Maxime Prévot (cdH) © BELGA

Maxime Prévot, le plus libéral des CDH ?

François Brabant Journaliste politique au Vif/L'Express

Résolument au centre-droit, le bourgmestre de Namur et vice-président du gouvernement wallon ne détonerait pas au MR. Mais sa foi dans le secteur associatif fait de lui un pur produit CDH.

La règle a jadis été édictée par Gérard Deprez, quand il dirigeait le Parti social-chrétien. Lorsqu’une formation centriste gouverne avec les socialistes, elle doit nommer en priorité des ministres de centre-droit. En revanche, en cas d’alliance avec les libéraux, mieux vaut désigner des personnalités de centre-gauche. Simple comme bonjour, la loi de Deprez repose sur un principe physique élémentaire : faire contrepoids pour mieux ramener la balle au centre. Le choix de Maxime Prévot comme vice-président du gouvernement obéit-il à une considération de ce type ? « Cela n’a pas du tout été l’élément essentiel », assure Benoît Lutgen, le président du CDH.

Son positionnement au centre-droit, Maxime Prévot a d’ailleurs tenu à l’imprimer dès le premier jour de la législature. « Il n’y aura pas de nouveau impôts. J’y ai personnellement veillé », a-t-il asséné lors de la conférence de presse présentant la nouvelle coalition régionale. Le coup, paraît-il, a déstabilisé jusqu’au ministre-président Paul Magnette, qui ne l’avait pas vu venir. « Avec Catherine Fonck, André du Bus et Carlo Di Antonio, Maxime fait partie de ces personnalités qui seraient montées dans un gouvernement fédéral de centre-droit sans aucun état d’âme, objecte un ancien élu CDH. Le blocage, c’était la N-VA. Ce n’est pas la droite qui posait problème, mais la droite nationaliste. »

C’est sans doute en 2009 que Maxime Prévot a montré de la façon la plus claire toute la méfiance que lui inspire la domination socialiste. Rétroactes : dans la foulée des élections régionales, CDH et Ecolo ont lié leurs destinées. Reste à choisir le troisième partenaire, PS ou MR. De nombreux centristes penchent pour la seconde option, mais les premiers contacts avec le MR se révèlent épouvantables. A un point tel que Melchior Wathelet et Benoît Lutgen, au départ tentés par la « jamaïcaine », en viennent à douter. Le soir du 15 juin, le CDH convoque son bureau politique à l’hôtel Les 3 Clés, à Gembloux. Le choix d’une coalition avec le PS est avalisé à main levée, peu après 22 heures. Seuls quelques votants s’abstiennent. Parmi eux : au moins trois ténors – Maxime Prévot, Catherine Fonck et Carlo Di Antonio.

A Namur, Maxime Prévot a imposé un règlement interdisant la mendicité dans le centre-ville. Il a aussi prohibé les signes religieux distinctifs dans l’administration et les écoles. « Il a clairement une vision de centre-droit, estime l’échevine libérale Anne Barzin. Je lui dis souvent que son seul défaut est de ne pas avoir sa carte au MR. S’il siégeait dans notre groupe au parlement wallon, il ne détonnerait pas du tout. » L’affirmation doit être relativisée. Si Maxime Prévot s’entend bien avec des libéraux sociaux, tels Willy Borsus ou Hervé Jamar, il éprouve davantage de difficultés face à des élus plus nettement marqués à droite, comme Denis Ducarme.

« Maxime Prévot est un libéral dans le sens noble du terme, développe son chef de cabinet, Philippe Buelen. Il est l’une des personnalités du CDH les plus attentives au dynamisme économique. » Comme député wallon, sous la précédente législature, il s’est singularisé par une position assez nette en faveur du service minimum, en cas de grève dans les transports publics. De même, il a vertement critiqué le décret « expropriation » de Jean-Claude Marcourt. Ce texte, rédigé suite à la décision d’ArcelorMittal de fermer la quasi-totalité de ses usines liégeoises, visait les entreprises qui refusent de céder leurs outils à un repreneur. « On revient à l’ère soviétique », s’était plaint Maxime Prévot. « L’argent public n’existe pas, il n’y a que l’argent des contribuables. Cette formule de Margaret Thatcher, je l’endosse sans problème. Et Maxime l’approuve aussi, j’en suis certain », assure Jacques Etienne, ex-bourgmestre CDH de Namur.

Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec :

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