déclaré.
Il était question que le Conseil national de sécurité revoie la bulle de quinze à dix personnes, mais cela ne s’est pas produit. « Le plus important est que nous ne nous fixions pas sur ce chiffre, mais que nous ayons le moins de contacts possible, car c’est là le problème », a déclaré la virologue.
Lorsqu’il lui a été demandé si elle regrettait que le CNS n’ait pas pu parvenir à un consensus au sujet du rétrécissement de la bulle, Erika Vlieghe a répondu oui, en tant que scientifique, mais elle a répété qu’elle ne voulait pas se focaliser sur ce point. « Pour moi, le message doit être clair et nous devons le transmettre: moins il y a de contacts, mieux c’est. En réalité, même dix, c’est beaucoup. Ne commençons pas à compter. Les bouleversements actuels concernent les fêtes, les fêtes de famille, les mariages, les soirées dansantes, les gens qui se rencontrent dans les bars, dans les restaurants, mais aussi dans de nombreux clubs sportifs. »
« Nous devons prendre douloureusement conscience du nombre de contacts que nous avons tous, non seulement au travail mais aussi pendant notre temps libre. Nous devons les réduire. Voir moins d’amis et faire moins de fêtes. Et si vous voyez des gens, voyez-les de loin. C’est le message principal. Si nous nous disputons à ce sujet, nous n’allons pas droit au but. Le but est de voir moins de gens ».
« Le message doit être clair: peu importe comment vous l’appelez, la situation est très grave », a également déclaré Erika Vlieghe.
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