La facture corona: 23,452 milliards pour le fédéral
En 2020, le coronavirus aura donc coûté 33,5 milliards d’euros aux différents niveaux de pouvoir belges, du gouvernement fédéral aux communes. Qui a payé quoi ? Quel est le détail des dépenses ? Pourquoi tant de recettes perdues ? Quid des économies éventuelles ? Voici la facture Covid passée au crible.
Si décrié, tant réformé, tellement menacé… Heureusement, pourtant, qu’il était là, l’Etat fédéral. Car en 2020, il a supporté seul 70 % de la facture Covid. Soit, dans le détail, 13,852 milliards d’euros de dépenses, et des baisses de recettes estimées à 9,6 milliards. « Ce niveau de pouvoir, fortement contesté, a encaissé le choc, observe Jean Hindriks, professeur d’économie à l’UCLouvain et spécialiste des finances publiques. Grâce à lui, on a mutualisé. Comparativement, les parts des entités fédérées sont tout à fait négligeables. »
Les dépenses
Le point sur les dépenses, d’abord. Par ordre décroissant. La part du lion revient à l’Onem, à qui les différentes mesures en matière de chômage temporaire ont coûté 4,7 milliards. Aïe ! En deuxième position, les « dépenses générales » des différents ministères, soit 3,7 milliards. Qui couvrent divers postes aux coûts variables, des primes pour le personnel hospitalier et des chèques consommation pour celui des soins de santé, en passant par la dotation spéciale SNCB, le soutien aux CPAS, l’aide aux travailleurs sociaux, les subsides pour l’Horeca ou encore les railpass gratuits. Sans oublier les mesures « soins de santé », incluses dans cette enveloppe. Dans le détail : 1,2 milliard estampillé « divers » et 1,1 milliard pour l’achat de médicaments. Sans qu’il soit précisé lesquels ni si les vaccins y sont compris. Pour rappel, la fuite/bourde de la secrétaire d’Etat au Budget Eva De Bleeker (Open VLD), en décembre dernier, avait dévoilé qu’ils auraient coûté 279 millions. Beaucoup, assurément, mais finalement « juste » environ un quart de tout ce que la Covid a coûté en médicaments en 2020.
Du côté de l’Inasti (Institut national d’assurances sociales pour travailleurs indépendants), ce n’est pas mal non plus : 3,3 milliards, quasi exclusivement pour le droit passerelle. Les mesures fiscales s’élèvent, quant à elles, à 1,5 milliard, notamment en raison de la baisse de la TVA à 6 % pour l’Horeca, la déduction anticipée des pertes pour les sociétés, les exonérations… Voilà pour 2020, dans les grandes lignes. En 2021, le gouvernement fédéral table (déjà) sur des dépenses corona de 3,04 milliards. A suivre. Quant aux économies qui permettraient de compenser en partie, elles sont (malheureusement) minimes. La plus importante se trouve du côté de l’Inami, avec 1,2 milliard de » gains » dus aux reports de soins.
Les pertes de recettes
Du côté des pertes de recettes, les dernières estimations fournies par le cabinet d’Eva De Bleeker s’élèvent donc à 9,6 milliards. « Les chiffres réels seront connus dès que nous aurons reçu les comptes 2020 », précise Bavo De Mol, porte-parole. Pas avant la mi-avril (avec le contrôle de l’exécution du budget), ni même septembre pour la version définitive. Il ne serait guère étonnant que l’impact soit encore plus important. « Car il y a un aspect atypique, note Benoît Bayenet, professeur d’économie à l’ULB. Le fédéral, comme mesure de soutien, a tablé sur des reports. De cotisations sociales, de versements anticipés… » Ceux-ci seront-ils réellement reportés, si la crise économique se poursuit ? Ou seront-ils annulés, si les faillites pleuvent ?
« Le problème de cette crise, souligne le spécialiste en finances publiques, est qu’il n’y a pas de référence dans la littérature économique pour voir comment la situation pourrait évoluer. La situation est inédite. Il faudrait remonter à la peste, mais je doute que cela soit documenté et comparable ! Même les projections macroéconomiques changent tout le temps. » Attendre. Rien d’autre à faire. Les caisses de l’Etat, comme les citoyens, espèrent décidément beaucoup du vaccin…
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