La cathédrale et le beffroi de Tournai sous la menace d’un déclassement UNESCO
L’organisation des Nations-Unies est saisie des intentions de la Région wallonne de défigurer l’antique Pont des Trous et de remanier le périmètre des deux monuments qui font la fierté de la Cité aux Cinq Clochers. Le risque d’un déclassement de cet ensemble patrimonial exceptionnel n’est plus écarté.
« Alerte Patrimoine ». Tournai, sa cathédrale, son beffroi, son pont des Trous, sont dans le collimateur de l’UNESCO. Les manoeuvres en cours orchestrées par la Région wallonne sur le site protégé puisqu’ inscrit sur la liste du patrimoine mondial sont parvenues aux oreilles de l’organisation des Nations-Unies.
Tout part de la volonté d’élargir l’Escaut dans sa traversée de la ville pour l’adapter aux impératifs du trafic fluvial. Un passage à l’acte qui ne laissera pas indemne le patrimoine architectural exceptionnel. C’est surtout le cas du Pont des Trous, cet ouvrage médiéval voué à une rénovation à ce point lourde qu’il ne sera plus que l’ombre de ce qu’il est depuis sept siècles. C’est déjà le cas des quais du fleuve, livrés aux pelleteuses. Mais la cathédrale et le beffroi devraient aussi souffrir d’une reconfiguration des lieux qui fera perdre son cachet au site. Le bras de fer engagé depuis des années avec les défenseurs du patrimoine tournaisien monte dans les tours, à mesure que les échéances des travaux se rapprochent. De guerre lasse, en désespoir de cause, ceux-ci se sont tournés vers Icomos, pour Conseil international des monuments et sites. Cet organisme consultatif lié à l’UNESCO s’est inquiété en septembre dernier auprès du pouvoir régional wallon de ses intentions réelles. Il se dit que le dialogue a tourné court et que le courant est très mal passé entre les interlocuteurs. Ce qui a poussé Icomos à adresser une mise en demeure ferme au gouvernement wallon, afin que ce dernier se conforme au souhait de décréter un moratoire jusque fin 2019, le temps d’évaluer sereinement l’impact réel des travaux programmés.
La démarche a été portée à la connaissance de l’UNESCO, qui pourrait diligenter une enquête, laquelle dans son stade ultime pourrait déboucher sur une procédure de déclassement du site et de ses joyaux patrimoniaux. « Personne en Wallonie ne souhaite vivre l’expérience traumatisante qui a abouti à la perte par la ville de Dresde de son classement au titre de patrimoine mondial », rappelle, dans un courrier bien senti aux autorités régionales wallonnes, Pierre-Emmanuel Lenfant, porte-parole du mouvement citoyen mobilisé pour empêcher l’irréparable de se commettre.
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