L’affaire Ibrahima suscite des tensions sociétales et politiques (analyse)
Le décès de ce jeune de 23 ans d’une crise cardiaque, dans des circonstances qui restent à préciser après une arrestation par la police, a généré une manifestation violente et des réflexions politiques contrastées.
La manifestation consécutive au décès du jeune Ibrahima, 23 ans, a provoqué des incidents avec la police, mercredi en fin de journée. Pas moins de 116 arrestations et 5 blessés, dont une policière grièvement atteinte et des images d’échauffourées: la tension était grande dans les rues de Bruxelles. Les incidents ont été d’autant plus médiatisés que la voiture du roi Philippe a été accidentellement touchée par des projectiles envoyés en direction des forces de l’ordre: elle passait par hasard par le parcours de la manifestation, le service d’ordre du palais n’ayant visiblement pas été informé comme il se devait. Les images de ces confrontations ont fait le tour du monde.
Le parquet de Bruxelles a confirmé jeudi que deux majeurs et un mineur ont été arrêtés judiciairement pour les faits d’incendie volontaire visant le commissariat de police de la place Liedt. Une « task force » sera chargée de retrouver les casseurs. Reflet de tensions régulières, le rapport entre la population et la police devient une ligne de fracture dans notre société.
https://twitter.com/EURACTIV/status/1349660317345832960EURACTIVhttps://twitter.com/EURACTIV
Hundreds of people rioted in Brussels on Wednesday night over the death of Ibrahima B, a 23-year-old man who had been in police custody at the weekend.@alex_owski reports.https://t.co/m2jQgNQD1I
— EURACTIV (@EURACTIV) January 14, 2021
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Ces violences ont suscité une condamnation de nombreux politiques. « C’est juste inacceptable, a notamment commenté Georges-Louis Bouchez, président du MR, en reprenant uen vidéo présentant la « nouvelle normalité à Bruxelles ». On doit reprendre le contrôle de tous les quartiers bruxellois, soutenir et défendre nos forces de sécurité face à de tels débordements! »
https://twitter.com/GLBouchez/status/1349686138110414848Georges-L BOUCHEZhttps://twitter.com/GLBouchez
C’est juste inacceptable. On doit reprendre le contrôle de tous les quartiers bruxellois, soutenir et défendre nos forces de sécurité face à de tels débordements ! #securite #bruxelles #belgium 🇧🇪 https://t.co/1ODy2hvlDJ
— Georges-L BOUCHEZ (@GLBouchez) January 14, 2021
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L’affaire Ibrahima fait singulièrement penser à l’affaire Chovanec, du nom de ce citoyen slovaque décédé à l’aéroport de Charleroi, en 2018. Les premiers éléments laissent entendre que le jeune homme serait décédé d’une crise cardiaque, mais une enquête devra déterminer les circonstances précises des faits: il avait été interpellé par la police, puis détenu au commissariat de la rue de Brabant à Saint-Josse.
En Flandre, où les moindres incidents survenant à Bruxelles génèrent souvent des critiques au sujet de la gestion de la ville, cette affaire suscite un émoi politique considérable. Le député N-A Michaël Freilich s’en est, lui, vivement pris à la presse de qualité coupable, selon lui, d’avoir relayé les accusations contre la police, sans attendre des informations relatives aux raisons du décès – il s’avance, lui aussi, en considérant que la crise cardiaque est la raison première de la mort. L’avocat de la famille, Alexis Deswaef, a déjà mis en doute cette première justification offcielle.
https://twitter.com/MichaelFreilich/status/1349617564440264705Michael Freilich, MPhttps://twitter.com/MichaelFreilich
Na autopsie blijkt #Ibrahima overleden aan hartfalen. Wat introspectie mag dus wel bij de ‘kwaliteitskranten’ die eerder ophitsende citaten als titel gebruikten. #schandelijk Daarmee hits je de gemoederen tegen de politie op. Of was dat net de bedoeling? pic.twitter.com/szwCkm2QqC
— Michael Freilich, MP (@MichaelFreilich) January 14, 2021
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« Triste époque de simplifications outrancières où il paraît impossible à la fois de compatir avec les proches d’Ibrahima en demandant des explications, et de condamner les violences commises contre les policiers, souligne pour sa part François De Smet, président de DéFI. Dans les deux cas pourtant: la justice, et rien que la justice.
https://twitter.com/francoisdesmet/status/1349719053468901379François De Smethttps://twitter.com/francoisdesmet
Triste époque de simplifications outrancières où il paraît impossible à la fois de compatir avec les proches d’Ibrahima en demandant des explications, et de condamner les violences commises contre les policiers.
