Passage à l’heure d’hiver: à quand la fin du changement d’heure?
Retour à l’heure d’hiver ce week-end. Un rituel saisonnier très contesté. Le Parlement européen avait approuvé la fin du changement d’heure pour 2021, mais le projet est au point mort. Pourquoi est-ce si compliqué d’abolir le système? Sera-t-il supprimé l’an prochain?
En mars 2019, le Parlement européen a approuvé, à 410 voix contre 192, la fin du rituel saisonnier pour 2021. Mais la directive n’est pas encore adoptée. Les discussions se sont poursuivies au Conseil jusqu’en décembre 2019, sans résultat. Du coup, la règle du changement d’heure, vieille de quarante-quatre ans en Belgique, reste en vigueur. Une fois de plus, nous devrons, ce week-end, passer à l’heure d’hiver donc « gagner » une heure de sommeil dans la nuit du samedi 30 au dimanche 31 octobre.
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Système contesté, bénéfice controversé
Le passage à l’heure d’été a été instauré en Europe à la suite du choc pétrolier des années 1973-1974. L’idée était de réduire le temps d’éclairage artificiel en soirée pour faire des économies d’énergie. Conséquence: de la fin mars à la fin octobre, la Belgique se retrouve, comme les Pays-Bas, le Luxembourg, la France et l’Espagne, en décalage de deux heures par rapport à son fuseau horaire, celui du méridien de Greenwich, dit Temps universel coordonné (UTC). Dans un premier temps, chaque pays a fixé sa propre date de changement d’heure, ce qui a compliqué la circulation des personnes, des biens et des services dans l’Union. Une harmonisation s’imposait. Depuis 2002, une directive européenne assure l’homogénéité des dates.
En Europe, le changement d’heure est de plus en plus contesté et son bénéfice controversé. Le gain en énergie serait marginal et s’est encore réduit avec la généralisation de l’éclairage à basse consommation. Les opposants soulignent aussi une hausse du nombre d’accidents de la route en fin de journée lors du retour à l’heure d’hiver (pic observé en Belgique et en France). Ils affectent surtout les piétons. Des rapports médicaux constatent l’effet du changement d’heure sur les rythmes biologiques avec, à la clé, des troubles du sommeil et la consommation de somnifères. « A ces aspects qui touchent à la santé, l’économie et la sécurité routière s’ajoute l’argument démocratique, relève l’eurodéputée du groupe des Verts Karima Delli, à l’origine de la résolution pour abolir le changement d’heure: la plupart des Européens ne veulent plus du système, selon l’enquête d’opinion de la Commission. Des pétitions allant dans le même sens ont circulé dans plusieurs pays. »
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Bloquée au niveau du Conseil
Présenté par la Commission et adopté par les eurodéputés, le projet de directive prévoyant l’abolition du changement d’heure en 2021 s’est retrouvé au Conseil, qui devait le valider. « Tout est bloqué à ce niveau, s’indigne Karima Delli. Le texte ne figure toujours pas à l’agenda. Chaque Etat membre aurait dû choisir, au plus tard en avril 2020, quelle heure permanente il souhaite adopter. Ce délai a été repoussé en raison de la crise sanitaire. Aujourd’hui, les priorités sont ailleurs: la campagne de vaccination, l’économie, le défi climatique. »
Les pays sont libres de décider s’ils souhaitent se caler sur l’heure d’hiver ou l’heure d’été. La Commission leur recommande néanmoins de se concerter pour éviter un patchwork d’heures différentes au sein de l’Union, étalée déjà sur trois fuseaux horaires. Faute d’harmonisation, il y aurait des perturbations dans les transports, les systèmes d’information, et des surcoûts pour le commerce transfrontalier.
Souci: des Etats membres se positionnent sans consulter les pays limitrophes, ce qui risque de provoquer pagaille et incohérences. « L’Allemagne s’est prononcée pour l’heure d’été permanente, alors que ses voisins danois, néerlandais et tchèques plébiscitent l’heure d’hiver », remarque l’eurodéputée. S’ajoute à ce manque de coordination le poids de l’histoire: l’Estonie refuse de s’aligner sur le même créneau horaire que la Russie (UTC+2). Madrid ne veut plus vivre au rythme de Berlin, un héritage franquiste qui remonte à 1940: l’Espagne songe à revenir à l’heure de Greenwich, le fuseau horaire de son voisin le Portugal. Les Finlandais, qui veulent l’heure d’hiver toute l’année, quitteraient le fuseau des pays Baltes et se retrouveraient à la même heure que leurs voisins suédois (UTC+1) qui, eux, sont pour l’heure d’été.
Un débloquage en 2022?
Un déblocage du dossier en 2022? « Le service juridique du Conseil a renvoyé de facto la proposition de la Commission aux calendes grecques, prévient Karima Delli. Il l’a jugée insuffisamment motivée par manque d’études d’impact sur les conséquences du changement d’heure. Le texte est au point mort. Si les Etats membres finissent par coordonner leurs pendules, il faudra ensuite laisser dix-huit mois à chacun pour s’organiser, en particulier les opérateurs aériens et ferroviaires. »
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