Le cdH se réinvente: « il n’y a aujourd’hui rien de plus courageux que la nuance »
Le cdH va officiellement changer de costume ce samedi, dans une volonté de se réinventer sur base de deux années de réflexion citoyenne.
Nouveaux nom, « couleur », manifeste, pour un nouveau « mouvement politique »: le parti centriste se réunit en congrès dans l’après-midi à Tour & Taxis (Bruxelles), pour présenter son nouvel habillage et se donner un nouveau départ, à deux ans des élections.
En 2019, la déroute avait été sévère pour le successeur du PSC (Parti social-chrétien), devenu seulement la 5e force francophone dans le paysage politique (5 sièges à la Chambre, 10 en Wallonie, 5 à Bruxelles). Sous l’intitulé « Il fera beau demain », le centre démocrate humaniste avait entamé en janvier 2020 un exercice de refondation. Ce dernier a brassé bien plus large que les encartés, souligne Maxime Prévot. Successeur du Bastognard Benoit Lutgen à la présidence, il parle vendredi dans un entretien à l’agence Belga d’un parti « qui clôture son aventure ». Dans cette logique de refonte complète, et même si son mandat court jusque fin 2024, « je remettrai ma présidence en jeu avant l’été », assure-t-il.
La volonté du mouvement, dont le nom sera révélé au congrès, « est de marquer une rupture par rapport aux pratiques et projets politiques » qui existent dans l’espace francophone. « Il y a un tel désenchantement des citoyens par rapport à la politique, parce que l’on court derrière des postes plutôt que des valeurs », affirme Maxime Prévot. Il veut proposer une alternative « orientée résultats », soucieuse du bien commun, visant le « long terme » et osant questionner les « acquis et privilèges ». « Il n’y a aujourd’hui rien de plus courageux que la nuance », assure le bourgmestre de Namur.
Des propositions concrètes
Parmi les propositions concrètes qu’il cite: l’inscription du référendum décisionnel dans la Constitution, et un retour obligatoire vers les urnes en cas de non-installation d’un gouvernement 6 mois après les élections.
Citant le philosophe français Edgar Morin, celui qui est aussi député fédéral place le concept de « régénération » au centre du futur manifeste de la formation. Une « régénération » sur le plan du vivant; de la culture et de l’éducation; de la prospérité (« on ne peut plus fonctionner avec un système économique et fiscal structuré sur les codes de l’après-guerre »); du pacte social; des libertés (« de croire ou de ne pas croire, d’aimer »); de la démocratie. Parlant d' »approche disruptive en matière de gouvernance », Maxime Prévot voit le futur mouvement comme « intrinsèquement participatif ». Le manifeste présenté samedi sera d’ailleurs ouvert aux amendements, qui seront votés lors d’un congrès à la mi-mai.
Entre partis aussi, la gouvernance est à revoir: « aujourd’hui, les présidents de parti ont trop de pouvoir ». « D’aucuns s’emploient à parasiter le débat », à coups de tweets et de phrases assassines, regrette Maxime Prévot. Les centristes veulent « chercher l’harmonie plutôt que l’opposition », dans tous les domaines, ressort-il de son discours. La « conscience écologique », le respect de l’environnement et de l’humain, s’imposent ainsi comme une des lignes de force avancées (avec par exemple « une approche plus volontariste sur les alternatives de transport »).
Si l’histoire de l’ex-PSC est teintée d’un héritage chrétien, ce n’est pas un élément que le mouvement souhaite mettre en avant, selon les explications de Maxime Prévot. Si les valeurs (« générosité, respect, bienveillance, sens de l’effort »…) persistent, le futur mouvement ne doit pas être rattaché à un label philosophique ou religieux, selon lui.
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