Guerre en Ukraine: pourquoi montrer le visage de militaires belges pourrait engendrer des problèmes de sécurité
Le Premier ministre Alexander De Croo a rendu visite aux troupes belges déployées en Roumanie. A la suite de cette rencontre, une vidéo a été postée sur son compte Twitter, sur laquelle on aperçoit clairement les visages des hommes et femmes militaires. Une question se pose alors, est-il prudent d’afficher ces images ? Réponse avec le professeur en géopolitique Tanguy Struye.
En visite dans quatre pays limitrophes de l’Ukraine, le Premier ministre Alexander De Croo n’a pas manqué d’aller à la rencontre des troupes belges qui sont déployées en Roumanie afin de défendre le territoire de l’OTAN dans le contexte de la guerre en Ukraine. Sur son compte Twitter, De Croo a ensuite posté une vidéo de lui et de quelques militaires, partageant un repas autour d’une table. Des images qui semblent anodines, a priori, mais pas pour Tanguy Struye, professeur de géopolitique à l’UCLouvain.
Rencontre avec nos troupes belges en Roumanie. Ils y jouent un rôle important pour assurer, aux cotés d’autres pays de l »Alliance, la sécurité du territoire de l’OTAN.
Merci pour votre engagement, @BelgiumDefence !#WeAreNATO pic.twitter.com/GnoGqnEgu6
— Alexander De Croo (@alexanderdecroo) April 13, 2022
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Cette communication n’est pas prudente, selon Tanguy Struye, parce qu’elle peut potentiellement représenter un danger à la fois pour la vie privée des militaires dont le visage a été exposé, mais aussi pour les forces déployées. Poster ce genre de photos ou vidéos peut en effet transmettre des informations sur la stratégie militaire qui peuvent porter préjudice. « Je pars du principe qu’il faut éviter de donner n’importe quelle arme à notre adversaire », explique-t-il. Et dans un monde où les nouvelles technologies et les systèmes informatiques permettent de recouper plusieurs données, il est facilement possible d’avoir accès à des informations personnelles. « Les visages en tant que tels, ça ne va poser de problème, mais en sachant quelles unités sont déployées et où, on peut avoir accès aux noms, puis aux familles ».
Plus une précaution qu’un danger imminent
Si le danger est minime dans ce cas-ci, la mission n’étant pas très dangereuse, le professeur appelle à plus de précautions pour les déploiements militaires de manière générale. Il explique qu’il faudrait mettre en place des règles plus claires, afin de ne plus afficher les visages des troupes ou en tout cas les flouter. « D’autant plus qu’on n’y gagne rien. Au contraire: on a tout à y perdre ». Cette problématique s’inscrit directement dans ce que le professeur appelle « la guerre cognitive ». Il s’agit de toutes les informations pouvant se retrouver sur les réseaux sociaux ou les applications qui laissent des traces, qui pourraient rendre un militaire en mission vulnérable sans qu’il ne le sache.
En outre, il y a une certaine contradiction à poster des images comme celles-ci. Les militaires sont souvent mis en garde concernant leurs posts sur les réseaux sociaux lors des missions: ils ne doivent pas trop s’afficher en uniforme et être prudents avec les informations partagées qui pourraient renseigner l’ennemi. Pour Tanguy Struye, il n’est donc pas logique que de telles images soient postées. Il préconise d’établir des règles au niveau de la Défense et des médias, pour éviter toute mise en danger.
Sarah Duchêne
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