Carte blanche
Nous, professeurs, encourageons les écoliers à sauver le climat
40 ans se sont écoulés depuis la première conférence mondiale relative au climat qui s’est déroulée à Genève. Le « changement climatique » y a été reconnu comme un grave problème à l’échelle mondiale. Les jeunes qui mènent des actions à l’heure actuelle sont conscients qu’il est déjà midi cinq, en ce qui concerne le climat, et que nous devons à présent prendre des mesures urgentes. Aujourd’hui, nous, professeurs, soutenons de tout coeur les écoliers qui entrent en action pour sauver le climat.
Les scientifiques nous donnent jusqu’à 2030 pour que, par le biais de mesures drastiques, le réchauffement ne dépasse pas 1,5 degré. Mais les politiciens tardent à imposer les mesures nécessaires. Le 02 décembre, 75.000 personnes ont parcouru les rues de Bruxelles, la plus grande manifestation pour le climat, dans notre pays. Deux jours plus tard, la Belgique a voté contre la directive sur l’efficacité énergétique que l’Union Européenne a approuvée. Nos quatre ministres de l’énergie trouvent que « ce n’est pas réalisable d’une manière efficace au niveau des coûts ». Les jeunes ne l’ont plus accepté et ont appelé à suivre l’exemple de Greta Thunberg, de Stockholm. La jeune activiste pour le climat a déjà touché des millions d’écoliers à travers le monde : assez d’études, assez de recommandations, à présent, il est temps d’agir. Il n’y a que de cette façon que nous pourrons parler « d’espoir pour l’avenir ».
De nombreux parents, professeurs et directeurs ont manifesté leur soutien jeudi dernier. Qu’en sera-t-il des actions futures ? Si nous prenons la problématique du climat au sérieux, d’autres actions collectives seront également nécessaires dans les semaines à venir. Nous remarquons que de nombreux politiciens et de nombreuses directions préfèrent « qu’il n’y ait pas de grèves ». À juste titre, les jeunes ont répondu que les dirigeants ne les écouteraient jamais s’ils « restent bien gentiment dans les clous ». Greta Thunberg serait-elle connue si elle menait son action dans la classe, pendant la leçon ? Parfois, la désobéissance citoyenne est le seul moyen. Parfois, il est nécessaire d’exercer des pressions pour faire changer le système. Il y a suffisamment d’exemples de cela dans le passé et c’est ce que font aujourd’hui les enfants du climat, avec leur grève et leurs actions.
Certains professeurs et certaines directions sont sincèrement solidaires « en tant qu’êtres humains », mais ne peuvent donner leur approbation « en tant qu’enseignants ». « Le travail scolaire ne peut être compromis, car la ligne d’arrivée est en vue ». Les jeunes réagissent de façon flegmatique, et c’est compréhensible : quelle ligne d’arrivée ? Quel avenir ? Ou : pourquoi étudier des faits que les adultes finissent quand même par nier ?
En tant qu’enseignants, nous nous efforçons de former des élèves actifs, impliqués et engagés. La citoyenneté active est le fer de lance des échéances transdisciplinaires et du projet pédagogique des différents réseaux. Que tout un nombre d’élèves soit prêt à brosser les cours, à manifester ensemble et à en supporter la pleine conséquence (sanctions éventuelles, devoir rattraper des leçons seul(e)s), prouve surtout que nous avons réussi dans cette part de notre mission. Nous pouvons, en tant qu’école, suivre à la lettre les règles en matière de brossage des cours et en même temps être fiers de nos élèves.
C’est pourquoi nous appelons les enseignants et les directeurs à soutenir nos jeunes ! Faisons, en tant que professeurs, ce que l’on attend de nous : apporter à tous les jeunes les connaissances et compétences afin qu’ils comprennent le monde et le changent. Nous avons besoin d’un discours clair en matière de climat, un discours qui ne soit pas seulement scientifiquement correct, mais également solidement étayé socialement et didactiquement. Considérons les actions de nos élèves comme un défi et intégrons avec eux, et à l’intérieur, et à l’extérieur de l’école, le thème du climat. Pas uniquement dans le cadre de nos cours, du dialogue et du débat, mais également par le biais de l’action sociale.
La jeune génération constate avec consternation que lorsqu’il s’agit du climat, le monde adulte manque cruellement à ses devoirs. Heureusement, ils ne s’en contentent pas. Ils secouent le prunier et nous placent devant notre écrasante responsabilité. Nous ne pouvons que nous en réjouir. L’enjeu est une course contre la montre pour l’avenir concret des jeunes qui sont nos élèves. 2030, 2050… ces années-là approchent méchamment. Cela nous semble être une circonstance exceptionnelle d’un intérêt collectif exceptionnel, qui justifie des actions exceptionnelles.
Signataires de cette carte blanche :
- Romy Aerts, Atheneum Bruxelles
- Martial Gego, Athenée royal, Gilly
- Eric Debosscher, Athenée provincial Waroqué, Morlanwez
- Maryvonne Duray, Athenée provincial Waroqué, Morlanwez
- Jauad Elhasnnaoui, Athenée royal Vauban, Charleroi et Athenée royal, Margritte Chatelet
- Jeroen Evenepoel, Lycée Maria Assumpta, Bruxelles
- Cécile Gorré, IPES, Verviers
- Elisa Groppi, Bruxelles
- Michèle Janss, Institut Bischoffsheim, Bruxelles
- Jean-Pierre Kerckhofs, St Julien Parnasse, Auderghem
- Natacha Simmonds, Ecole Escale et Sacré Coeur, Ottignies
- Paul Wernerus, Centre Scolaire Sainte-Julienne, Fléron
(Cette carte blanche a été publiée dans « De Morgen » du 15 janvier, signée par Romy Aerts et 130 enseignants et directeurs de l’enseignement flamand )
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