Les dossiers chauds de la rentrée politique: renforcer l’aide à la nation
Le gouvernement est attendu sur le manque de moyens de l’armée et de la Protection civile.
Des bourgmestres, des sinistrés et des députés fédéraux qui résident dans les zones les plus touchées par les inondations de la mi-juillet ont pointé du doigt les manquements des services et procédures d’urgence. Beaucoup déplorent les lenteurs de l’intervention de l’armée et de la Protection civile au moment critique de l’évacuation des populations menacées par les eaux et l’insuffisance des effectifs et des moyens de ces corps de l’Etat. Un manque d’efficacité? La coordination entre eux et avec les communes, les pompiers et la Croix-Rouge est-elle en cause? Comment remédier aux couacs de communication relevés par plusieurs sources?
Le gouvernement d’Alexander De Croo est appelé à tirer dès la rentrée les leçons de ces failles. Afin que les erreurs des semaines dernières ne se répètent pas en cas de nouvelle catastrophe.
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Concrètement, les parlementaires veulent obtenir des réponses et des éléments d’analyse des ministres compétentes, Ludivine Dedonder (PS), ministre de la Défense, et Annelies Verlinden (CD&V), ministre de l’Intérieur. « Pour l’heure, nous sommes toujours sur la brèche et pas encore dans une phase de réflexion sur la réponse structurée à apporter aux manquements, prévient le cabinet Dedonder. On se focalise sur l’opération d’évacuation en Afghanistan. La Défense maintient aussi sa présence sur le front des inondations en province de Liège, dans le cadre de l’aide à la nation. ». Des militaires du Génie, de la Marine et d’autres unités poursuivent la préparation et la distribution de repas et une assistance psychosociale aux victimes du désastre. « Tant que la Défense aura une plus-value sur le terrain, je veillerai à ce qu’elle poursuive sa mission« , assure la ministre Dedonder.
Reste que le 15 juillet, au plus fort des inondations, ni l’armée ni la Protection civile n’avaient le matériel ad hoc. Les bateaux de secours de la Défense ont dû rentrer à la caserne, car leurs moteurs n’étaient pas assez puissants face au courant. Le lieutenant-général Marc Thys, numéro deux de l’armée, a déploré, le 5 août, une « érosion » des services d’urgence, cause selon lui des complications dans l’est du pays. Ainsi, les unités de génie ne disposent plus de ponts de type Bailey pour remplacer des ouvrages civils endommagés.
La réforme de la Protection civile visée
Des élus ciblent aussi la réforme de la Protection civile, décidée en 2017 par Jan Jambon (N-VA), alors ministre de l’Intérieur, et entrée en vigueur le 1er janvier 2019. Pour des raisons budgétaires, quatre des six casernes du pays ont été fermées. Crisnée, près de Liège, et Brasschaat, près d’Anvers, sont les seules unités opérationnelles conservées, ce qui se traduit dans certains cas par une augmentation du temps de déplacement des équipes pour arriver sur le lieu d’une catastrophe. Les effectifs de la Protection civile ont été réduits de 30% et des missions ont été supprimées, dont la distribution de sacs de sable lors des inondations. Jambon a également réformé le corps des pompiers, imposant de nouvelles règles controversées, tandis que le fédéral peine toujours à respecter ses engagements financiers dans les zones de secours. « Le détricotage de la Protection civile est visible », accuse Julie Chanson, députée fédérale Ecolo et habitante de Theux, commune dont le centre a été dévasté par les inondations. « Il est aujourd’hui impératif de repenser sa gestion, son rôle et son organisation. Nous devons évaluer et réviser la réforme dès la rentrée parlementaire. » Julie Chanson et d’autres parlementaires plaident pour une réflexion globale sur un renforcement de la sécurité civile et une meilleure coordination de la gestion de crise.
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