Hopitaux : « devrons-nous nous mettre en danger sans avoir la possibilité de refuser? »
Depuis la semaine passée, le plan MASH (Mise en Alerte des Services Hospitaliers) a été activé dans les hôpitaux du royaume. Ce plan avait déjà été activé au moment des attentats. Qu’en est-il sur le terrain? Une infirmière nous explique.
Pour résumer le plan MASH, chaque hôpital doit mettre sur pied une organisation interne afin de pouvoir faire face à un afflux important de victimes/malades. Ce plan consiste donc à évaluer la capacité d’accueil et de traitement du centre hospitalier. Qu’en est-il aujourd’hui avec la réactivation de ce plan face à l’épidémie de Covid-19 ?
« En prenant mon service ce lundi matin, je m’attendais à une situation catastrophique, nous confie une infirmière bruxelloise. Il en était de même pour mes collègues. Une fois sur place, j’ai pu constater que la situation était sous contrôle. Compliquée, stressante, mais gérable, et loin d’être aussi alarmiste que tout ce que nous avions entendu. Notamment pour tout ce qui concerne les stocks de matériel. Chez nous (un hôpital bruxellois), s’il est vrai que les stocks ont bien diminué, nous ne sommes, pour autant, pas en pénurie. Nous en avons. »
« Ce qui est par contre fort perturbant, c’est que malgré que nous soyons en premières lignes, les directives que nous recevons sont parfois contradictoires… Nous sommes bombardés de mails avec ce qu’il faut faire ou ne pas faire. Et cela part un peu dans tous les sens à certains moments ».
Une situation meilleure, ou moins pire c’est selon, qu’attendue, mais qui ne fait pas disparaitre toutes les inquiétudes… « Une grosse crainte persiste néanmoins, car nous nous demandons où sont les patients positifs au Covid-19. Si néanmoins il y avait eu plusieurs admissions, notre service spécialisé en virologie n’était pas rempli, or on s’attendait à une explosion des admissions… Certains hôpitaux, comme celui de Leuven, affichent par contre complet si on peut s’exprimer ainsi. Il faut dire que chez eux le dépistage se fait sur place. Même chose à Saint Pierre qui est spécialisé en maladies infectieuses. Ailleurs, la plupart du temps, très peu de dépistages sont effectués sur des patients qui ne présentent pas les premiers symptômes, comme de la fièvre. Ce qui nous fait redouter une propagation exponentielle de l’épidémie, car on sait que de nombreuses personnes peuvent être porteuses du virus sans (encore) présenter de symptôme. »
La situation engendre tout de même des aspects positifs par-delà cette situation angoissante. « L’ambiance et l’entraide dans l’équipe soignante sont vraiment au top ! Nous ne déplorons aucun malade. Nous sommes tous ensemble sur le pont, et cela fait du bien. Tout comme nous apprécions le soutien affiché de la direction durant cette période éprouvante émotionnellement et vraiment inédite. »
Néanmoins, une inconnue perdure et inquiète le personnel soignant. « Avec la propagation du virus, si à un moment donné on nous affecte à telle ou telle unité plus à risques, plus exposée, aura-t-on le droit de dire non ? Devrons-nous nous mettre en danger pour les autres sans possibilité de refuser? »
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