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« Pas encore ingouvernable », « accord au forceps »: le gouvernement Vivaldi vu de l’étranger

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Après seize mois de formation fédérale, la Belgique tient enfin son gouvernement : une coalition Vivaldi, emmenée par Alexander De Croo. Quel regard la presse étrangère porte-t-elle sur notre pays ? Revue de presse.

« Enfin »

« La Belgique a enfin un gouvernement », titre Le Monde, qui traduit bien la longueur des négociations. Pour le quotidien français, les nouveaux visages du gouvernement représentent une sorte de renouveau, « cette crise marquant aussi la fin d’une génération de dirigeants qui n’ont pu apaiser les interrogations récurrentes sur l’avenir du pays. » Sans oublier les moments difficiles des négociations, « des mois de vaines tentatives, d’exclusions mutuelles, de rivalités personnelles et de sabotages délibérés. »

Même son de cloche pour Le Figaro, qui parle d’une « interminable crise ». Le quotidien français évoque un « accord au forceps ». Pourquoi ? « Parce que beaucoup redoutaient l’alternative : l’organisation d’élections générales », avec la crainte d’une montée des extrêmes. « Le travail qui l’attend est immense dans ce pays à l’économie fracassée par le coronavirus et où la barre des 10 000 morts a été franchie », conclut l’article, la crise du coronavirus ayant, elle aussi, écorné l’image de la Belgique à l’étranger.

Record non battu

« Dans un cours ‘Belgique pour débutants’, la composante politique belge serait sans doute l’une des plus difficiles. Le système est insondable, les problèmes liés au système sont insolubles. Mais le pays n’est pas encore ingouvernable », entame le NRC Handelsblad, qui souligne les 493 jours écoulés depuis les élections. Avec un « point positif » : le record des « 541 jours » qui a fait la réputation de notre pays dans le monde n’est pas rompu.

Le quotidien néerlandais revient également sur l’aspect « dynastie politique », avec Alexander De Croo, fils d’Herman, qui devient Premier ministre après Charles Michel, fils de Louis. « Il est bien sûr tentant de ridiculiser la politique belge, avec une référence surréaliste. Pourtant, c’est beaucoup trop facile et il y a certainement quelque chose de présomptueux aux Pays-Bas. Le système politique néerlandais est lui aussi de plus en plus fragmenté », note encore le NRC.

Le Luxemburger Wort souligne lui aussi la longueur du processus de formation et revient même un peu plus en arrière : « presque deux ans pour qu’elle (ndlr : la Belgique) retrouve à sa tête un exécutif de plein droit ». Le quotidien luxembourgeois pointe également un pays « en souffrance économique« , et donc un défi de taille de la Vivaldi face à « une opposition des plus tenaces. »

« Profondes divisions »

« Deux ans après la chute du précédent gouvernement » est aussi la temporalité choisie par The Guardian. Un accord intervenu « alors que la Belgique enregistrait 10 000 décès dus au coronavirus », pointe le quotidien britannique, qui revient largement sur la gestion belge de la crise sanitaire. « Il n’a pas été facile de parvenir à un accord entre les partis fragmentés de Belgique, qui se divisent sur des lignes linguistiques », analyse-t-il.

The Telegraph « évoque pour sa part des « douloureuses négociations » et une « opposition féroce » en Flandre. « Cette élection a mis en évidence les profondes divisions linguistiques et culturelles en Belgique, la Flandre votant pour les partis de droite, la Wallonie pour les partis socialistes et Bruxelles pour les partis verts », analyse le quotidien britannique.

« La formation du gouvernement a été tellement difficile« , note de son côté la dépêche de l’agence Associated Press, reprise par plusieurs médias américains. Elle pointe, elle aussi, la division politique entre le nord et le sud et la montée des extrêmes « Cela a rendu encore plus difficile la politique de compromis, un élément essentiel de la politique belge. »

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