La Belgique doit-elle étendre le pass sanitaire comme la France? Yves Van Laethem rejette l’idée
« On n’a jamais voulu le faire », dit le porte-parole interfédéral au Vif. Pour lui, « c’est une manière indirecte de rendre la vie sociale impossible sans vaccination. Ça, on n’en a pas voulu en Belgique. Et à ma connaissance, on ne le veut toujours pas. »
L’obligation vaccinale pour le personnel soignant et l’étendue du pass sanitaire en France amène inévitablement la question sur le table en Belgique. Allons-nous imiter nos voisins français? « Personnellement, je suis très partagé sur la question de l’obligation vaccinale », confie Yves Van Laethem au Vif. « C’est quelque chose qu’il faut employer en dernier recours. En Belgique, on a toujours essayé de l’éviter, en essayant de convaincre la population de l’efficacité de se faire vacciner, sans l’obliger à le faire », nous explique le porte-parole interfédéral de la lutte contre le coronavirus.
Concernant la possibilité de rendre obligatoire la vaccination du personnel soignant, Yves Van Laethem nuance. « Au niveau du Conseil supérieur de la Santé, il n’y a pas d’avis qui a été émis sur ce point. Dans un rapport très global du Comité bioéthique datant du printemps, il n’y avait pas d’opposition à ce que l’obligation vaccinale pour le personnel soignant soit mis sur pied. Donc, il y a une porte ouverte. Je n’espère personnellement pas cette obligation vaccinale, sauf s’il n’y a pas moyen de faire autrement. »
Le taux de vaccination du personnel soignant en Belgique reste très disparate. « On peut observer que de façon générale, les médecins et le personnel infirmier sont mieux vaccinés que les kinés, ou les aides-soignants, qui le sont encore moins. Il y a un vrai problème dans le domaine paramédical », pointe Yves Van Laethem.
« On oscille entre 40% de vaccination du personnel soignant à certains endroits, jusqu’à 80% dans les maisons de repos en Flandre, par exemple. Dans les hôpitaux, c’est plus variable, mais ça reste mitigé, surtout concernant le personnel d’aide-soignant. » Selon un document de Sciensano, réalisé fin mai, le taux de vaccination chez le personnel médical est le meilleur en Flandre. Suivent la Wallonie, et Bruxelles, en troisième position.
Un pass sanitaire étendu? « Ce serait un retournement de veste total »
Concernant la possibilité d’étendre le pass sanitaire pour l’accès aux lieux de loisirs, de culture, de restauration ou de transports, comme c’est le cas en France, Yves Van Laethem n’y est pas favorable. Et précise que la Belgique ne s’est jamais inscrite dans cette optique. « C’est quelque chose qu’on n’a absolument pas voulu faire en Belgique », nous glisse-t-il. « Le Danemark a lancé l’idée en premier, fin avril. L’Autriche fait à peu près pareil. Mais la Belgique n’a jamais voulu faire ça, et je ne la vois pas le faire. Ou alors, on retournerait totalement les principes sur lesquels on était partis. Je pense vraiment que l’étendue de ce pass sanitaire n’aura pas lieu. Ou alors, ce serait un retournement de veste total. On a toujours mis en avant les principes d’égalité. »
La Belgique n’a jamais voulu faire ça, et je ne la vois pas le faire. Ou alors, on retournerait totalement les principes sur lesquels on était partis.
Yves Van Laethem, sur l’u0026#xE9;tendue du pass sanitaire.
Pour le virologue du CHU Saint-Pierre, la situation vaccinale n’est pas comparable entre la Belgique et la France. « Dans la population générale belge, je pense qu’on ne va pas du tout vers ce que la France est en train de faire. La ‘prise’ vaccinale est meilleure en Belgique qu’en France. Il y a une nette différence entre les deux pays. On n’a pas le même bloc anti-vaccins en Belgique non plus. Les deux situations ne sont donc pas comparables pour la population générale. »
Ethiquement, Yves Van Laethem voit « un gros problème » dans la possibilité d’étendre le pass sanitaire pour l’accès à la vie sociale. « Cela revient à rendre la vaccination obligatoire sans le dire. Si on veut aller au restaurant et au cinéma une fois par semaine, il faudrait subir deux ou trois tests. Et ils vont devenir payants, alors que le vaccin est gratuit. C’est une manière indirecte de rendre la vie sociale impossible sans vaccination. Ça, on n’en a pas voulu en Belgique. Et à ma connaissance, on ne le veut toujours pas. »
Par contre, pour le personnel soignant à Bruxelles et en Wallonie, on se rapproche davantage de la situation française. « Ce n’est pas impossible que pour arranger les choses, certains veuillent faire passer cette obligation vaccinale. A première vue, il n’y a pas non plus d’opposition syndicale dans le milieu. »
En résumé, le porte-parole « ne pense pas qu’on va imiter la France dans l’étendue du pass sanitaire dans la population. Mais on pourrait embrayer le pas pour tout ce qui concerne la vaccination obligatoire dans les maisons de repos et/ou pour le personnel hospitalier. »
Rappelons, enfin, que le taux de vaccination est meilleur en Belgique qu’en France. « Pour la première et la deuxième dose, ainsi que pour la population à risque », conclut Yves Van Laethem.
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