Carte blanche
Nous ne voulons pas de « safe spaces », symbole de régression, nous défendons des valeurs universelles (carte blanche)
L’Observatoire des fondamentalismes s’indigne de l’organisation d’un événement excluant des personnes qui n’avaient pas la couleur de peau, le genre, ou les pratiques sexuelles souhaités par les organisatrices. Et s’inquiète d’une lame de fond plus large.
Dans nos sociétés démocratiques sécularisées prospèrent des mouvements politico-religieux fondamentalistes qui empruntent bien souvent à des formes propres aux militantismes en vogue tels que l' »Intersectionnalité », le « néoféminisme » ou le « décolonialisme ».
Bien qu’ils soient conservateurs et en rupture avec nos valeurs de liberté et d’égalité, ces mouvements se drapent d’un langage et de concepts vertueux qui trompent un certain nombre de nos concitoyens mais aussi, et c’est plus grave, leurs représentants politiques et associatifs.
L’Observatoire des Fondamentalismes qui s’est donné pour mission de protéger les valeurs démocratiques ainsi que la liberté d’expression et la liberté de conscience a tout naturellement alerté les réseaux sociaux quand un événement se présentant comme une sympathique soirée multiculturelle, précisait en bas de l’annonce sur sa page Facebook, organisé en « non-mixité sans hommes cis-hétéro et sans personnes blanches ».
https://twitter.com/ObservatoireBxl/status/1337393529732141060Observatoire Fondamentalismes à Bruxelles 🇧🇪🇪🇺https://twitter.com/ObservatoireBxl
Et pourquoi organiser une réunion publique entre soi si ce n’est pour exclure ? pic.twitter.com/1706i4yZ5x
— Observatoire Fondamentalismes à Bruxelles 🇧🇪🇪🇺 (@ObservatoireBxl) December 11, 2020
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Le Jeudi 10 décembre 2020 s’est effectivement tenu, selon ces modalités un évènement organisé en distanciel par l’ASBL Imazi Reine en partenariat avec le Centre Librex, La Maison du Livre et Point Culture Bruxelles, soutenu par la Commune de Saint-Gilles (qui a retiré son soutien depuis) .
Cet événement a donc exclu des catégories de personnes qui n’avaient pas la couleur de peau, le genre, ou les pratiques sexuelles souhaités par les organisatrices.
Interpellées, les organisatrices ont prétendu que le « climat misogyne, islamophobe, queerophobe » de la société belge rendait tout simplement impossible la fréquentation de ces catégories de personnes, car leur seule présence fait taire les autres.
Et donc pour pouvoir accueillir certaines personnes discriminées, les organisatrices – qui ne sont guère atteintes de ce mal de timidité quand elles posent sur leur affiche à côté d’un poing levé- en ont donc discriminé d’autres.
A priori on pourrait comprendre cette logique s’il s’agissait de proposer à titre exceptionnel une sorte de sas de décompression pour certaines femmes ou personnes traumatisées incapables de s’exprimer devant un public.
Or ces réunions en « safe space » organisées ici et là en Europe ou aux Etats Unis, cherchent à constituer un mouvement social, à imposer à nos sociétés pluricultuelles une multiculturalité qui abolirait nos principes universels.
Les organisatrices de l’événement, que l’on a vu manifester ardemment contre la décision de la Cour Constitutionnelle autorisant une haute école à interdire le hijab sont proches du Collectif contre l’Islamophobie en Belgique, le jumeau du CCIF lui-même lié aux Frères Musulmans, interdit en France. Elles cherchent à rassembler autour de leur idéologie des populations fragilisées, les seules qu’elles sont en capacité d’influencer par leur discours « anti », anti-blanc, anti straight, anti-occidental, etc..
En Belgique la loi est très claire. Elle protège tous les citoyens sans distinction de genre, de sexualité, de conviction. La neutralité protège la liberté de conscience de chaque citoyen. Et cela, les groupes de l’islam politique qui veulent imposer le voile, et le halal, dans la société belge aimeraient bien le changer. Un moyen d’y parvenir est de disloquer la société pour l’affaiblir et la diviser. L’application de théories identitaires multiculturelles, qui contestent l’universel commun, est un moyen pour y parvenir.
Les femmes (qui se disent, de ce mot affreux, « racisées ») sont à la pointe du mouvement pour des raisons tactiques. En effet, quel homme blanc de plus de 50 ans (situation de domination, aggravante selon ces groupes) se risquerait à dire que ces demoiselles ne sont pas des jeunes femmes pleines de bonnes intentions, mais des étudiantes activistes prêtes à en découdre avec nos valeurs ?
Reconnaissons que pour Monsieur Patrick Charlier, directeur d’Unia, service public de lutte contre les discriminations, et pour les rédacteurs de la presse belge qui, il est vrai, sont souvent des hommes blancs – ce qui soit dit en passant n’est pas une anomalie dans un pays d’Europe compte tenu de son histoire – ce n’est pas si simple. Ils risquent des procès gratuits en sexisme et en racisme.
