Les dossiers chauds de la rentrée politique: le budget, la grande glisse
En hibernation depuis près d’un an et demi à cause de la pandémie, la vie politique peine à se réveiller. Le Vif établit le baromètre des thèmes brûlants à l’agenda de la Vivaldi. Le budget en fait partie.
Avec la réforme fiscale et celle des pensions, le budget fait partie des sujets qui fâchent, surtout au sein d’un gouvernement aussi fragile et bigarré que l’équipe De Croo. Mais ce ne sont pas toujours les idéologies qui marquent la différence. « Il est clair qu’il faut revoir d’urgence, dès la rentrée, les mesures de soutien Covid, annonce Etienne de Callataÿ, chef économiste chez Orcadia Asset Management, ne fût-ce que pour des raisons d’efficacité économique et d’équité. Maintenir artificiellement des entreprises qu’on sait condamnées n’est pas sain. » Et le professeur à l’UNamur de pointer le MR dont le ministre des Indépendants, David Clarinval, est favorable au maintien au-delà de la date butoir du 30 septembre du droit passerelle – qui a déjà coûté plus de cinq milliards d’euros à l’Etat – et même du double droit passerelle. « Alors que celui-ci dépasse parfois 100% du revenu qu’il est censé remplacer, pointe de Etienne Callataÿ. Le MR a une approche plus électoraliste que basée sur des principes dont le parti se prévaut. » En juillet, selon Acerta, à peine plus de 1% des indépendants ont encore fait appel au droit passerelle.
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Cela dit, au-delà des mesures de soutien dont le maintien ou non fera débat, « sur le plan de l’orientation budgétaire, resserrer la vis trop vite n’aurait pas de sens », nuance l’économiste. Le secrétaire d’Etat pour la Relance Thomas Dermine (PS) a rappelé l’erreur de rigueur commise après 2008, qui avait prolongé la crise. La ministre du Budget Eva De Bleeker (Open VLD) insiste néanmoins sur les règles à respecter en matière de dette et de déficit public. Selon elle, on ne sait pas si l’Europe ressortira du frigo le pacte de stabilité dès 2022. « Ce serait très surprenant, juge Etienne de Callataÿ. 2022, c’est demain… La Commission européenne ne va poignarder dans le dos le chef du gouvernement italien Mario Draghi dont le pays affiche une dette publique atteignant 160% du PIB. Faire cela à l’une des grandes puissances de l’Union mettrait en péril la cohésion européenne que la Covid semble justement avoir boostée. » L’effet de seuil à 120% du PIB, évoqué par Eva De Bleeker, est d’ailleurs arbitraire, on l’a vu avec d’autres seuils dans le passé. Il faudra néanmoins tenir à l’oeil les bouliers. « Plus on dépense, plus on se rend otage de l’humeur imprévisible des marchés financiers », avertit de Etienne Callataÿ. Mesurer le risque de l’endettement sera l’un des défis majeurs de l’exécutif.
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