Le téléphone de la fille de Paul Rusesabagina a été ciblé par un logiciel espion
Le téléphone de Carine Kanimba, fille de Paul Rusesabagina – rendu célèbre par le film « Hôtel Rwanda » et actuellement emprisonné à Kigali -, a été ciblé à plusieurs dizaines de reprises par le logiciel espion Pegasus, conçu par l’entreprise israélienne NSO Group, rapporte Le Soir mardi, dans le cadre d’une enquête menée par consortium de médias internationaux et basée sur une liste de contacts obtenue par le réseau Forbidden Stories et l’ONG Amnesty International.
Toutes les communications tenues depuis la Belgique en 2021 au moins par la jeune femme, résidant dans le Brabant flamand, ont potentiellement été interceptées. L’audit du téléphone belge de Mme Kanimba, effectué par le Security Lab d’Amnesty International, décèle de premières traces d’infection fin janvier 2021 – ce qui ne signifie pas qu’il n’y en a pas eu précédemment. D’autres signes incontestables de malveillance informatique ont encore été relevés à un rythme régulier jusqu’en avril.
Carine Kanimba va déposer plainte devant un juge d’instruction belge, ce qu’a confirmé son avocat. « Je sais que ce logiciel (Pegasus, NDLR) coûte des millions. Mais je ne suis que Carine Kanimba, une femme de 28 ans. Avec mes amis, je discute de programmes télé, je fais des achats en ligne¿ L’argent dépensé pour me surveiller aurait pu l’être pour nourrir des gens et les sauver. C’est ça qui me dégoûte le plus: vous perdez votre temps à vous occuper de moi tandis que des gens meurent de faim dans votre propre pays », a-t-elle commenté.
Sollicité par Le Soir, Vincent Biruta, le ministre rwandais des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a répondu que « le Rwanda n’utilise pas ce système logiciel comme cela a été confirmé précédemment, et ne possède pas cette capacité technologique, sous quelque forme que ce soit ». Puis, « ces fausses accusations font partie d’une campagne permanente visant à provoquer des tensions entre le Rwanda et d’autres pays. Et à semer la désinformation sur le Rwanda, aux niveaux national et international. C’est de la diffamation et cela suffit. Les questions relatives au procès pour terrorisme de Paul Rusesabagina et ses vingt co-accusés ont été largement traitées par la Cour ».