Joyce Azar
Mouvement flamand : Bert et Bart sont dans un bateau
« La vie, c’est ce qui arrive quand on a d’autres projets », disait John Lennon. Le chanteur se retournerait probablement dans sa tombe s’il savait que sa citation avait été reprise par un ancien membre du Vlaams Belang, Bert Schoofs, fraîchement nommé directeur du Vlaamse Volksbeweging.
Fier comme un coq, Bert Schoofs a ainsi annoncé sur son blog sa nomination au poste de directeur du Vlaamse Volksbeweging (VVB), une nouvelle fonction taillée sur mesure pour redonner du souffle à un Mouvement populaire flamand à la dérive.
Jusque-là, l’avocat de 49 ans avait siégé quinze ans à la Chambre dans les rangs du parti d’extrême droite, formation qu’il a quittée en 2014 pour cause d’échec électoral. Aux côtés du président Bart De Valck, sa mission sera de jouer le milieu de terrain : entre la tête du groupe de pression flamingant et sa base arrière. Mais aussi, et surtout, d’attirer de nouvelles recrues, jeunes de préférence.
En recrutant un ancien du Belang, le VVB, toujours subsidié par la Communauté flamande, opte pour la ligne dure
Il faut dire que, malgré des idéologies partagées par la N-VA, le VVB a perdu sa gloire d’antan, ce qui explique sans doute pourquoi l’information n’a suscité que peu d’intérêt auprès des médias, même flamands. Depuis les années 1990, le Mouvement populaire a été sucé jusqu’à l’os par les partis favorables à l’autonomie de la Flandre. Mené à l’époque par Peter De Roover, actuel chef de groupe N-VA à la Chambre, et l’actuel ministre de l’Intérieur, Jan Jambon, le VVB, flamboyant et tenace, optait résolument pour l’indépendance flamande. Depuis, ses membres ont fait désertion, principalement pour rejoindre les troupes conquérantes de Bart De Wever. En 2012, ce dernier confiait sans scrupule : » La seule contribution que peut encore offrir le VVB à une Flandre indépendante, c’est de cesser d’exister. »
Son souhait ne fut pas loin de s’accomplir. C’était sans compter le dernier épisode qui a vu la N-VA se déchirer, il y a quelques semaines : Hendrik Vuye et Veerle Wouters, chargés par le parti d’une mission institutionnelle, ont claqué la porte, estimant avoir été bâillonnés alors qu’ils exprimaient leurs revendications communautaires. Pour le VVB, l’occasion de revenir sur le devant de la scène était trop belle : les téléspectateurs de la VRT ont notamment pu assister à un clash féroce entre l’actuel président du Mouvement et son ancien patron, Peter De Roover, qui défend désormais bec et ongles la mise au frigo des dossiers communautaires. Face aux critiques de Bart De Valck sur la passivité institutionnelle du parti nationaliste flamand, Eric Defoort, lui aussi ex-président du VVB, et cofondateur de la N-VA, a opté pour une attaque frontale dans Het Nieuwsblad : » Le vrai Mouvement flamand se trouve aujourd’hui au Parlement. Il lutte dans la pratique contre les structures, alors que le Mouvement populaire est devenu un petit club de masturbation : il se fait intimement plaisir à brailler en faveur de l’indépendance flamande, mais est en fait complètement stérile. »
La rupture est-elle désormais totale entre le parti nationaliste flamand et son groupe de pression ? Rien n’est moins sûr, les deux fractions demeurant intrinsèquement liées. Mais en recrutant un ancien du Belang, le VVB, toujours subsidié par la Communauté flamande, opte pour la ligne dure. Parviendra-t-il pour autant à forcer le chemin des nationalistes vers l’indépendance de la Flandre ? Sur le pureplayer flamingant Doorbraak, Bert Schoofs se prend à rêver, façon Imagine de John Lennon : » Ça peut aller vite. Quand j’avais 16 ans, on me disait que nous ne connaîtrions plus la chute du mur de Berlin. Sept ans plus tard, cette aberration était en ruine. «
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