La Défense songe à utiliser des chiens pour détecter le coronavirus
Le ministère de la Défense envisage, à l’image de ce qui s’étudie à l’étranger, d’utiliser des chiens pour la détection du Covid-19, en les entraînant à détecter, en plus des explosifs, le nouveau coronavirus Sars-Cov-2, une technique qui devrait se révéler plus rapide et tout aussi efficace que les tests PCR.
« D’ici fin décembre, on pourrait avoir douze équipes (chien et maître chien) opérationnelles », a affirmé le capitaine Lange, qui commande l’Unité cynologique Interforces (UCI) de la composante Air de l’armée, lors d’une visite vendredi du ministre de la Défense, Philippe Goffin, au siège de cette unité, située à Oud-Heverlee, à l’orée de la forêt de Meerdael, au sud de Louvain.
L’UCI regroupe tous les chiens utilisés à différentes fins par la Défense: 172 chiens de patrouille pour renforcer la « garde professionnelle » qui assure la protection des quartiers militaires, six destinés à l’intervention sur les bases aériennes (56 sont prévus à l’horizon 2025) et deux en renfort des policiers militaires (MP), 52 animaux destinés à la détection des explosifs (EDD en jargon) et cinq enfin entraînés à la recherche d’êtres humains vivants.
« Ce sont les chiens EDD, formés en coopération avec la police fédérale, qui sont les mieux à même d’être engagés dans la détection du Covid-19 » dans la transpiration des malades, a expliqué le capitaine Lange au ministre et à sa délégation, en présence d’un journaliste de l’agence Belga.
Les chiens possèdent 330 millions de capteurs olfactifs et une capacité à détecter des odeurs 50 fois meilleure que les humains.
Ces chiens EDD de la Défense sont dressés pour détecter 20 à 25 types d’explosifs – réels, selon le capitaine Lang – et le Covid ne représenterait qu’une « odeur » supplémentaire à assimiler pour l’animal. La durée de la conversion se limiterait à cinq à dix jours pour le maître chien et son animal.
Et les unités disposant de chiens EDD sont assez bien réparties sur le territoire national: à Beauvechain (Bravant wallon), Florennes (province de Namur), Kleine-Brogel (Limbourg), Amay (Liège) et Burcht (Anvers), a précisé l’officier.
Les chiens, souvent des malinois, sont sélectionnés très jeunes.
Un vétérinaire militaire, le commandant Van de Vadder, a pour sa part souligné que des études scientifiques sur le recours à des chiens pour détecter le virus étaient en cours en Allemagne – où les premiers résultats indiquent une fiabilité supérieure aux tests PCR -, aux Etats-Unis, avec de premiers résultats peut-être attendus dès la fin du mois d’août, et en France, sur trois sites (à l’École nationale vétérinaire d’Alfort, près de Paris, à Ajaccio, en Corse et à l’Université franco-libanaise de Beyrouth).
Quant à la police chilienne a commencé à dresser des chiens – trois golden retrievers et un labrador âgés de 4 à 5 ans et jusqu’ici employés à rechercher des drogues, des explosifs ou des personnes disparues – pour repérer les malades du Covid-19 en détectant la présence du virus dans leur transpiration.
L’utilisation de chiens détecteurs lors d’événements de masse – comme des festivals ou des matches de football – serait toutefois compliquée, du fait du temps (une trentaine de secondes) nécessaire pour « screener » chaque personne, font valoir les militaires.
Le commandant Van de Vadder a aussi insisté sur les possibilités de coopération avec les universités belges, principalement celles de Gand (UGent) et de Liège (ULiège), qui mènent aussi des recherches en la matière.
« Je souhaite que l’on poursuive la recherche », a affirmé M. Goffin, en soulignant que la Défense disposerait ainsi de « plusieurs façons de se montrer utile » au service de la Nation et de la population.