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La pression monte, à droite, sur la ministre socialiste de la Défense

Olivier Mouton Journaliste

Denis Ducarme (MR) parle d’une « affaire d’Etat », la N-VA et le CDH mettent en avant la « responsabilité » de Ludivine Dedonder et le Vlaams Belang demande désormais sa démission.

« Dans un autre pays, la question de sa démission se serait posée« : la chasse au militaire d’extrême droite et les mises en garde qui l’on précédée provoquent des remous, jusqu’au sein de la majorité, écrivait Le Vif, vendredi 21 mai. Ce message fort, émanant d’un membre éminente de la majorité, faisait suite à une séance parlementaire tumultueuse au cours de laquelle le ministre de la Défense avait fait face à de nombreuses critiques.

Un manque de vigilance

La N-VA s’est montrée très dure à l’encontre de Ludivine Dedonder à la Chambre, jeudi, et avait mis en avant sa « responsabilité écrasante ». « Vous êtes ministre de la Défense depuis de nombreux mois, avait lancé, elle aussi, Catherine Fonck (CDH, opposition). Votre responsabilité est engagée. »

Les reproches adressés à la ministre? Bien sûr, il ne s’agit pas de l’accabler d’une quelconque sympathie ou complaisance idéologique à l’égard de l’extrême droite: elle avait d’ailleurs déclaré que ses partisans n’avaient pas de place dans l’armée. Par contre, on lui reproche une manque de réactivité a priori, alors que la Sûreté de l’Etat avait épinglé la présence d’une trentaine de militaires proches de l’extrême droite dans l’armée. De même, le parcours de Jürgen Conings, qui avait toujours accès à des armes en dépit d’une sanction préalable, n’a visiblement pas fait l’objet d’une vigilance suffisante.

« Dans cette affaire, nous avons commis des erreurs, a reconnu , a reconnu ce mardi le chef de la Défense, l’Amiral Michel Hofman. C’est indiscutable, et nous le reconnaissons très humblement. Dans cette affaire, mais aussi dans les incidents qui se sont produits dernièrement, comme à Brecht. La succession d’incidents visibles ou moins visibles n’est qu’un indicateur que la robustesse de notre organisation n’est plus ce qu’elle était. »

Lire aussi: Ludivine Dedonder: « Soutenir Jürgen Conings, c’est soutenir un homme qui menance de tuer et de blesser des innoncents »

Le député Denis Ducarme (MR), interrogé par La Libre, estimait ce week-end que l’affaire Congings – Dedonder est devenue « une affaire d’Etat’. Il évoquait la nécessité de mettre sur pied une commission d’enquête. « A l’époque des gouvernements Dehaene et Verhofstadt, le responsable politique dans un tel dossier aurait probablement démissionné« , a-t-il ajouté. La sortie de l’ex-ministre est personnelle et n’engage pas son groupe, précisait-on mardi matin de source libérale. Même si d’aucuns n’en pensent pas moins… Au sein du MR, on précise qu’il est difficile de réclamer la démission d’un partenaire, a fortiori lorsqu’il s’agit d’un PS, premier parti de la coalition fédérale.

La pression d’extrême droite

Le Vlaams Belang, lui, va un cran plus loin en demandant ce mardi la démission de la ministre de la Défense. Selon le parti d’extrême droite, la ministre est responsable politiquement des « nombreuses fautes » qui ont été commises dans ce dossier.

La députée Annick Ponthier épingle notamment le fait que, selon elle, la hiérarchie militaire ignorait qu’un militaire figurait sur la liste des personnes potentiellement dangereuses de l’Organe de Coordination et d’Analyse de la Menace (OCAM). Elle a également exprimé son inquiétude à propos des « actions de nettoyage » à la Défense qui, toujours d’après elle, viseront tout qui est « de droite et flamand ».

Cette demande de la part de l’extrême droite flamande est, il est vrai, peu crédible, alors le PS l’a fortement pointée du doigt en raison de sa responsabilité dans la diffusion d’un « climat de haine » au nord du pays.

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