Lutte contre l’islamophobie: le CCIF dissout par le gouvernement français, autorisé en Belgique
L’installation du Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE) à Bruxelles, avenue Louise, fait grand bruit en Belgique.
L’installation du Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE) à Bruxelles, avenue Louise, fait grand bruit en Belgique. Cette organisation est l’héritière du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) qui s’est auto-dissous le 29 octobre 2020, avant que le gouvernement français ne le dissolve officiellement le 2 décembre 2020, au terme d’une instruction fouillée ayant abouti au décret que publie Le Vif ci-dessous.
L’Etat français reproche au CCIF d’avoir qualifié d’islamophobes des mesures prises dans le but de prévenir des actions terroristes et de prévenir ou combattre des actes prescrits par la loi. » Plus grave : il lui reproche « des agissements en vue de provoquer des actes de terrorisme en France ou à l’étranger » et, après l’attentat contre Charlie Hebdo et la décapitation de Samuel Paty, de ne pas avoir modéré les commentaires extrémistes qui étaient déposés sur son compte. Certains de ses anciens membres contestent la dissolution du CCIF devant le Conseil d’Etat français.
Le CCIF a patronné la création du Collectif contre l’islamophobie en Belgique (CCIB), en lui accordant la licence d’un logo commun.
Le CCIB revendique toutefois son indépendance par rapport au CCIF, mais, selon une source sécuritaire consultée par Le Vif, ils appartiennent tous les deux à la même mouvance des Frères musulmans. Le débat sur l’islamisme étant mené en Belgique de façon beaucoup plus feutrée qu’en France, le CCIB s’est installé sans coup férir dans le paysage institutionnel belge (trois de ses membres sont ou ont été candidats ou mandataires Ecolo). Seul le Centre communautaire laïc juif (CCLJ) l’a déclaré infréquentable. Tous les partis politiques, à l’exception du MR, ont envoyé des représentants à son gala de 2019 destiné à récolter des fonds. Les logos de la Fédération Wallonie-Bruxelles, de la Région de Bruxelles-Capitale (dont le CCIB reçoit des subsides) et de Unia (avec qui un partenariat a été noué) figuraient sur la présentation du gala de 2018.
Unia réagit
Après l’annonce de l’intention du ministre de l’Intérieur, Gérard Darmanin, de dissoudre le CCIF, Patrick Charlier, directeur francophone de Unia, avait déclaré au Vif qu’il s’enquerrait auprès de son homologue français, la Défenseure des Droits (DDD), Claire Hédon, de ce qu’il fallait penser du CCIF, avant de prendre éventuellement attitude sur le CCIB. Résultat : « La DDD nous a dit que la question de leur participation à leur conseil de concertation ne se posait plus à partir du moment où le CCIF avait décidé de sa propre dissolution. » Il avait également fait part de son intention de demander un avis à la Sûreté de l’Etat (VSSE). Là aussi, c’est chou blanc : « En l’absence d’indication de la VSSE que nous avons sollicitée nous poursuivons nos contacts comme par le passé. »
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