NewB: où en est la levée de fonds de la dernière chance ?

Caroline Lallemand Journaliste

La coopérative NewB est dans la toute dernière ligne droite pour sa récolte de fonds afin d’obtenir une licence bancaire en bonne et due forme. Il lui reste 10 jours pour atteindre les 30 millions d’euros nécessaires à la constitution d’un panier de fonds propres suffisants. On fait le point.

NewB se profile comme la nouvelle banque éthique et durable dans le secteur bancaire belge. Un projet de « banque coopérative, participative, professionnelle, socialement et écologiquement responsable », comme elle se décrit sur son site. NewB promet que l’argent qui lui sera confié « puisse contribuer à une société respectueuse de la planète et des droits humains ».

La genèse de NewB remonte à 2011 sous l’impulsion de 24 organisations sociétales, en réponse à la crise financière. Depuis 8 ans, la banque en devenir travaille d’arrache-pieds afin de convaincre les autorités et les régulateurs de son sérieux. Le 25 octobre dernier, NewB s’est lancée dans une importante collecte de fonds, appuyée par une grande campagne de communication. Cette levée de fonds est adressée aux particuliers qui peuvent souscrire des parts à partir de 20 euros ainsi qu’aux institutions. Réalisée sur une période très courte de 5 semaines, un délai légalement imposé, elle constitue la dernière étape d’un calendrier strict, étalé sur 12 mois, fixé avec la Banque nationale de Belgique (BNB, superviseur du secteur financier) et la FSMA (autorité de contrôle), explique le journal Le Soir. Depuis le début, les initiateurs ont décidé que 80 % des fonds devraient, au moins, être apportés par des particuliers, le solde devra être constitué d’apports d’investisseurs institutionnels, en ligne, eux aussi, avec les valeurs de la future banque.

« Il faut souligner que la moitié des soutiens proviennent de nouveaux coopérateurs, on compte sur le fait que les anciens (ils étaient environ 52.000 à avoir déjà investi dans NewB avant le 25 octobre, NDLR) se manifestent durant les derniers jours », explique son président Bernard Payot au journal francophone. L’équipe de NewB s’est lancée depuis le début de la campagne dans un marathon de conférences au quatre coins du pays afin d’obtenir le plus grand nombre de souscripteurs avant la date fatidique du mercredi 27 novembre à minuit.

L’apport des investisseurs professionnels est plus modeste. « Les institutionnels sont limités à 4,5 millions d’euros parce qu’au-delà de ce montant, la BNB doit effectuer des vérifications sur la provenance des fonds, le profil de l’investisseur… Un processus qui prend environ trois mois. On ne serait donc plus, de toute façon, dans les délais impartis. Nous n’avons pas de plan B. Si la campagne ne fonctionne pas, nous convoquerons une assemblée générale pour décider de notre avenir avec nos coopérateurs« , explique au Soir Bernard Payot.

Deux d’entre eux ont déjà formalisé leur engagement: la Fondation pour les générations futures, à hauteur de 400.000 euros, et la société coopérative Smart, pour 200.000 euros. Le Conseil d’Administration de finance&invest.brussels, le bras financier de la Région de Bruxelles-Capital, a annoncé ce 19 novembre son soutien à la coopérative à hauteur de 400.000 euros. Par voie de communiqué, finance&invest.brussels annonce qu’elle pourrait, si l’objectif de levée de 30 millions d’euros n’est pas atteint, la soutenir avec un montant complémentaire portant sa participation totale à 1 million d’euros.

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Le contre-la-montre est donc lancé. Il reste dix jours pour récolter les millions d’euros restants sur les 30 nécessaires à la constitution d’un panier de fonds propres suffisants, qui permettront à NewB d’obtenir sa licence bancaire européenne tant espérée. Si la levée de fonds se déroule comme espéré et si la BCE accorde l’agrément, une décision attendue pour le 24 février 2020 au plus tard, NewB pourra commencer ses activités bancaires en mai ou juin 2020. Des activités annoncées comme « éthiques, transparentes et 100% tournées vers la transition énergétique » avec des crédits qui seront entièrement consacrés à la mobilité douce, à la performance énergétique des bâtiments et à la petite production d’énergie renouvelable. « C’est un moment important et même historique puisqu’il n’y a plus eu de création de banque ‘from scratch’ en Belgique depuis plus de 50 ans », selon Bernard Bayot. A l’heure d’écrire ces lignes, NewB avait convaincu 7.151 investisseurs. Le compteur atteignait 5.502.340 d’euros.

La levée de fonds en pratique

Comme le détaille le « disclaimer » qui accompagne obligatoirement toute communication de NewB adressée au public, le projet ne pourrait jamais voir le jour. « NewB ne dispose pas d’agrément comme établissement de crédit et pourrait ne jamais l’obtenir ». Elle prévient donc ses souscripteurs qu’ils courent le risque élevé de perdre une partie ou la totalité du montant investi. Avant de souscrire aux parts, les investisseurs potentiels doivent lire attentivement le Prospectus complet avec une attention particulière pour les facteurs de risques (voir Avertissement des pages 1 à 3, Section 3 (Résumé) et Section 6 (Facteurs de risques)). En cas d’échec de la campagne de levée de fonds, chaque partie récupérera son argent.

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