Ogeo Fund réclame 500 000 euros au Vif/L’Express
Un demi-million d’euros. C’est ce qu’Ogeo Fund, le fonds de pension de Publifin et quelques autres intercommunales liégeoises, réclame au Vif/L’Express. Plus précisément à ses journalistes David Leloup, Tom Cochez, à son rédacteur-en-chef Thierry Fiorilli, ainsi qu’à son éditeur, le groupe Roularta. Ils sont tous les quatre cités au civil le 10 avril prochain à 9h00 devant le tribunal de première instance de Liège.
Le fonds de pension ne supporte visiblement pas notre enquête « Land Invest Gate », dont la publication a débuté il y a quatre mois en partenariat avec nos confrères flamands d’Apache. Cette enquête, qui repose notamment sur une fuite massive de documents internes, s’intéresse aux coulisses peu reluisantes de Land Invest Group (LIG), l’ex-filiale immobilière à 50% d’Ogeo Fund créée à Anvers en 2010 avec, notamment, Erik Van der Paal, un lobbyiste et promoteur immobilier proche du président de la N-VA Bart De Wever.
Après avoir déjà déposé deux plaintes contre Le Vif auprès du Conseil de déontologie journalistique, après avoir été – avec d’autres acteurs de la « galaxie Publifin » – pointé du doigt pour harcèlement de journalistes par le Conseil de l’Europe en janvier dernier, le fonds de pension piloté par Stéphane Moreau jusqu’en juin 2017 passe donc à la vitesse supérieure et saisit les tribunaux. Il estime que sa réputation a été entachée par nos articles, pourtant factuels et précis, fondés sur de nombreux documents et recoupés.
Parfum de règlement de comptes
Trois procédures en l’espace de quatre mois seulement, c’est du jamais-vu qui traîne un âpre parfum de règlement de comptes. Pour rappel, c’est Le Vif qui avait révélé, en décembre 2016, le scandale Publifin, du nom de cette intercommunale qui fait la pluie et le beau temps chez Ogeo Fund, étant son principal contributeur.
Entre 2011 et 2016, Ogeo Fund a prêté plus de 60 millions d’euros à LIG pour investir dans l’immobilier à Anvers et ailleurs. Notre enquête révèle comment une partie de l’argent des actuels et futurs pensionnés liégeois, qui ont cotisé ou cotisent chaque mois auprès d’Ogeo via leur employeur, a été dépensée par LIG au cours de toutes ces années : rémunérations excessives, frais de restaurants exorbitants, engagement d’une architecte proche de Stéphane Moreau payée 20.000 euros par mois, voyages luxueux au MIPIM à Cannes, factures payées à une société proche des milieux criminels anversois et bruxellois, etc.
Début 2018, au bord de la faillite, LIG a été revendu en deux temps à Triple Living, avec Immobel en embuscade qui en a rapidement acquis 20%. Ogeo Fund n’a pas perdu d’argent dans l’aventure et les pensions continuent bien sûr d’être payées normalement. Ogeo a les reins très solides : il pèse plus de 1,2 milliard d’euros. C’est le cinquième plus important fonds de pension du royaume.
Janne réclame 15 millions
Mais l’affaire est loin d’être terminée. L’homme d’affaires bruxellois Dominique Janne, qui disposait d’une exclusivité pour racheter la participation d’Ogeo dans LIG, réclame de 15 à 25 millions d’euros à Ogeo pour avoir fait « monter les enchères » ayant permis à Ogeo de revendre ses 50% dans LIG à bon prix à Triple Living. Une procédure d’arbitrage est en cours auprès de Me Michel Forges, le bâtonnier de Bruxelles. Dominique Janne, dont la patience s’essouffle, a exigé une solution pour début mai.
Nos révélations sont loin d’être terminées. Nous poursuivrons leur publication malgré ces procédures d’intimidation. En attendant la suite, nos huit premiers articles sur le Land Invest Gate sont accessibles gratuitement.
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