On persiste « sur la mauvaise voie » en suspendant les permissions de sortie de prison
Le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne persiste « sur la mauvaise voie » en prolongeant jusqu’au 30 juin la suspension des permissions de sortie et congés pénitentiaires, dénonce vendredi l’Observatoire international des prisons. Celui-ci y voit une mesure injustifiée et dangereuse d’un point de vue sanitaire.
Selon l’arrêté ministériel publié le 29 mars « dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus », cette suspension est entrée en vigueur le 1er avril et prendra fin le 30 juin. Pour l’OIP, cette décision constitue un frein « intolérable au droit à la réinsertion des détenus », alors que les sorties et congés pénitentiaires sont indispensables pour entreprendre les démarches nécessaires à l’élaboration d’un plan de reclassement, lui-même exigé pour demander un aménagement de peine (surveillance électronique ou libération conditionnelle), souligne l’organisme.
En outre, ces sorties ponctuelles permettent de préserver « un tant soit peu » les relations sociales et familiales des personnes emprisonnées, alors que les visites sont actuellement restreintes. Enfin, compliquer les sorties anticipées a pour conséquence d’augmenter la surpopulation dans les prisons, « ce qui rend la gestion de la pandémie plus difficile », tandis que des foyers apparaissent régulièrement dans les établissements pénitentiaires du pays. Les ailes concernées sont alors placées en confinement, les visites suspendues et les accès aux douches et à la promenade restreints. Dernier exemple en date, la prison de Termonde a dû se placer jeudi en quarantaine pour la 14e fois depuis le début de la pandémie.
La possibilité d’interruption de l’exécution de la peine en raison du Covid est aussi prolongée, après avoir été « drastiquement réduite (…) sans que ce durcissement ne soit justifié par l’expérience menée lors du premier confinement, qui n’a enregistré que très peu de révocation de ces mesures », ajoute l’OIP.
L’Observatoire réclame dès lors une meilleure protection tant pour les droits que la santé physique et mentale des détenus. Les mesures actuelles engendrent « des atteintes disproportionnées aux droits fondamentaux des détenus et de leurs proches », soutient-il. L’OIP demande un assouplissement des conditions d’octroi des interruptions de peine, la possibilité de contacts avec les services d’aide aux détenus, des congés pénitentiaires et permissions de sortie « avec testing au retour si nécessaire » ainsi que davantage de visites des proches, mais aussi une vaccination prioritaire de la population carcérale.