Les syndicats devant la Chambre pour protester contre l’obligation vaccinale des soignants
La CSC et la FGTB se sont rendues mardi matin devant la Chambre, rue de Louvain à Bruxelles, pour interpeller les membres de la commission Santé, qui se réunissaient à 10h00 avec, à l’ordre du jour, le projet de loi du gouvernement concernant l’obligation vaccinale des soignants. Le sujet a toutefois été reporté.
Une soixantaine de militants et militantes étaient présents. La mobilisation s’est passée dans le calme, ponctuée de nombreux discours des représentants syndicaux, disant tout le mal qu’ils pensaient de ce projet de loi.
Il est interdit de manifester devant la Chambre, qui fait partie de ce que l’on appelle la zone neutre. « On veut absolument rencontrer les parlementaires », a justifié Yves Hellendorff, secrétaire national non marchand pour la CNE, qui a ajouté que l’action dans ce périmètre interdit visait à « montrer la détermination » des syndicats contre ce projet de loi. La police, présente, a toléré l’action, qui s’est terminée vers 10h30.
Les syndicats ont accroché, devant les bâtiments, des blouses du personnel médical fabriquées avec des sacs poubelle bleu, ainsi que plusieurs pancartes proclamant « pourquoi stigmatiser les soignants? » ou encore « on a besoin de tous les collègues, pas de soignants fantômes! ». Des flyers étaient également distribués aux députés qui arrivaient.
Pour les syndicats, interdire à des praticiens d’exercer parce qu’ils ont fait le choix de ne pas se faire vacciner contre le Covid-19 est « de plus en plus indécent » au vu de la situation épidémiologique et du passage en code jaune. « Cela n’a aucun sens dans le contexte actuel et va aggraver la pénurie des soignants », a estimé Sarah Devigne, de la CNE. « Le vaccin est un outil de santé publique mais sanctionner un groupe spécifique de la population est infondé. C’est discriminatoire et non proportionnel. On veut rappeler au ministre (de la Santé, NDLR) notre désaccord », a-t-elle expliqué.
« Frank Vandenbroucke (le ministre fédéral de la Santé, NDLR) n’a pas à interdire à des soignants d’exercer parce qu’il n’a pas le courage d’imposer l’obligation vaccinale à toute la population », a dénoncé Yves Hellendorff.
Le ministre Vandenbroucke, cible des revendications, a été hué lorsqu’il est entré dans le parlement sans discuter avec la soixante de militants qui se dirigeait vers lui. « Le dialogue peut être utile, vous savez », l’a interpellé M. Hellendorff. Il avait cependant échangé quelques mots avec un petit groupe de syndicalistes auparavant.
Ce qui ne passe pas auprès des syndicats est le fait que l’obligation vaccinale soit liée à une interdiction d’exercer si le membre du personnel médical n’est pas protégé contre le Covid-19. « C’est la sanction que nous combattons », a insisté Yves Hellendorff.
Pour la CSC et la FGTB, si l’interdiction professionnelle d’exercer devait entrer en vigueur pour les soignants non vaccinés, cela aggraverait la pénurie de praticiens et représenterait un « risque majeur pour la santé publique », a clamé M. Hellendorff. Si les parlementaires venaient à approuver ce projet de loi, « ils seront responsables de la mort de patients, non pas dû au Covid mais au manque de personnel pour les soigner », a même décrié Carine Rosteleur, secrétaire régionale à la CGSP. Les soignants non vaccinés « ne peuvent être remplacés », a-t-elle insisté.
« Qui croit encore aujourd’hui qu’en menaçant les professionnels de santé, ceux-ci vont tous se faire vacciner? », interroge le front commun syndical. « Une proportion non négligeable du personnel, déjà à bout et en manque de reconnaissance, affirme clairement son intention de quitter le secteur en cas d’obligation », avertissent les représentants des travailleurs.
Le projet de loi était inscrit à l’ordre du jour de la commission Santé mais la discussion a finalement été reportée.
Fin février, la majorité fédérale s’était accordée sur le principe de l’obligation vaccinale des soignants, sans toutefois en préciser le calendrier. Au départ, l’intention était d’imposer la vaccination aux membres du personnel soignant au 1er janvier, avec une période de transition jusqu’au 1er avril.
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