Lits en soins intensifs, reports des soins… Les nouvelles directives jugées irréalistes par les hôpitaux
Selon une circulaire émise mardi par le Comité Hospital & Transport Surge Capacity (HTSC), les hôpitaux devront désormais réserver 60% de lits en soins intensifs aux patients covid et reporter de deux semaines les soins non urgents. Une demande jugée irréaliste par les directions médicales du Réseau hospitalier namurois (RHN).
« Nous déplorons d’apprendre aussi tardivement que les modélisations mathématiques prévoient un débordement des capacités hospitalières endéans les deux semaines. Pour pouvoir anticiper et gérer au mieux nos activités, nous avons à plusieurs reprises demandé à l’Inspection d’Hygiène Fédérale de pouvoir disposer des résultats de ces modélisations ainsi que de l’occupation réelle des hôpitaux de l’ensemble du pays. Ces demandes sont restées vaines », regrette le RHN, qui demande également des précisions sur les modalités concrètes du plan de répartition des patients entre les différents établissements hospitaliers du pays.
« Nous vous demandons explicitement si les auteurs de cette circulaire déchargent officiellement les [directions] de la responsabilité éthique et juridique qu’entraîne cette injonction (…). En l’absence de réponse écrite de votre part, nous considérons que ce sera le cas. »
Un cruel manque d’informations
Les établissements hospitaliers soulignent aussi qu’aucune circulaire n’a précisé ce qu’étaient les « soins urgents et nécessaires » et demandent: « la circulaire (…) nous précise sans ambiguïté que 800 lits des soins intensifs du pays sont nécessaires pour assurer ces soins urgents et nécessaires, soit 40% des lits agréés (…) pourriez-vous nous confirmer que nous pouvons nous baser sur ce ratio dans le calcul des lits que nous pouvons consacrer aux patients non-covid dans nos unités de soins intensifs ? ».
Le RHN émet enfin « de vives réserves » sur la réaffectation demandée du personnel de bloc opératoire et de salle de réveil pour la pleine capacité des soins intensifs de la phase 1B, « qui nous expose, au mieux, à majorer l’absentéisme pour cause de maladie (burnout), au pire, à accélérer le nombre croissant de démissions. »