Nous, nous le disons haut et fort car nous n’entrons pas dans ce jeu de la peur et de l’intimidation. Nous avons parmi nous, toutes les couleurs, tous les genres et toutes les sensibilités politiques et philosophiques. Nous aimons vivre ensemble en Belgique.
Plusieurs médias ont relayé notre signalement. D’autres ont donné la parole aux organisatrices comme pour s’assurer que « tout allait bien ». Les militantes n’ont pas manqué de présenter leur événement pourtant très objectivement ségrégationniste, comme une nécessité pour donner la parole aux dominés. UNIA a répété mots pour mots sur la page d’accueil de son site internet, les arguments des organisatrices : « L’organisation de ces « safe space » doit se faire en s’adressant prioritairement aux groupes-cibles concernés (« réservé aux victimes de discrimination, de racisme, aux personnes issues de minorités ethniques, sexuelles, aux lesbiennes… ») en évitant de communiquer de manière excluante (« interdit aux blancs, aux hétéros… ») et quoi qu’il en soit jamais sur base de la couleur de la peau. »
Il est regrettable qu’Unia et les médias qui ont relayé ces paroles n’aient pas poussé plus loin leur investigation au sujet du collectif Imazi-Reine. S’ils avaient lu l’un des livres de référence de ce mouvement décolonial Les Blancs, les Juifs et nous signé Houria Bouteldja, ils auraient compris à quoi et au nom de quoi sont organisés ces « safe spaces ».
Les militantes politiques de cette mouvance évoquent un « outil de survie », mais il est bien connu maintenant que cette tactique vise surtout à culpabiliser, à fragiliser le tissu social. Leur incapacité à se confronter intellectuellement à autrui est particulièrement remarquable dans l’utilisation de l’assertion infantile: « Et puis c’est tout! » par laquelle elles ont répondu pour se justifier.
Il est très inquiétant qu’UNIA non seulement défende mais cautionne la tenue de tels évènements. L’organisme devrait défendre tous les citoyens qui subissent des discriminations sans distinction. Pourra-t-on désormais faire confiance à sa neutralité et sa rigueur afin de faire appliquer la loi?
Soyons clair, chacun peut adhérer à cette idéologie, nous sommes en démocratie. Le problème c’est quand elle devient hégémonique.
Heureusement quelques rares voix se sont fait entendre. Celle du conseiller CPAS forestois, Youssef Lakhloufi (MR) qui a qualifié à juste titre cet évènement de « dérive racialiste et sexiste », celle de Nicole Nketo Bomele (DeFi) évoquant les safe-spaces comme un « échec sociétal » sur la page Facebook du groupe parlementaire bruxellois. Le soulagement était manifeste chez certains citoyens de voir que des élus avaient osé prendre la parole. Nous avons parlé avec l’un d’entre eux qui nous a confirmé qu’il aurait été plus difficile qu’une personne appartenant aux groupes rejetés par l’événement prenne la parole. Nous apprenions donc que notre point de vue est assez largement partagé, mais que nos politiques n’osent simplement pas le dire publiquement.
Veut-on réellement en Belgique une société composée d’addition de minorités (ethniques, sexuelles, genrées…)?
Alors faut-il interdire ces événements?
Si l’on a envie de faire preuve de racisme, de sexisme, de misandrie ou d’hétérophobie chez soi en privé, pourquoi pas, mais l’État n’a pas à financer ou cautionner cela d’une manière ou d’une autre.
On ne peut pas mettre à part toute une partie de la population en se basant sur un sentiment de persécution mal fondé ou en prévision d’un risque de violence qu’en réalité on est en train de produire. Organiser la ségrégation entre blancs et « racisés », ce n’est pas autre chose que du racisme. Intellectuellement c’est flou et malhonnête. Que met on derrière le terme racisé ? Considère-t-on comme « racisées » les personnes d’origine asiatique, arménienne, polonaise, mexicaine ? De quelles couleurs sont les maghrébins ? Nos concitoyens coptes d’origine libanaise sont-ils « blancs »? Les lycéens juifs bruxellois qu’une récente enquête montre discriminés sont-ils ou non racisés ?
L’Observatoire en appelle à la vigilance des élus, des médias et des citoyens pour que ces pratiques ségrégationnistes cessent. Nous demandons également à UNIA de s’expliquer sur ce soutien, de ne pas reprendre les éléments de langage de ces associations, ou alors de changer de direction. Nous invitons la presse qui a justement alerté à investiguer davantage et ainsi contribuer à protéger la liberté d’expression en donnant la parole à tous, sans tomber dans le piège du chantage victimaire.
L’Observatoire des fondamentalismes
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