Les mystères Omicron avant le Codeco
A trois jours du prochain Comité de concertation, quels enseignements tirer du variant Omicron? La Belgique doit-elle, à l’instar de plusieurs pays européens, réduire la durée de quarantaine suite à une infection?
Une saga malheureuse sur le sort de la culture, puis un Codeco électronique malaisant, sans commentaire, qui a acté la décision du Conseil d’Etat. L’épisode chaotique des derniers jours a marqué les esprits : il a mené à la désobéissance de certains acteurs du secteur culturel, symbole d’une rupture de confiance plus généralisée encore. Il a aussi mis à la lumière du jour les dysfonctionnements inhérents au système de gestion de crise en Belgique.
Cette fois, le Comité de concertation a la pression. Il est au pied du mur. Jeudi, il ne peut plus se planter : ni dans la logique et la justification des mesures qui seront prises, ni dans la communication qui suivra. Après avoir essuyé une multitude de critiques au cours des derniers jours, son modèle a été presqu’unanimement remis en question. Et le passage en 2022 n’aura pas suffi pour effacer certaines traces.
Ce premier rassemblement de l’année (et certainement pas le dernier) devra faire le point sur les mesures en vigueur, au regard de la progression du variant Omicron. Un variant dont les points d’interrogation initiaux commencent à se lever petit à petit.
L’épidémiologiste Yves Coppieters a analysé sur Twitter les données de Sciensano pour évaluer l’impact d’Omicron sur les hôpitaux belges. « Depuis début décembre, on observe une chute des entrées à l’hôpital, suivie en décalage de la même courbe pour les sorties. Depuis le 25/12, on observe une stagnation des entrées », écrit-il sur le réseau social. Il ajoute : « L’occupation des lits en SI (soins intensifs) a suivi la même courbe que celle des hospitalisations malgré ‘un plateau’ la première quinzaine de décembre. »
L’expert évoque également le lien entre le taux de tests et le taux d’hospitalisation. « La moyenne journalière du nombre de tests effectués a fortement diminuée depuis la mi-décembre (pas d’augmentation importante de la demande ?). Si on met en lien le taux de tests et le taux d’hospitalisation, on observe que si on teste plus, la proportion d’hospitalisations diminue (ou trouve en effet plus d’a- ou pauci-symptomatiques (peu symptomatiques, Ndlr.)). Actuellement, il y a moins de tests et les hospitalisations diminuent. »
Coppieters ajoute que « le ratio Hospitalisations/Cas positifs a été entre 2,2 et 1,6% tout au long de la 4eme vague. Mais ce ratio diminue fortement depuis le 25/12 (autours de 1,2%). » Il conclut que « Omicron est moins létal que Delta (tableau clinique ORL et moins de formes pulmonaires graves entre autres). La loi des grands nombres (de contaminations) et son impact sur les hospitalisations n’est pas (encore) visible en Belgique et sans doute sera moindre sur les SI. »
Analyse descriptive des données Sciensano pour évaluer l’impact d’Omicron sur les hôpitaux. Depuis début décembre, on observe une chute des entrées à l’hôpital, suivie en décalage de la même courbe pour les sorties. Depuis de 25/15, on observe une stagnation des entrées. 1/6 pic.twitter.com/J8LZtLp6tx
— Yves Coppieters (@YvesCoppieters) January 3, 2022
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L’analyse de l’épidémiologiste confirme donc la caractéristique moins létale d’Omicron et temporise la fameuse loi des grands nombres (qui voudrait que le variant, moins dangereux mais plus contagieux, soit susceptible d’impacter davantage les hospitalisations par le grand nombre de personnes touchées).
Réduire la durée de quarantaine?
En lien avec ce constat, se pose la question de savoir si la durée de quarantaine requise après une infection au Covid doit être adaptée ou non. Etant donné qu’il apparaît de plus en plus clairement qu’Omicron est un variant plus doux que Delta, certains experts évoquent une période d’incubation plus courte pour Omicron. Les personnes porteuses du virus semblent être contagieuses sur une durée plus réduite.
Plusieurs groupes d’experts réfléchissent désormais pleinement à la meilleure stratégie de quarantaine à adopter. Dès que leurs avis seront prêts, les ministres de la Santé se concerteront sur le sujet. Tant au sein du gouvernement fédéral qu’au sein des entités fédérées, il semble que de nouvelles règles pourraient être introduites.
Actuellement, la Belgique impose 10 jours d’isolement en cas de contamination au coronavirus (pour la personne contaminée et les autres personnes vivant sous le même toit). Auparavant, les États-Unis, la France et la Suisse ont déjà assoupli leurs stratégies de quarantaine. En France, la quarantaine est réduite à 7 jours, et peut même être ramenée à 5 jours en cas de test négatif. « Virologiquement et épidémiologiquement, j’ai peur d’une période de quarantaine plus courte », explique Marc Van Ranst dans le Morgen. « Mais je comprends que les politiciens y réfléchissent, car il y a une menace de pénurie de personnel dans des secteurs cruciaux. »
Différentes concertations
Les ministres de la Santé des différents niveaux de pouvoir se concerteront ce lundi après-midi à partir de 17h00, avant une Conférence interministérielle formelle consacrée à une actualisation de la politique « testing et tracing », a appris Belga lundi. Cette Conférence interministérielle Santé publique aura lieu de manière électronique, soit lundi soir dans la foulée de la première réunion, soit mardi.
Les questions au centre des discussions sont les suivantes: qui doit respecter une quarantaine, pour combien de temps, et comment gérer le dépistage et le traçage des contacts alors que le variant Omicron se répand et favorise une hausse des contaminations? La Fédération des entreprises de Belgique (FEB) et l’organisation flamande des indépendants Unizo – deux fédérations patronales – ont entre-temps déjà lancé publiquement un appel à assouplir les règles de quarantaine actuelles, pour éviter un absentéisme excessif dans les entreprises.
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