Mort de Mawda: le rapport du Comité P remis en cause
Dans son rapport sur l’incident de tir qui a coûté la vie à Mawda, une enfant de 2 ans, en mai 2018, le Comité P s’est concentré sur des problèmes de communication et de coordination, en omettant de poser des questions cruciales, selon des informations divulguées lundi par Paris Match Belgique, qui a pu se procurer le dit rapport. Le magazine annonce que des parlementaires commenceront à en débattre mardi à 09h30.
L’enquête du Comité P porte sur la poursuite menée sur l’autoroute, en excluant l’incident de tir qui sera examiné lors de la procédure judiciaire. Cette course-poursuite aurait eu lieu à 90 km/h en moyenne.
Le Comité P confirmerait l’inscription de cette poursuite dans le cadre politique d’une opération Medusa, qui concerne la montée de migrants dans les camions stationnés sur les parkings autoroutiers. Il se serait aussi livré à l’analyse de documents de la police fédérale pour évoquer les bonnes pratiques en cas de poursuites et interceptions de véhicules. L’exercice visant à atteindre une cible en mouvement à partir d’une position elle-même en mouvement est, en conclusion, considéré comme hasardeux.
La tenue d’une réunion policière le 31 mai 2018, dévoilée par Paris Match Belgique plus tôt, est confirmée, de même que plusieurs débriefings opérationnels organisés entre le 22 mai 2018 et le 06 juin 2018. Le Comité P n’émet cependant aucune critique à propos de ces assemblées policières, suspectées de possible « coalition de fonctionnaires » par Me Alexis Deswaef.
Absence de confrontations
Le journaliste de Paris Match Belgique pointe encore l’absence de confrontations, même en cas de contradictions (comme c’est le cas entre l’auteur du tir et son co-équipier), les enquêteurs ayant choisi d’éviter de réentendre les acteurs et de se limiter aux auditions réalisées. Ils ont cependant pris le temps, toujours selon l’article, de rencontrer différents policiers, parmi lesquels des membres de la police de la route.
Le rapport aurait ensuite été communiqué au Commissaire général de la police fédérale afin qu’il puisse faire valoir son point de vue. Ce dernier a remercié les enquêteurs pour « la garantie du caractère contradictoire tout au long de l’enquête de contrôle et à la mise en harmonisation subtile avec l’instruction en cours. Le rapport ne reviendrait pas non plus sur les 40 minutes de délai entre l’interception de la camionnette et l’alerte au parquet, sans mention initiale d’un tir. Il n’aborderait pas la présence de l’auteur du tir sur la scène de crime ou encore la première version policière de « l’enfant-bélier ».
Si les communications avec le dispatching n’ont pas été enregistrées à cause d’une défaillante technique observée depuis fin avril 2018, le rapport du Comité P ne mentionne pas non plus la conversation téléphonique, environ 1h30 après le coup de feu, entre le policier-tireur et le dispatcheur, où se dernier conclurait « On est enregistrés. Moins on en sait, mieux c’est ». En omettant d’éclairer ces zones d’ombre, Paris Match Belgique estime dans cet article que le Comité P montre son incapacité à remplir son rôle de contre-pouvoir, un manque d’indépendance ayant déjà été signalé par les juridictions européennes.
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