Sophie Wilmès, vice-Première, est celle qui "met de l'huile' entre les libéraux et ses partenaires. © Belga

Le MR irrite ses partenaires, mais sait qu’il ne doit pas aller trop loin (analyse)

Olivier Mouton Journaliste

Les partenaires socialistes et écologistes mettent en garde contre la déloyauté des libéraux. Qui ont montré à deux reprises qu’ils redoutaient, sans le dire, de se faire remonter les bretelles par le Premier ministre.

Les Belges ont désormais le regard braqué vers le 18 novembre, date à laquelle un nouveau Comité de concertation évaluera les mesures de restriction sanitaires. Les espoirs sont ténus: les fêtes de fin d’année se feront en cercle restreint et seuls les métiers de contact ont finalement une réelle attente de pouvoir rouvrir d’ici Noël. Politiquement, l’heure est à une unité de façade avec cet objectif en tête, après les tensions consécutives au dernier Comité de concertation.

Car les partenaires du MR ont peu apprécié son attitude après la décision prise fin novembre de rouvrir les commerces essentiels, mais de n’élargir la bulle de Noël que pour les personnes isolées. « Certains ne sont pas loin d’une forme de populisme », nous avait dit Ahmed Laaouej, chef de file PS à la Chambre, tandis que le président socialiste, Paul Magnette, laissait lui aussi percevoir son courroux en espérant que « Egbert Lachaert, président de l’Open VLD, aurait une conversation franche » avec Georges-Louis Bouchez.

Jean-Marc Nollet, coprésident d’Ecolo, a eu des propos de la même nature jeudi sur la RTBF: « Je me mets à la place du citoyen. Que doit-il retenir quand il voit un parti, qui est pourtant associé aux décisions, 48 heures après, se permettre de remettre en question les décisions auxquelles il a participé. Je suis fâché, cela ne peut plus se reproduire. On doit être unis derrière les décisions et derrière le Premier ministre. » Parce que, précise Jean-Marc Nollet, cela risque de nuire à l’adhésion des citoyens.

Les messages du MR

Ce sont des mises en garde et tout porte à croire que le MR est soucieux de faire entendre sa différence, mais en sachant qu’il ne peut pas aller trop loin. Un exercice d’équilibriste pour un Georges-Louis Bouchez qui doit continuer à exister, à rester naturel, tout en étant prudent: il doit consulter davantage en interne, après la crise provoquée par son casting ministériel et il sait que ses partenaires de majorité le surveillent. Le rappirt de forces, en outre, est différent au sein de la Vivaldi que dans les gouvernements Michel et Wilmès – faut-il le dire.

Dans cette séquence, le MR a montré à deux reprises qu’il redoutait, sans le dire, de se faire remonter les bretelles par le Premier ministre voire, même s’il en faut bien sûr davantage, de se faire éjecter purement et simplement de la coalition.

Le week-end après la décision du Comité de concertation, à savoir le 30 novembre, l’exaspération est réelle au sein du parti et le bureau n’épargne pas le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke (SP.A), accusé de cadenasser la gestion de la crise sanitaire en plus d’avoir tenu des propos désastreux pour les commerçants. Mais alors que cette exaspération fuite de la réunion, le mot d’ordre en matière de communication reste la prudence, afin de ne « pas être déloyal » vis-à-vis des partenaires, laisse-t-on entendre.

Ce sont finalement les anciens ministres Denis Ducarme et Marie-Christine Marghem qui s’expriment et le président dans une seule sortie, à Sud-Presse. En mode « mineur », même si les expression « off » se multiplient. Le ministre-président francophone, Pierre-Yves Jeholet, sera ensuite l’homme envoyé pour demander une évaluation et envisager un assouplissement.

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Alors que sortent les accusations de « populisme », tant le président que la responsable de communication du parti insistent pour dégonfler la fronde: jamais le MR n’a réclamé le moindre « déconfinement », soulignent-ils dans des messages sur les réseaux sociaux en lettres capitales. On joue évidemment sur les mots. Des socialistes parlent de « pirouette », mais les indicateurs de l’épidémie étant moins non, elle est aisée.

A deux reprises, les libéraux ont donc envoyé des signaux de « modération ». En coulisses, le travail de la vice-Première ministre, Sophie Wilmès, est indispensable pour « mettre de l’huile ». Mais les partenaires socialistes et écologistes expriment, eux, leur détermination à éviter à l’avenir toute cacophonie.

La crise sera encore longue et cet équilibrisme risque d’être encore mis à rude épreuve. Pour l’heure, cependant, le mot d’ordre est l’unité – même si on la sent fragile.

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