Mathieu Michel (MR), secrétaire d'Etat en charge de la régie des batiments publics © Belga

Mathieu Michel, l’erreur de casting (analyse)

Olivier Mouton Journaliste

Le secrétaire d’Etat fragilise décidément l’équipe libérale au gouvernement fédéral. Il paye son nom et peine à se faire un prénom. On ne lui pardonne rien.

Décidément, la nomination au gouvernement fédéral de Mathieu Michel, frère de Charles et fils de Louis, ne cesse de susciter l’ironie. Chaque jour qui passe, des critiques s’élèvent sur son manque de compétence pour mener à bien la tâche qui lui a été confiée par le président du MR, Georges-Louis Bouchez: porter haut la stratégique digitale de la Belgique.

On lui avait déjà reproché son absence des réseaux sociaux et son site internet disons peu à jour: il a actualisé cela rapidement, c’est vrai. On s’est esclaffé en raison de son néerlandais disons approximatif lors de la présentation de sa note d’intention politique au parlement fédéral : il avait dû rétropédaler dare-dare en évoquant sa connaissance de la langue, son souci de respecter l’autre communauté, mais en reconnaissant un « manque de pratique ». Depuis, il s’emploie à communiquer dans les deux langues en se disant déterminer à « fédérer toutes les énergies du territoire et viser le top européen« . Sa bonne volonté est manifeste, mais sera-t-il en mesure de le faire?

https://twitter.com/mathieumichel/status/1331527642395389952Mathieu MICHELhttps://twitter.com/mathieumichel

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Mais on ne lui passera décidément rien et un entretien accordé à L’Echo ce mercredi matin en témoigne à nouveau. Le secrétaire d’Etat se dit soucieux de balayer les critiques avec une détermination qui fait étrangement penser à son frère Charles: « Si je fais le job, on m’appellera Mathieu et non plus Michel« . Comme s’il s’agissait de s’émanciper, lui aussi, de l’emprise paternelle très importante. Or, la perception sera toujours, qu’il le veuille ou non, celle d’un choix dicté par le nom, notamment pour préserver sa notoritété et, ce faisant, l’emprise électorale de la famille en Brabant wallon.

Alors que le journaliste lui demande de citer des entreprises modèles pour la Belgique dans le domaine,Mathieu Michel s’emberlificote à nouveau. « A part Oodoo, quelles autres entreprises belges digitales sont selon vous des exemples à suivre? », demande le journaliste. « Odoo est celle que je connais le mieux », répond Mathieu Michel, avant de réfléchir et de confesser: « Les autres noms ne me reviennent pas, vous me prenez à froid ». Son collaborateur fournira d’autres noms un peu plus tard.

https://twitter.com/maxsamain/status/1331482870590869506Maxime Samainhttps://twitter.com/maxsamain

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Bien sûr, il ne convient pas toujours pour un ministre de disposer d’une connaissance technique très pointue pour gérer une matière. Une équipe est là pour donner corps aux impulsions données. En le défendant encore et encore, Georges-Louis Bouchez demande qu’on le juge sur ses actes et rappelle… qu’un diplôme de médecin n’a pas forcément permis à Maggie De Block de briller au ministère de la Santé. Mais le président du MR passe un temps considérable à défendre son choix, pour un casting ministériel fédéral qui, rappelons-le, a été à deux doigts de lui coûter son poste.

La désignation a, en outre, réveillé une guerre clanique au sein du parti, alors que les tensions avaient été globalement apaisées. Ce week-end, le désormais commissaire européen Didier Reynders en a rajouté plusieurs couches en affirmant qu’il était « déplorable » que des secrétaires d’Etat ne parlent pas le néerlandais (cela concerne Mathieu Michel, mais aussi l’écologiste Sarah Schlitz). Et en ajoutant: « Si on ne renomme pas les ministres sortants du gouvernement, il fallait vraiment désigner quelqu’un d’exceptionnel ». Sous-entendu: ce n’est pas le cas. Les rivalités internes sont toujours les plus assassines.

C’est ce que l’on appelle, décidément, une « erreur de casting », jusqu’à preuve du contraire.

https://twitter.com/GLBouchez/status/1330789123666415616Georges-L BOUCHEZhttps://twitter.com/GLBouchez

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