Jambon et Geens voulaient démissionner : politiquement, ces attentats vont secouer
Les révélations venant de Turquie concernant Ibrahim El Bakraoui secouent fortement la majorité fédérale. Qui annonce elle-même une commission d’enquête. Après le deuil, le doute s’installe. Ou l’auto-protection…
Deux jours à peine après les terribles attentats de Bruxelles, le temps du deuil cède déjà sa place au remue-ménage politique. Deux ministres fédéraux, et non des moindres, ont présenté leur démission au Premier ministre qui l’a refusée. Jean Jambon, ministre N-VA de l’Intérieur, et Koen Geens, ministre CD&V de la Justice, ont voulu, ce faisant, prendre la mesure des dernières révélations concernant Ibrahim El Bakraoui.
L’imbroglio n’est pas mince, il est vrai, et les nouvelles des dernières heures sont de nature à provoquer de la colère tant elles sont inaudibles. Ibrahim El Bakraoui, l’un des kamikazes de l’aéroport, a été condamné en 2010 à une peine de prison de dix ans, à peine, pour avoir tiré sur un policier avec une kalachnikov. Et libéré quatre ans et demi après, avant un voyage en Syrie et en Turquie ! Voilà de quoi relancer le débat sur la nature des peines.
En outre, le président turc Erdogan a jeté un fameux pavé dans la mare en annonçant que le terroriste avait été expulsé de son pays. Koen Geens s’est justifié en affirmant que ledit El Bakraoui avait en réalité été renvoyé aux Pays-Bas, avant de revenir chez nous. Le cas échéant, cela illustre combien les échanges d’information sont perfectibles au niveau européen, nous confiait ce matin une parlementaire.
Charles Michel aurait pris le risque de refuser ces démissions. Ce faisant, il prend tout le poids de la responsabilité politique d’une affaire qui fait singulièrement penser, déjà, à certains dysfonctionnements de l’ère Dutroux. D’autant que le rapport du comité P, actuellement en discussion à huis clos au parlement, contient d’autres constats préoccupants.
Du coup, la majorité a elle-même demandé la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire. Pour noyer le poisson, disent certains, pour « encommissionner »… Dans un cas comme dans l’autre, en présentant leur démission ou en mettant délibérément ces informations explosives sur la table, la majorité entend aussi se protéger.
Si l’on considère tous les autres débats qui risquent d’être réveillés par les attentats de Bruxelles, de l’échec de l’intégration aux peines en passant par la collaboration européenne ou le contrôle aux frontières, on se dit que la période de deuil ne sera pas longue…
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