« La Belgique n’a probablement pas mesuré la vitesse de propagation d’une pandémie »
Vendredi dernier, le Conseil National de Sécurité (CNS) a jeté les bases de la stratégie de déconfinement que suivra la Belgique. Un scénario qui comprend une extension de la capacité de tests. Pour le professeur Jean-Luc Gala, ce dépistage est indispensable pour maîtriser le risque lié au déconfinement.
Pour espérer sortir de la crise sanitaire, le gouvernement devrait accroître la capacité de test à 25.000 par jour d’ici le 4 mai, éventuellement extensible à 45.000. Il s’agit bien de la « capacité », a insisté la Première ministre Sophie Wilmès, et non du nombre de tests effectivement réalisés, car des « obstacles » peuvent surgir dans la mise en oeuvre, notamment logistique.
Quelque 10.000 tests de dépistage du coronavirus ont été effectués par jour la semaine dernière en Belgique, avec une pointe à 11.934 tests validés jeudi, indique le cabinet du ministre Philippe De Backer en charge de la gestion du matériel destiné à lutter contre le coronavirus.
Piliers de la riposte pandémique
Jean-Luc Gala, professeur en médecine et spécialisé en maladies infectieuses souligne également l’importance du dépistage pour maîtriser le risque lié au déconfinement, même s’il estime qu’il est très compliqué de chiffrer le nombre de tests nécessaires. « Cela dépendra des mesures d’accompagnement de contrôle de la transmission tel que le port du masque individuel qui doit devenir une mesure obligatoire dans les espaces clos où des gens se rencontrent (commerces, entreprises, etc.) Le port du masque et le dépistage font partie d’une stratégie globale. Ce sont les piliers de la riposte pandémique. On ne peut envisager ces mesures séparément », déclare-t-il. C’est d’ailleurs aussi une mesure essentielle pour reprendre les contacts sociaux, ajoute-t-il.
Jean-Luc Gala explique pourquoi la Belgique a pris du retard au niveau du dépistage du coronavirus, et n’atteint les 10 000 tests quotidiens que depuis que quelques jours. « Certains laboratoires ont été écartés des tests alors qu’ils en avaient la capacité, et parfois même qu’ils avaient les réactifs », déclare-t-il.
« Il est clair que la Belgique n’a probablement pas pris la mesure de la vitesse de propagation d’une pandémie et s’est basée sur le travail d’un seul laboratoire, certes de référence dans le coronavirus (NDLR : celui de l’UZ Leuven), c’était incontestablement celui qui devait lancer la dynamique, mais l’extension du réseau de laboratoires pour contrer ce phénomène pandémique a probablement été trop lente. C’est probablement resté en deçà de ce que nous aurions pu faire, voire dû faire. Maintenant, il faut aussi pondérer tout ça à l’aune de la disponibilité des kits et des réactifs. Il est évident que si vous augmentez brutalement le nombre de laboratoires prestataires, mais que vous n’avez pas les ressources pour les alimenter en réactifs, ça ne sert pas grand à chose », conclut-il.
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