Incidents autour de baptêmes à Louvain-la-Neuve: « Combien de victimes faudra-t-il encore pour mettre fin à cette pratique archaïque? »
Les deux incidents survenus autour de baptêmes étudiants à Louvain-la-Neuve ont provoqué la suspension immédiate des activités estudiantines dans la ville. Si les causes exactes des accidents ne sont pas encore totalement définies, le débat sur certaines pratiques refait déjà surface.
Une étudiante de la haute école Louvain en Hainaut (HELHa) a été hospitalisée après une séance de baptêmes qui s’est déroulée lundi soir à Louvain-la-Neuve. Elle a pu quitter les soins intensifs et devrait pouvoir rentrer chez elle jeudi ou vendredi, a indiqué mercredi après-midi la directrice de la communication de l’institution à l’agence Belga.
La jeune fille âgée de 21 ans et originaire de Wanfercée-Baulet, dans l’entité hennuyère de Fleurus, est inscrite à l’institut Cardijn, l’implantation néo-louvaniste de la HELHa basée à Mons, laquelle accueille 420 étudiants sur le site brabançon wallon.
Durant un concours « d’à-fonds » organisé dans le cadre des baptêmes, la jeune fleurusienne a été victime d’un grave malaise. Les responsables de la sécurité du cercle estudiantin organisateur ont aussitôt appelé les secours.
La victime a été transportée à l’hôpital. En raison de la présence de liquide dans ses poumons, elle a été plongée dans un coma artificiel.
« La jeune fille est désormais hors de danger. Elle a quitté les soins intensifs et devrait rentrer chez elle dans les prochaines 48 heures », précisait mercredi après-midi la responsable de la communication de la HELHa.
Le directeur du département social de l’institut Cardijn a rencontré les représentants de l’unique cercle estudiantin de la HELHa présent sur le site de Louvain-la-Neuve.
Il a pu observer que la charte signée dans le cadre des baptêmes avait été pleinement respectée. « Le planning des activités avait bien été transmis à la direction de l’école. Comme exigé dans le contrat, les parrains, marraines et responsables du cercle étaient sobres au moment de la manifestation. Les personnes en charge de la sécurité étaient quant à elles bien identifiées et ont joué leur rôle en appelant les services de secours », a expliqué la responsable de la communication de la haute école à l’agence Belga.
« Avant d’être en difficulté, l’étudiante n’a montré aucun signe permettant de prévenir une indisposition. Elle n’a pas non plus manifesté le souhait d’interrompre l’épreuve du baptême, sans quoi tout se serait arrêté comme le prévoit la charte« , ajoute-t-elle.
Les activités de baptême resteront néanmoins suspendues jusqu’au rétablissement complet de l’étudiante.
Un soutien psychologique a été proposé aux étudiants évoluant sur le site de l’institut Cardijn, sous forme d’entretiens individuels et d’une séance collective.
Second accident, activités suspendues et cercle fermé
Une seconde étudiante de l’université néo-louvaniste, domiciliée à Jodoigne et née en 2003, a fait une chute du deuxième étage d’un immeuble, dans la soirée de mardi.
Au moment des faits, la jeune fille participait à une activité au cercle Adèle, de la faculté de droit et de criminologie.
L’étudiante a rapidement été emmenée à la clinique Saint-Pierre à Ottignies. Son état de santé est jugé préoccupant par l’équipe médicale qui l’a prise en charge.
« Par respect pour l’étudiante blessée et sa famille et dans l’attente d’informations complémentaires sur les circonstances de l’accident, l’université a immédiatement décidé de suspendre l’ensemble des activités liées à l’animation étudiante (baptêmes, bal des bleus) sur tous ses sites et jusqu’à nouvel ordre« , précisent les autorités de l’UCLouvain.
L’université a également pris la décision de fermer le cercle Adèle, jusqu’à nouvel ordre.
Une enquête interne a été ouverte afin de faire toute la lumière sur l’accident. Un soutien psychologique a été mis en place par l’université, à l’attention des amis et de l’entourage de l’étudiante blessée.
Le débat sur les pratiques est relancé
« Combien de victimes faudra-t-il encore pour mettre fin à cette pratique archaïque? », s’interroge sur Twitter le journaliste Alain Gerlache. Ces incidents survenus dans le cadre de baptêmes estudiantins ravivent le débat. Faut-il davantage entourer, voire interdire certaines pratiques qui ont lieu lors des baptêmes étudiants?
Si l’enquête doit suivre son cours, et que toute la lumière doit être faite avant de tirer des conclusions hâtives, des questions se posent au sujet des responsabilités et de l’encadrement de certaines pratiques. Qui en est le premier responsable? Les activités de bizutages, parfois extrêmes dans certains cercles, doivent-elles être davantage encadrées, restreintes, ou pour certaines, interdites? Car si le folklore fait évidemment de la culture estudiantine, il n’est pas anormal de poser la question: des pratiques extrêmes, parfois obscures, ont-elles encore une place en Belgique, en 2021, en plein coeur de plus grand campus étudiant du pays?
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