Manifestation contre les mesures sanitaires: la police a procédé à 228 arrestations administratives et 11 arrestations judiciaires
À Bruxelles, 228 personnes ont été arrêtées administrativement pour trouble à l’ordre public et 11 autres, dont trois mineurs, ont été arrêtées judiciairement pour détention d’arme, rébellion face aux forces de l’ordre et dégradations lors de la manifestation contre les mesures sanitaires qui s’est tenue dimanche dans la capitale, a indiqué lundi la zone de police Bruxelles/Ixelles. Le cortège s’est déroulé dans le calme mais des heurts ont éclaté entre protestataires et forces de l’ordre à la fin de l’événement.
La « Manifestation européenne pour la démocratie » entendait susciter un débat de société sur les mesures sanitaires visant à contrer la pandémie de coronavirus. Le cortège de 50.000 personnes, selon le décompte de la police, s’est élancé en fin de matinée de la gare du Nord pour se rendre au coeur du quartier européen, dans le parc du Cinquantenaire. C’est à la fin de l’événement, dans le quartier européen, que des heurts ont opposé des protestataires et les forces de l’ordre. Trois policiers et 12 manifestants ont été emmenés à l’hôpital. Aucun ne s’est trouvé en danger de mort.
« Totalement inacceptables »
La ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden ne cache pas sa colère face aux images des manifestations contre les mesures sanitaires. D’autres hommes et femmes politiques ont également réagi face à cette vague de violences envers la police.
La ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden (CD&V) qualifie la violence lors de la manifestation contre les mesures coronaà Bruxelles dimanche de « totalement inacceptables ». Le ministre a également rejoint les syndicats de police sur Radio 1 lundi, qui ont été choqués après les violences contre la police lors de la manifestation.
De nombreuses personnes ont fait l’objet d’une arrestation. Selon la ministre Verlinden, il s’agit de profils très divers : à la fois des personnes issues de l’extrême gauche et de l’extrême droite, mais aussi des personnes venues de l’étranger. Selon le ministre, la police analyse actuellement les images des caméras pour identifier d’autres auteurs. Au total, 228 personnes ont été arrêtées administrativement (204 Belges, 11 Français, 8 Néerlandais, 3 Allemands et 2 Polonais) pour trouble à l’ordre public et ont été relâchées après identification. De plus, 11 personnes ont été arrêtés judiciairement (6 Belges, 3 Français, 1 Néerlandais et 1 Afghan) pour détention d’arme, rébellion et dégradations.
« Ce n’est pas tolérable. C’est notre capitale et nous ne pouvons pas tolérer que de telles dégradations soient commises contre des infrastructures publiques et privées. La Justice entamera des poursuites« , a poursuivi Annelies Verlinden. Cette dernière a enfin assuré soutenir l’indignation des syndicats de police qui se sont dits profondément choqués par ces violences.
« Je soutiens donc aussi l’indignation des syndicats de police qui sont vraiment choqués par ces violences », déclare-t-elle. Le syndicat de police NSPV avait précédemment réagi très en colère que la violence ait de nouveau été utilisée contre des policiers dimanche. « Nous sommes dans une énorme polarisation. La police ne devrait vraiment pas en être victime. Chaque jour, il devient clair que la police est responsable de ce qui ne va pas dans ce pays », a déclaré Carlo Medo de NSPV. « Bâtir le respect mutuel est un travail de longue haleine, a déclaré le ministre Verlinden.
Les politiques réagissent
Il n’a pas fallu attendre longtemps avant que les politiciens réagissent. « La liberté d’expression est l’un des fondements de notre société », a déclaré le Premier ministre Alexander De Croo. « Chacun est libre de manifester son opinion. Mais notre société n’acceptera jamais la violence aveugle, et encore moins à l’égard de nos forces de l’ordre. Les personnes impliquées ce dimanche seront poursuivies. »
Le bourgmestre de Bruxelles Philippe Close a aussi tenu à s’exprimer sur les manifestations. Il a qualifié la journée de « difficile » : « Rien ne peut justifier les agressions physiques dont ont été victimes les forces de l’ordre. En concertation avec le procureur du Roi, nous ferons tout pour identifier les auteurs. »
« Les images de la manifestation aujourd’hui à Bruxelles sont interpellantes« , affirme le ministre-président de la Région bruxelloise Rudi Vervoort. « Le droit de manifester n’est pas une excuse pour détruire notre ville et attaquer notre police. Nos services mettent tout en oeuvre pour retrouver et punir les auteurs de ces actes inacceptables. »
Du côté du ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Pierre-Yves Jeholet, il dit « comprendre la demande de liberté » exprimée par les dizaines de milliers de manifestants qui ont arpenté les rues de Bruxelles. Il a cependant fermement condamné, lundi matin, les violences qui ont suivi.
« Je me sens concerné par cette demande de liberté. Je la comprends. Mais ce qu’il s’est passé hier était inacceptable et scandaleux. On doit vraiment avoir une politique de tolérance zéro et une fermeté beaucoup plus grande à l’égard de ces casseurs. On ne peut plus accepter de telles violences vis-à-vis des métiers d’autorités », a-t-il dit sur LN24 et dans l’émission Matin Première sur la RTBF. « Quand on étudie le pédigrée des organisateurs de la manifestation, ça pose aussi question« , a-t-il ajouté en appelant à l’action le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne. « Dans une manifestation, 50.000 personnes c’est énorme. Et il y a aussi une masse silencieuse qui ne manifeste pas. Notre population est fatiguée et on doit s’en rendre compte », a-t-il toutefois ajouté.
Une fatigue également soulignée par la co-présidente d’Ecolo, Rajae Maouane. « On sent une fatigue, une lassitude démocratique extrêmement importante et ça nous inquiète », a-t-elle dit sur Bel RTL. « Il faut recréer le débat, ouvrir les discussions (notamment via un G1000 citoyen demandé par Ecolo, ndlr). Ce serait une erreur de faire des amalgames et de mettre tous ces manifestants dans un bloc homogène. Parmi les manifestants qui étaient là, certes il y avait une grande partie d’extrême droite mais tous ne l’étaient pas. Il est plus que temps de jeter des ponts et de ne plus polariser », a-t-elle encore estimé.
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