Anne-Sophie Bailly
L’édito d’Anne-Sophie Bailly: « C’est bien l’élève qui est au coeur de la réforme des rythmes scolaires. Pas le confort des parents »
Il faut « remettre l’église au milieu du village », estime Anne-Sophie Bailly, rédactrice en chef du Vif/L’Express: beaucoup de parents et d’enseignants bruxellois se plaignent de la réforme des rythmes scolaires, qui doit être votée ce mercredi, et de l’impact que celle-ci aura sur leur vie personnelle. Mais ce changement a été initié pour le bien-être des enfants. Ce que beaucoup semblent oublier…
La réforme du calendrier scolaire doit être adoptée ce mercredi en Fédération Wallonie-Bruxelles, sauf énorme surprise politique. Notez déjà dans votre agenda « lundi 29 août : rentrée », date à partir de laquelle le rythme scolaire se séquencera en sept semaines de cours suivies de deux semaines de vacances. Les congés d’automne et de détente seront allongés d’une semaine, ceux d’été rabotés de deux. Les calendriers des Communautés flamande et germanophone restent par contre inchangés, comme celui de l’enseignement supérieur. Autrement dit, les dates de vacances ne coïncideront plus pour tous les élèves quelques semaines par an.
D’où une levée de boucliers face à cette réforme lancée depuis des années et qui devrait être in fine concrétisée par la ministre Caroline Désir (PS). Comment feront les parents dont les enfants sont inscrits dans deux régimes linguistiques différents ? Quid de l’enseignement en immersion ? La pénurie de professeurs de néerlandais est assurée ! Que dire encore des animateurs de camps scouts et des organisateurs de stages obligés de jongler entre deux calendriers ? Les problèmes organisationnels semblent aussi nombreux que variés.
Mais visiblement pas rédhibitoires au nord du pays puisque les appels de Caroline Désir à son alter ego flamand, Ben Weyts (N-VA), pour mener cette réforme de concert sont restés lettre morte, ce dernier organisant seulement un tour de table afin de sonder parents, directeurs d’école et enseignants au sujet de ce calendrier revu. Le corps professoral n’en penserait rien de bien. Septante-huit pour cent des enseignants flamands ne voudraient pas entendre parler de vacances d’été raccourcies et brandissent une menace à peine voilée : ils seront nombreux à abandonner la profession si les vacances de juillet-août sont amputées.
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Cette réponse est inaudible, pour un déplacement de deux semaines dans le calendrier, autant qu’opportuniste de la part d’une région qui s’inquiète de voir quatre enseignants sur dix quitter le métier au cours des cinq premières années. Alors remettons l’église au milieu du village et rappelons que cette réforme a été initiée pour le bienêtre de l’enfant. Pour favoriser son apprentissage. Pour mieux équilibrer son année. Pour davantage respecter son rythme chronobiologique.
C’est bien l’élève qui est au coeur de la réforme. Pas le confort des parents. Pas le bilinguisme du pays. Ni l’attractivité du métier d’enseignant. Ce sont d’autres chantiers. Qu’il faut attaquer. Prendre le calendrier scolaire comme prétexte pour faire un amalgame de toutes ces thématiques est intellectuellement malhonnête. Et peu respectueux de l’apprentissage de nos enfants.
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