Pascal Delwit réagit à notre sondage : « Dans un gouvernement de plein exercice, Maggie De Block aurait été remplacée »
Politologue à l’ULB, Pascal Delwit réagit au sondage exclusif du Vif/Knack/LN24 sur comment les Belges jugent la crise sanitaire.
Ce mercredi, le Vif publie un sondage exclusif Le Vif/Knack/LN24 sur comment les Belges jugent la crise sanitaire. Contrairement à celle des politiques, la gestion de la crise par les scientifiques et par contre jugée très satisfaisante pour les sondés. 78,1% d’entre eux jugent la gestion de la crise par Emmanuel André satisfaisante (contre 5,6% d’insatisfaits).
Selon 82,9% des sondés, il faut que les politiques continuent à écouter les experts, même une fois la crise passée.
Interrogé par LN24, Pascal Delwit est revenu sur ce constat interpellant. « On est dans une étape de reconsidération de la parole scientifique, en particulier dans le domaine de santé. L’expertise utilisée pendant la crise est une expertise avérée, on parle de médecins, d’épidémiologistes. Cette parole était très importante pendant le virus. Ce qui a aussi joué c’est que plusieurs d’entre eux maitrisaient bien les codes médiatiques. » « En Belgique on a pas spécialement cette habitude de mettre les experts scientifiques en avant. Surtout en Belgique francophone. On était dans un domaine où on avait besoin d’expertise. Le monde politique ne pouvait pas faire comme il fait d’habitude. On avait besoin d’une réflexion sur le plan médical et sur comment peut se développer une pandémie. »
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Direct – Pascal Delwit, politologue à l’ULB, est l’invité de Martin Buxant https://t.co/14xaVydpJ2
— LN24 (@LesNews24) June 10, 2020
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Appel à un gouvernement des experts
Plus d’un sondé sur deux estiment par ailleurs qu’en cas d’échec des politiques, un gouvernement d’experts devrait être mis en place. « Il y a eu des précédents de gouvernements plutôt techniques qui sont mis en place souvent brefs dans le temps. Mais in fine le gouvernement et le Parlement sont les institutions qui prennent leurs responsabilités et sont redevables devant le Parlement des décisions prises et des choix posés. Si on a un gouvernement d’experts, il lui faut un soutien parlementaire. »
Bart De Wever et Maggie De Block, perdants
Une autre question posée aux sondés : auriez-vous eu plus ou moins confiance en un gouvernement d’urgence avec Bart De Wever comme Premier ministre. Une question à laquelle plus de la moitié a répondu « moins confiance ». Une réponse qui n’étonne pas Pascal Delwit. « Plusieurs éléments jouent. Dans la première phase de la crise, il y a eu plusieurs déclarations étonnantes de Bart De Wever et parfois très changeantes en l’espace de deux jours. Puis, il faut le souligner, que Sophie Wilmès s’est affirmée dans le Sud et même dans le Nord où elle était peu connue, même si quand on examine le traitement médiatique il a été plus critique dans le nord que dans le Sud du pays. Au départ de la crise, elle était peu connue maintenant la plupart des Belges la connaissent. Mais on l’a vu, le côté rassembleur s’est un peu affaibli, les jeux politiques reprennent leur place.
Maggie De Block est par ailleurs particulièrement accablée par le sondage. « Je pense que dans une situation normale, il y a beaucoup de chance que la ministre de la Santé ait été remplacée » réagit Pascal Dewit. « Ici on était dans une situation particulière, avec un gouvernement qui s’appuie sur 38 sièges. Mais si on va faire un gouvernement de plein exercice, elle se posera différemment. Elle peut encore avoir une carrière politique après une telle crise parce que l’Open VLD est un acteur du gouvernement, c’est une personne qui peut intervenir soit à l’échelle régionale soit à l’échelle fédérale. Elle risque d’être mis à mal par une éventuelle commission parlementaire mais Maggie De Block pourrait payer pour tout le monde. Elle pourrait cristalliser tout le ressentiment qui existe dans une partie de l’opinion publique. »
Pas de crainte des élections
Pascal Delwit pointe un autre élément important du sondage selon lui : 41,2% des sondés estiment que de nouvelles élections devraient avoir lieu. « On voit qu’il n’y a pas de crainte manifeste et majoritaire d’un éventuel processus électoral au terme de l’été. Le contexte dans lequel s’est tenu les élections de mai 2019 et les centres d’intérêt des gens a considérablement changé. L’imaginaire et le positionnement a évolué. D’autant que la situation politique apparait comme peu claire à l’entame de l’été. Si à la sortie de l’été on ne va pas vers une majorité claire, on ira vers des élections. »
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