Dans les deux cas pourtant: la justice, et rien que la justice.
— François De Smet (@francoisdesmet) January 14, 2021
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Les tensions générées par l’affaire Ibrahima sont à l’image de celles induites par l’affaire Chovanec ou par la mort de Georges Floyd, aux Etats-Unis. « Il y a un lien indirect, soulignait le politologue Pascal Delwit, ce jeudi après-midi sur LN24. On observe en Europe une exacerbation politique et sociale dans la société par rapport à la police et, d’autre part, une exacerbation des violences policières ». « Une police qui n’a pas la confiance de la population n’est pas une vraie police », soulignait ce jeudi matin à la RTBF le commissaire général de la Police fédérale Marc De Mesmaeker, en comprenant les émotions suscitées par la mort du jeune homme, mais en jugeant la violence en retour « tout à fait inacceptable ». « Il y a des endroits, notamment dans les grandes villes, où la tension monte et où il y a un problème de confiance », soulignait-il. En insistant sur le dialogue à renouer.
La ministre de l’Intérieur, Annelies Verlinden (CD&V), faisait l’objet de plusieurs questions d’actualité sur le sujet, jeudi après-midi à la Chambre. Après que le Vlaams Belang ait dénoncé l’absence d’indignation collective suite à ces émeutes, « contrairement à ce qui s’était passé au Capitole à New York, Franky Demon (CD&V) et Tim Vandeput (Open VLD) ont évoqué de façon plus nuancée le caractère encore flou des faits ayant entraîné la mort du jeune Ibrahima. Tous deux ont salué qu’une enquête soit ouverte, regretté les propos de l’avocat de la famille laissant déjà entendre qu’il s’agissait d’un incient raciste et condamné la manifestation donnant lieu à des violences « inacceptables ».
« Vos collègues et vous-mêmes affirmer vouloir mener politique de tolérance zéro à l’égard des violences contre la police, montrez-nous que c’est le cas », scande quant à elle Sigrid Goethaels (N-VA), affirmant que les Bruxellois en étaient « incapables ». Evoquant l’affaire Chovanec, Stefaan Van Hecke (Groen) condamne les violences bruxelles, mais constate que l’attitude de la famille d’Ibrahima était sereine et demande qu’une « enquête sérieuse » soit menée sur les circonstances de sa mort. « A-t-il été effectivement arrêté parce qu’il filmait la police? Ce ne peut jamais être un délit. »
Annelies Verlinden répond en deux temps « qui sont de poids égal ». « Il est normal qu’une manifestation statique ait été autorisée, dit-elle. Dans un premier temps, elle s’est déroulé de façon paisible, ce n’est que dans un deuxième temps que cela a dérapé. » En ce qui concerne l’enquête du Comité P, la ministre de l’Intérieur souligne qu’il y a rapidement eu une action: « Dans l’intérêt de l’instruction, il faut évidemment vérifier le secret de celle-ci et attendre. » Des mesures disciplinaires pourraient être prises si cela se justifie. « En attendant, il faut veiller à la sérénité », dit-elle en dénonçant les propos outranciers, de part et d’autre.
Deuxème temps: « Les émeutes d’hier sont totalement inacceptables. Une policier a été grièvement bléssée: la tolérance zéro doit être d’application, je me porterai partie civile. Ce n’est pas évident pour la police d’intervenir, ils ont tous mon respect. Je comprends la douleur des parents de la victime, mais je n’accepterai jamais que cela soit détourné pour mener de telles violences. »
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