Le futur gouvernement devra augmenter le budget de la Défense
Le prochain gouvernement devra augmenter le budget de la Défense à la fois pour concrétiser la « vision stratégique » définie en 2016 par l’équipe Michel et tenir, ne fusse que partiellement, les engagements contractés envers l’Otan, a affirmé lundi le « patron » de l’armée belge, le général Marc Compernol, appuyé par le nouveau ministre de la Défense, Sander Loones, qui a souligné combien le monde était devenu « plus instable » en quelques années.
« Lors de la mise en page de la vision stratégique (approuvée en juin 2016 et qui dessine les contours des forces armées à l’horizon 2030, avec des effectifs réduits à 25.000 militaires mais dotés de nouveaux équipements), on est parti du principe de l’augmentation linéaire du budget de 2019 jusqu’en 2030, mais en faisant abstraction des plans de paiement pour les gros investissements générés », a-t-il indiqué lors d’une conférence intitulée « Regenerating Belgian Defence » à Bruxelles. « Si nous faisons cet exercice, nous constatons que les avances sur les paiements vus les engagements déjà conclus dépasseront largement, temporairement, l’extrapolation budgétaire de la vision stratégique », a ajouté le chef de la Défense (Chod) devant un parterre de militaires, de diplomates, d’académiciens et de députés siégeant au sein de la commission de la défense de la Chambre.
A ces paiements s’ajoutent les coûts liés à la restructuration et à la mise en service des nouveaux matériels, a poursuivi le général Compernol. « Le trajet budgétaire de la vision stratégique ne sera pas réalisable », a-t-il prévenu. L’accord conclu entre les partis de la majorité prévoit de faire passer les dépenses de défense (militaires et pensions) de 0,9% du Produit intérieur brut (PIB) à 1,3% en 2030, ce qui est censé être la moyenne des Etats européens non-nucléaires membres de l’Otan. Les pays alliés se sont toutefois engagés en 2014 à atteindre les 2% en dix ans – soit d’ici 2024 – et l’Alliance atlantique va revoir à la hausse ses exigences en matière militaire. « La paix et la sécurité ne sont plus une évidence », a renchéri le nouveau ministre de la Défense, Sander Loones (N-VA), deux semaine après son entrée en fonction, en clôturant cette conférence organisée par l’Instiut Egmont (le centre de réflexion des Affaires étrangères) et l’Institut royal supérieur de Défense (IRSD, son homologue « militaire »).
M. Loones a expliqué que l’actuel gouvernement « a fait plus en quatre ans » en matière de recapitalisation de la Défense qu' »au cours des trente dernières années », rappelant que le département avait souvent servi de variable d’ajustement pour le budget de l’Etat fédéral. « Ne pas investir dans la Défense n’est plus une option aujourd’hui. Nous devons investir dans notre sécurité », a-t-il lancé, en citant les « 222 conflits » en cours dans le monde. Le travail n’est pas terminé », a poursuivi le ministre. a toutefois reconnu que le risque existe que les contribuables estiment que le gouvernement a suffisamment déjà investi avec les achats prévus, d’un montant de 9,2 milliards d’euros – dont 80% sont en bonne voie, comme les 34 avions de combat furtifs F-35, les 442 blindés à roues français Jaguar et Griffon, les six drones Sky Guardian américains et huit navires, deux frégates et six navires de lutte contre les mines.